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Stuttgart. Liederhalle, Beethoven-Saal. 19-IX-2019. Henri Dutilleux : Trois strophes sur le nom de Sacher, pour violoncelle seul ; Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle et orchestre n° 2 ; Anton Webern : Im Sommerwind, idylle pour grand orchestre ; Gustav Mahler (1860-1911) : Adagio de la Symphonie n° 10. Nicolas Altstaedt, violoncelle. SWR-Symphonieorchester, direction : Michael Sanderling
Remplaçant Teodor Currentzis, Michael Sanderling fait de son mieux sans convaincre.
Les remplacements sont une fatalité qui ne se discute pas, et il n'est pas toujours facile de savoir ce qui, dans ce que le public entend, relève des choix artistiques du chef remplaçant et ce qui n'est dû qu'aux circonstances. C'est lundi qu'a été annoncé le remplacement de Teodor Currentzis pour l'ouverture de saison, ce jeudi soir, de l'orchestre de la SWR, qu'il dirige depuis un an. Le programme du concert tel que Currentzis l'avait choisi ne manquait pas d'ambition, avec quatre œuvres denses ouvrant de vastes paysages musicaux et mentaux ; on peut hélas comprendre que Michael Sanderling, choisi pour le remplacer, n'ait pas été en mesure d'apprendre dans le délai imparti l'œuvre qui devait ouvrir le programme, la monumentale et tragique Stele de Kurtág. Les Trois strophes sur le nom de Sacher de Dutilleux, qui débutent le programme à sa place, ont un tout autre caractère, et dans les vastes espaces d'une salle de concert symphonique tombent un peu à plat. Le public peut ainsi découvrir la délicatesse du jeu de Nicolas Altstaedt, sa sonorité généreuse que les exigences techniques de la partition n'obligent jamais à sacrifier. Le Concerto n° 2 de Dimitri Chostakovitch qui suit donne de son jeu une vision beaucoup plus prégnante – c'est sans aucun doute le sommet du concert. L'accompagnement de Michael Sanderling a pour principal mérite sa discrétion, qui permet de goûter pleinement la partie de violoncelle, où le soliste fait preuve d'une richesse de timbre, d'une expressivité simple et d'une maîtrise technique qui lui accorde tous les raffinements. Dans un concerto, on attend cependant de l'orchestre qu'il soit un partenaire, pas un arrière-plan passe partout.
Après l'entracte, la chaude sensualité du vent estival dépeint par Anton Webern ne parvient guère à enivrer l'auditeur, parce que Sanderling, peut-être par prudence, fragmente constamment le discours et ne parvient guère à susciter les grandes sensations synesthétiques que Webern avait été chercher dans le poème de Bruno Wille. Il en va un peu de même enfin avec l'Adagio de la Symphonie n° 10 de Gustav Mahler : on perd en bonne partie le sens de la grande forme. Le fait que les cuivres paraissent étrangement en retrait derrière des cordes énergiques prive l'œuvre de beaucoup de ses couleurs, et n'aide pas à en restituer toute la puissance expressive, et les solistes de l'orchestre semblent parfois peu sûrs. Inutile d'épiloguer : un tel concert ne permet de conclusions ni sur l'orchestre, ni sur le chef qui a sauvé la soirée. Mieux vaut retenir la confirmation d'un grand talent du violoncelle.
Crédits photographiques : © Marco Borggreve
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Stuttgart. Liederhalle, Beethoven-Saal. 19-IX-2019. Henri Dutilleux : Trois strophes sur le nom de Sacher, pour violoncelle seul ; Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle et orchestre n° 2 ; Anton Webern : Im Sommerwind, idylle pour grand orchestre ; Gustav Mahler (1860-1911) : Adagio de la Symphonie n° 10. Nicolas Altstaedt, violoncelle. SWR-Symphonieorchester, direction : Michael Sanderling