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Les Indes Galantes à Beaune, le choix de la version de 1761

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Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Les Indes Galantes, opéra-ballet en quatre entrées et un prologue sur un livret de Louis Fuzelier. Avec : Ana Quintans, Hébé, Zima ; Luigi De Donato, Bellone/ Huascar/Alvar  ; Guillaume Andrieux , Osman/Adario ; Emmanuelle de Negri, Émilie, Phani ; Philippe Talbot, Valère/Carlos/Damon ; Julie Roset, Amour. Choeur et Orchestre La Chapelle Harmonique, direction musicale : Valentin Tournet

Le choix de la version 1761 des Indes Galantes par le jeune chef , pour splendide qu'elle soit, frustre les amoureux du chef-d'œuvre de .

Indes galantes JP Rameau Valentin Tournet vend 26 juill 006Les Indes Galantes est la machine à tubes de Rameau. Le Festival de Beaune ampute ses trois heures de musique de l'Entrée des fleurs, une entrée qui recèle l'ineffable Tendre amour, trois minutes d'une inspiration si élevée que en a doublé la durée, et en a symphonisé l'orchestration pour en faire une des cartes de visite de son Jardin des Voix. À tous ceux qui continuent de diffuser l'idée communément répandue que ladite Entrée est la plus faible, on conseillera de se précipiter sur la version Rousset/Scozzi (DVD Alpha). Bien sûr, à Beaune, aucune mise en scène ne peut être appelée au chevet d'une œuvre supposée malade. S'en charge ce soir le seul ciel, venu en sauveteur d'une quinzaine caniculaire étouffante, doubler le volcan des Incas du Pérou et la tempête du Turc généreux par le biais, perceptible au-delà des vitraux de la Basilique Notre-Dame, d'un angoissant arsenal de type « feux et tonnerre ».

Les Indes Galantes naissent à l'Académie Royale de Musique de Paris en 1735, avec deux entrées. Les Fleurs n'éclosent qu'à la troisième représentation, Les Sauvages ne dansent le Calumet de la Paix qu'en 1736. Que se passe-t-il dans la tête du compositeur en 1761 pour que disparaissent alors Les Fleurs et son sublime quatuor : une mésaventure assurément, qui traverse les âges jusqu'à cette édition 2019 d'un Festival pour qui la durée des concerts n'a jamais été un frein.

Si, pour l'An I de sa résidence au Festival International de Musique Baroque et Romantique de Beaune, l'on comprend l'ambition du très jeune (23 ans) de marquer son territoire au moyen de la révélation de la version revue par Rameau trois ans avant sa mort (avec une inversion Turc et Incas), l'auditeur se voit freiné dans son enthousiasme à célébrer l'interprétation de ce nouveau chef, gambiste dès l'âge de 5 ans, fondateur en 2017 de .

Le geste est encore timoré, surtout dans le contraste qu'il produit avec la majesté du mur de sons audible, dès l'Ouverture, ou dans le déchaînement d'une percussion ivre (on doit tendre l'oreille sous le fracas pour percevoir l'orchestre de la tempête du Turc généreux). Les ballets semblent du coup parfois insuffisamment personnalisés. En revanche, les moments les plus dramatiques de la partition sont toujours galvanisants, le corps du chef lui-même emporté comme malgré lui par le maëlström ramiste.

Côté chanteurs, on est soulevé d'enthousiasme par le Chœur . en Hébé et Zima est une malicieuse bête de scène à la diction parfaite, la maîtrise de son ambitus vocal lui autorisant de spectaculaires ornements. endosse Phani et Emilie, sa musicalité coutumière encore imprégnée de sa mutine composition des Boréades dijonnaises du printemps dernier. n'a qu'un duo au Prologue : la diction est encore perfectible mais la voix séduit. On est plus partagé avec les garçons : , indiscutable en Bellone, laisse l'effort percer en Huascar comme en Alvar. Même sentiment envers  (Osman et Adario) : la voix est claire mais semble courir après la justesse dans les récitatifs. réussit le triplé Valère/Carlos/Damon, sidérant d'aisance d'un registre à l'autre : une vraie leçon de chant.

La version de est une joie donc, mais hélas aussi une souffrance.

Crédits photographiques : © Jean-Claude Cottier

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