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Toulouse. Capitole. 28-VI-2019. Jules Massenet (1842-1912) : Werther, drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux sur un livret d’Édouard Blau, Paul Millet et Georges Hartmann. Mise en scène : Nicolas Joel, reprise par Frédérique Lombard. Décors et costumes : Hubert Monloup. Lumières : Bertrand Killy et Vinicio Cheli. Avec : Jean-François Borras, Werther ; Karine Deshayes, Charlotte ; André Heyboer, Albert ; Florie Valiquette, Sophie ; Christian Tréguier, le bailli ; Luca Lombardo, Schmidt ; Francis Dudziak, Johann ; Céline Laborie, Kätchen ; Matthieu Toulouse, Brühlman. Maîtrise du Capitole (direction : Alfonso Caiani), Orchestre national du Capitole, direction : Jean-François Verdier
Le couple Jean-François Borras et Karine Deshayes s'était déjà essayé en Werther et Charlotte il y a tout juste un an à l'Opéra de Vichy en version de concert, et cela s'était révélé une immense réussite.
Ils réitèrent l'exploit au Capitole de Toulouse, avec encore plus d'intensité et de raffinement, s'il est possible.
Lui, sensible en diable, distille une palette de couleurs d'une incroyable finesse, des aigus en demi-teintes à tomber de bonheur, avec en prime des intentions musicales d'une rare élégance. Elle, passionnée et frémissante, fait montre de son timbre opulent, et de toute l'étendue de son registre, passant sans problème aucun de graves somptueux à des aigus sonores. Ils représentent à eux deux la quintessence du couple romantique.
À leurs côtés, André Heyboer campe un Albert monolithique, tout en tradition et sans beaucoup de relief. La Canadienne Florie Valiquette, que l'on croise de plus en plus souvent sur les scènes hexagonales, incarne une Sophie idéale : fraîche sans être mièvre, légère avec cependant un timbre corsé.
Le bailli de Christian Tréguier représente la substance du chant français : chic dans le style et diction irréprochable, tout comme Luca Lombardo, qui a presque trop de classe pour l'épisodique Schmidt. Son compère Francis Dudziak est un Johann sans histoires. Les trois manquent d'un grain d'humour et de loufoquerie, mais c'est sûrement la faute de la mise en scène, trop sage.
Quelqu'un, un chef, un répétiteur, quiconque, aurait pu expliquer à Céline Laborie et Matthieu Toulouse qu'il fallait accorder leur prononciation dans les quelques mots qu'ils ont à chanter, l'un disant KlopStock et l'autre KlopCHtok. C'est peu, mais c'est gênant.
À la baguette du toujours irréprochable Orchestre national du Capitole, Jean-François Verdier impose une lecture d'un romantisme exacerbé, à l'aune du couple vedette. La tension monte à chaque minute du drame, tout en évitant le moindre pompiérisme dégoulinant.
La mise en scène de Nicolas Joel, reprise avec scrupule par Frédérique Lombard, date de 1997, et avait permis à Roberto Alagna de s'illustrer dans le rôle-titre. Grâce à son classicisme, elle n'a pas pris une ride, mais c'est au prix d'une certaine pesanteur, voire d'un certain ennui. Les décors, lourds et très premier degré, laissent peu de place à l'imagination, et si toutes les didascalies sont respectées à la lettre, les déplacements des protagonistes restent réduits au strict minimum.
Crédit photographique : © Patrice Nin
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Toulouse. Capitole. 28-VI-2019. Jules Massenet (1842-1912) : Werther, drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux sur un livret d’Édouard Blau, Paul Millet et Georges Hartmann. Mise en scène : Nicolas Joel, reprise par Frédérique Lombard. Décors et costumes : Hubert Monloup. Lumières : Bertrand Killy et Vinicio Cheli. Avec : Jean-François Borras, Werther ; Karine Deshayes, Charlotte ; André Heyboer, Albert ; Florie Valiquette, Sophie ; Christian Tréguier, le bailli ; Luca Lombardo, Schmidt ; Francis Dudziak, Johann ; Céline Laborie, Kätchen ; Matthieu Toulouse, Brühlman. Maîtrise du Capitole (direction : Alfonso Caiani), Orchestre national du Capitole, direction : Jean-François Verdier
Encore une fois en cas de défaillance du chanteur, c’est la faute des chefs de chant ou du chef. Quand les artistes de la scène sont parfaits – une belle diction, un sens du phrasé, un style impeccable – c’est dû, bien sûr, à leur expertise seule sans le moindre aide, conseil ou autre de qui que ce soit. Quel miracle!