Elly Ney, une pianiste dans une époque trouble
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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n° 15 en si bémol majeur, K. 450 ; Rondo pour piano en la mineur, K. 511. Richard Strauss (1864-1949) : Burleske en ré mineur, TrV 145. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur, op. 19 ; Sonate pour piano n° 4 en mi bémol majeur, op. 7 ; Sonate pour piano n° 32 en ut mineur, op. 111 ; Sonate pour piano n° 8 en ut mineur, op. 13 : II, Adagio cantabile ; Andante favori en fa majeur, WoO 57 ; Six Variations sur « Nel cor più non mi sento », WoO 70 ; Six Écossaises, WoO 83 (arr. Eugen d’Albert). Franz Schubert (1797-1828) : Impromptu en fa mineur, D. 935/4 ; Moment musical en fa mineur, D. 780/3 ; Moment musical en ut dièse mineur, D. 780/4. Robert Schumann (1810-1856) : Scènes d’enfants, op. 15. Johannes Brahms (1833-1897) : Intermezzo en mi bémol majeur, op. 117/1 ; Romance en fa majeur, op. 118/5 ; Rhapsodie en mi bémol majeur, op. 119/4 ; Intermezzo en la bémol majeur, op. 76/3 ; Valse en la bémol majeur, op. 39/15 ; Danse hongroise n° 2 en ré mineur, WoO 1. Felix Mendelssohn (1809-1847) : Romances sans paroles, op. 67 : IV, Moderato « La Fileuse ». Frédéric Chopin (1810-1849) : Étude en mi majeur, op. 10/3 ; Nocturne en fa dièse majeur, op. 15/2. Franz Liszt (1811-1886) : Rhapsodie hongroise n° 8 en fa dièse mineur, S. 244/8 ; Ständchen von Shakespeare, S. 558/9 : « Hark! Hark! The Lark! » (d’après Ständchen, D. 889 de Schubert) ; Soirées de Vienne, S 427 : n° 7, Valse-Caprice en la majeur. Teresa Carreño (1853-1917) : Petite Valse en ré majeur. Claude Debussy (1862-1918) : Préludes, Livre II : n° 12, Feux d’artifice. Elly Ney, piano. Orchestre de l’Opéra National de Berlin, direction : Willem van Hoogstraten. Landesorchester Berlin, direction : Fritz Zaun. 1 coffret 3 CD. Enregistrement entre 1922 et 1938. Durée : 3 h52:19
APRL'excellent label anglais APR nous offre l'intégralité des gravures 78 tours Brunswick et Electrola de la pianiste allemande Elly Ney, pas seulement réputée pour sa vision artistique.
Nous ne reviendrons pas – tel n'est pas notre but ici – sur l'aspect plus sombre de la personnalité de la pianiste allemande Elly Ney (1882-1968) qui fut l'une des égéries artistiques du parti nazi et réputée antisémite notoire : de nombreux autres musiciens, tels que les pianistes Alfred Cortot (que l'on voit baiser la main de Ney sur l'une des photos de la plaquette), Walter Gieseking ou Wilhelm Kempff, ont un passé plus ou moins trouble dans cette triste période sombre et complexe de l'histoire… Des ouvrages spécialisés et approfondis existent sur ce sujet pour qui s'y intéresse.
D'abord, le côté restauration technique de cette remarquable réalisation mérite des précisions. Le label APR (Appian Publications and Recordings), fondé par Edwin Alan et l'impeccable ingénieur de restauration sonore Bryan Crimp qui avait œuvré auparavant pour EMI, s'est toujours donné pour but de fournir les meilleurs et les plus récents transferts possibles d'enregistrements historiques de piano. C'est bien sûr également le cas ici, mais avec des nuances : hormis le Rondo pour piano en la mineur K. 511 de Mozart, les CDs 1 et 2 sont l'exacte reprise des anciennes publications BID82045 (2000) et LHW033 (1995) du défunt label anglais Biddulph, respectivement sous les transferts originaux de Rick Torres et David Lennick, mais qui ont été remasterisés par APR en corrigeant efficacement un certain nombre de défauts de pleurage. Le reste des gravures – dont tous les Brunswick américains – nouvelles en CD (Rondo de Mozart et CD 3), est réparti entre les récents transferts de l'excellent Seth Winner, et de Robert Cowlin de la British Library, deux pistes Electrola particulièrement silencieuses issues d'un 45 tours suggérant que les reports originaux furent réalisés à partir de pressages vinyle issus des matrices métalliques 78 tours. Le résultat de l'ensemble est absolument irréprochable. Toutefois, à la fin de la Sonate n° 4 en mi bémol majeur op. 7 de Beethoven, signalons une détérioration du son inhérente au disque original.
