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Salzbourg. Großes Festspielhaus. 13-VIII-2019. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Messa da Requiem. Krassimira Stoyanova, soprano, Anita Rachvelishvili, mezzo, Francesco Meli, ténor, Ildar Abdrazakov, basse ; Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor ; Wiener Philharmoniker. Direction : Riccardo Muti
Malgré des solistes décevants, la conception forte et tenue du chef offre au Festival de Salzbourg un de ses plus grands moments.
Le Requiem de Verdi fait partie de l'histoire du Festival de Salzbourg, et ce dès 1933 sous la direction de Bruno Walter. Pendant quatre décennies, il faisait partie des prérogatives exclusives de Herbert von Karajan qui ne laissait jamais passer longtemps avant de le remettre à son programme ; dès son décès, le flambeau a été repris par Riccardo Muti, en alternance avec d'autres chefs : lui-même l'a dirigé en 1989 avec le Philharmonique de Berlin, puis avec les Viennois en 2002, 2011 et 2013. Les concerts de 2019, toujours avec les Viennois, sont donc consacrés à la mémoire de Karajan pour les trente ans de sa disparition.
À défaut de comporter beaucoup de surprises, ce concert offre une interprétation parfaitement mûrie, fruit de décennies de travail de Muti sur Verdi en général et ce Requiem en particulier. Dans la partie orchestrale, on ne pourra lui reprocher que quelques moments où le volume sonore fait perdre la richesse de détails que le reste du concert offre en abondance ; le moment le plus gênant est peut-être le Rex tremendae majestatis, où les solistes s'époumonent en vain face à la masse de l'orchestre et du chœur. Mais la haute tenue de l'ensemble, la netteté du trait, la pureté des lignes préférée aux effets sentimentaux justifient pleinement que le public salzbourgeois se soit ainsi rué sur les places pour ces concerts : Muti offre des trésors de délicatesse, la conclusion de l'Offertoire, le frémissement des cordes graves dans le Libera me, et tant d'autres moments. Dans une occasion pareille, les Wiener Philharmoniker ne peuvent que donner le meilleur d'eux-mêmes, ce qui n'est pas toujours le cas à Salzbourg mais constitue ici un atout considérable ; quant au chœur tout aussi viennois, en effectif massif, il n'est sans doute pas le plus riche en couleurs, mais il offre une précision et une ductilité que viennent encore enrichir quelques trésors de texture.
Les choses sont moins satisfaisantes en ce qui concerne les solistes – le lecteur pourra nous trouver trop difficile, mais le contexte le justifie pleinement. Francesco Meli, à défaut d'un grand rayonnement, fait preuve de goût, et la solidité de sa voix est à toute épreuve. Ildar Abdrazakov, pourtant très attendu dans une telle œuvre, déçoit un peu, voix pauvre en couleurs, projection moins insolente qu'à l'accoutumée. Le problème n'est pas là en ce qui concerne Anita Rachvelishvili, voix ample et riche, malgré un fort vibrato : cette approche expressionniste, plus sentimentale qu'émouvante, tendant à la véhémence, n'est guère en accord avec l'approche de Muti. Krassimira Stoyanova ne se laisse pas aller à de tels excès, mais détimbre dans le grave et ne parvient pas à émouvoir dans le Libera me. Du moins leurs passages en duo permettent-ils aux deux voix féminines de se marier harmonieusement. Mais malgré ces écarts, les solistes ne pèsent ici que peu de poids face à la puissance de la conception de Muti et la haute qualité de l'orchestre et du chœur.
Crédits photographiques : © SF/Marco Borrelli.
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Salzbourg. Großes Festspielhaus. 13-VIII-2019. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Messa da Requiem. Krassimira Stoyanova, soprano, Anita Rachvelishvili, mezzo, Francesco Meli, ténor, Ildar Abdrazakov, basse ; Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor ; Wiener Philharmoniker. Direction : Riccardo Muti
Effectivement je vous trouve une nouvelle fois trop difficile dans vos critiques salzbourgeoises 😉 J’ai peut-être été favorisé en étant placé au balcon, première loge de côté, l’acoustique y étant exceptionnel pour entendre les chanteurs.
Le quatuor vocal m’a paru très bien équilibré, avec des voix caractérisées, dans une interprétation plus « opératique » qu’intériorisée de ce requiem. Le Lacrimosa était bouleversant ! Anita Rachvelishvili et Krassimira Stoyanova ont sublimé le concert par l’osmose de leurs duos, chacune parfaitement à l’écoute de l’autre.