Le Chant de la Terre par Adam Fischer et les Düsseldorfer Symphoniker
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Gustav Mahler (1860-1911) : Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre). Anna Larsson, alto. Stuart Skelton, ténor. Düsseldorfer Symphoniker, direction : Adam Fischer. 1 CD CAvi-music. Enregistré en janvier 2018 à la Tonhalle Düsseldorf. Notice bilingue Allemand-anglais. Durée : 61:33
Au sein de l'imposante discographie déjà consacrée au Chant de la Terre de Gustav Mahler, on est en droit de douter que ce dernier enregistrement d'Ádam Fischer à la tête de son orchestre de Düsseldorf, avec Anna Larsson et Stuart Skelton en solistes, ne trouve aisément sa place.
Après qu'il a été touché durement par le destin, et pour échapper à la malédiction des neuvièmes symphonies (Beethoven, Schubert, Bruckner), Gustav Mahler compose Le Chant de la Terre et réalise enfin son impossible pari en assurant la fusion complète et indissociable de la symphonie et du lied. Composant dans une période de créativité difficile (après la crise de 1907 qui voit son départ de l'Opéra de Vienne, la mort de sa fille aînée « Putzi », la découverte de sa cardiopathie), Mahler a conscience de la nécessité de poursuivre son œuvre malgré la solitude et la menace de mort, quasiment acceptée.
Construit à partir de sept poèmes chinois du VIIe au IXe siècle de notre ère, découverts dans le recueil La Flûte Chinoise, Mahler y évoque la condition humaine, l'ivresse et le désespoir, la solitude et la nature, la jeunesse, la beauté, le printemps et enfin l'adieu à l'ami se terminant dans un murmure sur le mot ewig (éternellement) répété sept fois comme un rite sacré signant le passage de l'intime à l'universel. Avec un tel cahier des charges on comprend que l'interprétation de cette œuvre sublime ait attiré nombre de chefs d'orchestre (près de 150 versions recensées) pour ne reconnaître, en définitif, que peu d'élus parmi lesquels Bruno Walter, en compagnie de Kathleen Ferrier, Julius Patzak et des Wiener Phiharmoniker (1952, Decca Records) restent difficilement surclassables.
Après les récentes Symphonies n° 3 et n° 5 enregistrées en 2018, pour le même label, c'est maintenant Le Chant de la Terre qui constitue le nouveau jalon de l'exploration du répertoire mahlérien entreprise par Ádam Fischer à la tête des Düsseldorfer Symphoniker dont il est directeur musical depuis 2015. Pari audacieux, voire téméraire, dont le résultat n'est malheureusement pas à la hauteur de l'enjeu, tant cette interprétation, pourtant de bonne tenue, manque de ce pouvoir d'évocation et de cette profonde spiritualité qui en font toute la grandeur. Malgré la vaillance de la direction et les performances instrumentales (notamment des vents), cette lecture peine à nous laisser entrevoir les horizons bleutés dont parle Mahler, tant les performances vocales des deux solistes semblent hors de propos. Stuart Skelton déçoit par son absence de legato, par la rigidité de son chant, par le monolithisme de son intonation et ses aigus forcés, tandis que la voix d'Anna Larsson a perdu beaucoup de sa superbe, manquant de graves et parfois de souffle pour soutenir la ligne, constamment pénalisée par un vibrato serré particulièrement gênant.
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Gustav Mahler (1860-1911) : Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre). Anna Larsson, alto. Stuart Skelton, ténor. Düsseldorfer Symphoniker, direction : Adam Fischer. 1 CD CAvi-music. Enregistré en janvier 2018 à la Tonhalle Düsseldorf. Notice bilingue Allemand-anglais. Durée : 61:33