Le Requiem de Berlioz par John Nelson et Michael Spyres en CD et DVD

Entre spiritualité et théâtralité, la version de John Nelson à Saint-Paul de Londres se range aux sommets de la discographie. Exceptionnelle prestation du ténor Michael Spyres.

Avec Charles Munch, Colin Davis (par trois fois dont l'ultime enregistrement fut ce Requiem également à Saint-Paul), Leonard Bernstein et beaucoup d'autres, les grandes versions du Requiem de Berlioz ne manquent pas. Celle dirigée par John Nelson, issue de la captation d'un concert le jour du cent-cinquantième anniversaire de la mort du compositeur, n'en comptera pas moins parmi les interprétations marquantes.

Dénuée de toute théâtralité excessive, elle évite également de sombrer dans le piège de la spiritualité exacerbée. Sans chercher à jouer le pari de l'exécution sur instruments d'époque, ce qui eût été un choix plausible, elle affiche le plus grand raffinement dans la recherche des timbres, des textures et des colorations vocales et orchestrales. Confiée à 100 instrumentistes et 198 choristes, cette version ne propose pas les plus de 400 musiciens requis par Berlioz. Cette option va de pair avec le travail de Nelson sur la souplesse des phrasés et la netteté des articulations. Les forces cumulées du London Philharmonic Choir et du Philharmonia Chorus, accompagnées de l'orchestre Philharmonia, sont évidemment à la hauteur de la situation. L'acoustique extrêmement réverbérante de la cathédrale baroque de Christopher Wren, perceptible sur le DVD, semble parfaitement maîtrisée par les ingénieurs du son responsables du CD.

Pour la captation vidéo, la caméra de Sébastien Glas se promène avec le plus grand bonheur parmi les recoins les plus intimes de ce sublime vaisseau dont l'éclairage nous fait découvrir les reflets bleutés. Poursuivant avec John Nelson son exploration du grand répertoire berliozien, dans ce qui semble se diriger vers une intégrale discographique, Michael Spyres fait valoir son lumineux ténor, dont la vaillance n'a d'égal que la souplesse et l'onctuosité. Ne serait-ce que pour les 12 minutes de l'inégalable « Sanctus », on fera l'acquisition de ce très belle réalisation.