Elly Ney est principalement connue pour ses interprétations des œuvres de Beethoven où, en élève douée de Theodor Leschetizky à Vienne, elle se distingue par son jeu ample et vigoureux aux accents impérieux, sa maîtrise péremptoire, allant de pair avec une autorité qui subjugue, rendant ses interprétations très personnelles, fascinantes et attachantes. Sa toute première version ici présente de la Sonate n° 32 en ut mineur op. 111, enregistrée en 1936-37, reste malgré son âge l'une des meilleures disponibles ; de même pour son Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur op. 19 qu'elle entoure de ses soins avec fraîcheur et spontanéité. Elly Ney nous y offre une parfaite synthèse des Beethoven suprêmes d'Artur Schnabel (1882-1951) et Wilhelm Kempff (1895-1991). Mais tout comme ces deux pianistes étaient aussi admirables schubertiens, Elly Ney se révèle également une interprète inspirée de Schubert. Et combien elle sait exalter d'instinct ce sentiment d'émerveillement de l'enfance dans les Scènes d'enfants op. 15 de Schumann ! En fait c'est surtout dans le répertoire germanique qu'elle excelle : avec l'approbation enthousiaste du compositeur, elle nous livre le Burleske en ré mineur de Richard Strauss dans sa première gravure électrique mondiale, en une exécution d'une éblouissante volubilité dont les moindres traits sont détaillés avec une souple clarté et une subtilité musicale pénétrante ; elle y est idéalement accompagnée avec toute l'attention nécessaire par son ex-mari, le chef d'orchestre néerlandais Willem van Hoogstraten, qui lui fournit également un support aérien dans un Concerto pour piano n° 15 en si bémol majeur K. 450 de Mozart tour à tour tendre et pétillant.
Toutefois l'intérêt de coffret semble se centrer sur les gravures acoustiques Brunswick, datant d'entre 1922 et 1924, et dont APR nous offre la toute première publication intégrale en CD. Bien sûr, il est nécessaire d'adapter l'oreille à ce type d'enregistrement, mais c'est la seule opportunité d'entendre Elly Ney dans trois pages de Liszt (dont deux d'après Schubert), dans la délicieuse Petite Valse en ré majeur de Teresa Carreño (1853-1917), et surtout dans un extraordinaire et scintillant Feux d'artifice de Claude Debussy, premier enregistrement mondial de l'œuvre accompli seulement douze ans après sa composition. Des gravures qui sont bien loin d'être de simples pièces de musée !
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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n° 15 en si bémol majeur, K. 450 ; Rondo pour piano en la mineur, K. 511. Richard Strauss (1864-1949) : Burleske en ré mineur, TrV 145. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur, op. 19 ; Sonate pour piano n° 4 en mi bémol majeur, op. 7 ; Sonate pour piano n° 32 en ut mineur, op. 111 ; Sonate pour piano n° 8 en ut mineur, op. 13 : II, Adagio cantabile ; Andante favori en fa majeur, WoO 57 ; Six Variations sur « Nel cor più non mi sento », WoO 70 ; Six Écossaises, WoO 83 (arr. Eugen d’Albert). Franz Schubert (1797-1828) : Impromptu en fa mineur, D. 935/4 ; Moment musical en fa mineur, D. 780/3 ; Moment musical en ut dièse mineur, D. 780/4. Robert Schumann (1810-1856) : Scènes d’enfants, op. 15. Johannes Brahms (1833-1897) : Intermezzo en mi bémol majeur, op. 117/1 ; Romance en fa majeur, op. 118/5 ; Rhapsodie en mi bémol majeur, op. 119/4 ; Intermezzo en la bémol majeur, op. 76/3 ; Valse en la bémol majeur, op. 39/15 ; Danse hongroise n° 2 en ré mineur, WoO 1. Felix Mendelssohn (1809-1847) : Romances sans paroles, op. 67 : IV, Moderato « La Fileuse ». Frédéric Chopin (1810-1849) : Étude en mi majeur, op. 10/3 ; Nocturne en fa dièse majeur, op. 15/2. Franz Liszt (1811-1886) : Rhapsodie hongroise n° 8 en fa dièse mineur, S. 244/8 ; Ständchen von Shakespeare, S. 558/9 : « Hark! Hark! The Lark! » (d’après Ständchen, D. 889 de Schubert) ; Soirées de Vienne, S 427 : n° 7, Valse-Caprice en la majeur. Teresa Carreño (1853-1917) : Petite Valse en ré majeur. Claude Debussy (1862-1918) : Préludes, Livre II : n° 12, Feux d’artifice. Elly Ney, piano. Orchestre de l’Opéra National de Berlin, direction : Willem van Hoogstraten. Landesorchester Berlin, direction : Fritz Zaun. 1 coffret 3 CD. Enregistrement entre 1922 et 1938. Durée : 3 h52:19
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