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Château d’Assas. Festival de clavecin Scott Ross.
15-IV-2019. Œuvres d’Antoine Forqueray (1672-1745), Jean-Philippe Rameau (1683-1764), Jan Pieterszon Sweelinck (1562-1621), Claude-Bénigne Balbastre (1727-1799) et Domenico Scarlatti (1685-1757). Thomas Ragossnig, clavecin.
16-IV-2019. Œuvres de Jean-Philippe Rameau, Antoine Forqueray, Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772), François Couperin (1668-1733) et Joseph Bodin de Boismortier (1689-1755). Gilbert Bezzina, violon. John Elwes, ténor. Arnaud de Pasquale, clavecin
Pour les trente ans de la disparition de Scott Ross, le festival d'Assas invite des musiciens qui ont tous une histoire forte avec les lieux. Thomas Ragossnig vient faire sonner le clavecin historique, avant un concert de clôture par un trio d'amis rassemblant le ténor John Elwes, le violoniste Gilbert Bezzina et le claveciniste Arnaud de Pasquale.
C'est Scott Ross qui nous accueille au château d'Assas. Dès l'entrée, il est partout : vieilles affiches de concert, panneau de photos racontant les académies des années 70, lettres manuscrites, souvenirs, souvenirs… Dans le salon vert, le clavecin semble l'attendre. C'est comme s'il venait de quitter les lieux. Et pas un des clavecinistes qui se succèdent là aux claviers qui n'ait pour l'hôte « historique » au moins une pensée, une déférence, voire une affection, et tout cela ajoute à l'émotion des concerts. Le château d'Assas, petite folie languedocienne du Siècle des Lumières, abrite depuis les années 70 un clavecin anonyme français du XVIIIe siècle, et sert d'écrin à de nombreuses manifestations musicales autour de cet instrument prestigieux. Scott Ross y a enregistré ses intégrales Rameau et Couperin et une partie de l'intégrale Scarlatti.
Thomas Ragossnig a choisi un programme ambitieux de virtuosité. Programme français XVIIIe pour s'accorder à l'esthétique de l'instrument, avec deux incursions « hors sujet » en hommage à Scott Ross : les variations de Sweelinck sur « Ma jeune vie a une fin » pour rappeler la disparition trop précoce du claveciniste américain, et une série de sonates de Scarlatti, compositeur incontournable lorsque l'on évoque Scott Ross. Quatre pièces de Forqueray permettent de faire sonner magnifiquement le clavecin. Dans La Jupiter, on entend le déchaînement de la foudre dans un déluge de notes et les claviers semblent se défendre un peu sous les doigts de Thomas Ragossnig ( « Ah ! ces vieux bouts de bois… », aurait dit Scott). Mais dans les pièces plus calmes, comme La Sylva de Forqueray ou l'Allemande de Rameau, le claveciniste fait preuve d'une belle musicalité. Les pièces de Rameau qui suivent (Les trois mains et La gavotte et ses doubles) sont d'une difficulté technique des plus redoutables, mais l'expressivité est là malgré tout. Pour terminer le programme français, Thomas Ragossnig a choisi quatre pièces de Balbastre, que l'on entend malheureusement trop peu souvent, dont la superbe La d'Héricourt. Puis on change de monde avec quatre sonates de Scarlatti dont la dernière (K24) offre encore de grandes prises de risque.
L'ambiance est toute autre le lendemain, où se réunissent autour du clavecin joué par Arnaud de Pasquale deux amis de toujours de Scott Ross : Gilbert Bezzina et John Elwes. On oublie le concert public pour laisser place à un moment de nostalgie où le violon de Bezzina nous parle de la perte des splendeurs passées. Après une cantate de Bodin de Boismortier, le ténor John Elwes chante en bis (et a cappella) une chanson traditionnelle irlandaise en hommage à l'ami disparu : le moment le plus émouvant du concert. En introduction aux sonates pour violon, Arnaud de Pasquale offre de somptueuses pièces de Forqueray qui mettent en valeur les riches sonorités de l'instrument. On connait les talents de continuiste de ce claveciniste de la jeune génération, en particulier avec l'ensemble Pygmalion ; mais on souhaiterait l'entendre plus souvent en soliste. Sous ses doigts, ce clavecin qu'il connait bien sonne magnifiquement, avec cette pâte sonore que met si bien en valeur un toucher subtil. Scott Ross aurait apprécié.
Crédit photographique: © Christian Glaenzer
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Château d’Assas. Festival de clavecin Scott Ross.
15-IV-2019. Œuvres d’Antoine Forqueray (1672-1745), Jean-Philippe Rameau (1683-1764), Jan Pieterszon Sweelinck (1562-1621), Claude-Bénigne Balbastre (1727-1799) et Domenico Scarlatti (1685-1757). Thomas Ragossnig, clavecin.
16-IV-2019. Œuvres de Jean-Philippe Rameau, Antoine Forqueray, Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772), François Couperin (1668-1733) et Joseph Bodin de Boismortier (1689-1755). Gilbert Bezzina, violon. John Elwes, ténor. Arnaud de Pasquale, clavecin