Un luthier du XVIIe siècle, un manouche des années 30, une jeune peintre d'aujourd'hui, un business man surbooké : quatre destins pour une fugue à quatre voix.
Disons le, un quatuor à cordes qui prend la forme d'un seul instrument, le violon. Un violon dont l'âme est capable de survivre à toutes les épreuves.
C'est un premier roman, et nous le savons, c'est un genre très français, où l'on guette les nouvelles voix comme on attend, à chaque printemps, de nouvelles fleurs dans le jardin du monde. Marie Charvet s'impose tranquillement, comme si elle avait toujours été là, d'une voix douce et profonde. Elle a beaucoup observé sans doute, beaucoup écouté, et son travail de restitution s'inscrit dans une tradition romanesque classique, avec une langue juste, ni moderne ni ancienne.
Dans cette fugue à quatre voix, Marie Charvet trace un arc où le violon devient un outil alchimique. Depuis sa facture avec des bois choisis avec soin jusqu'à sa côte sur le marché de l'art, l'instrument ne cesse de transformer les destins, car avec la beauté, on est capable de tout.
Ce roman ravira les amateurs davantage que les professionnels de la musique, car il y a quelques passages attendus dans le déroulement de l'intrigue, quelques clichés romantiques, où le violon, toujours au centre du mystère et des émotions, ne se sépare jamais de sa parure mystérieuse.
Cependant, en matière de lutherie, ce qui est ancien ne sonne pas toujours mieux que ce qui est contemporain, des écoutes « à l'aveugle » l'ont maintes fois prouvé. Mais on aime à se dire que les instruments de Maggini resteront toujours ces perles inimitables que l'on trouve dans les ventes internationales pour riches collectionneurs. Nous attendons donc Marie Charvet pour un prochain concert littéraire où les mots feront vibrer les autres cordes de son intuition.