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Berlin. Staatsoper. 12-V-2019. Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca, opéra en trois actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d’après la pièce de Victorien Sardou. Mise en scène : Alvis Hermanis. Assistant mise en scène : Gudrun Hartmann. Décors & Costumes : Kristine Jurjane. Lumières : Gleb Filshtinsky. Avec : Sonya Yoncheva, Floria Tosca ; Teodor Ilincăi, Mario Cavaradossi ; Andrzej Dobber, Baron Scarpia ; Arttu Kataja, Cesare Angelotti ; Jan Martiník, Mesner ; Florian Hoffmann, Spoletta ; Adam Kutny, Sciarrone ; Erik Rosenius, Geôlier ; Jakob Ruess, Pâtre. Staatsopernchor (chef de chœur : Anna Milukova). Orchester der Staatskapelle Berlin, direction : Domingo Hindoyan
Créée en 2014 par Anja Kampe, la mise en scène d'Alvis Hermanis pour Tosca au Staatsoper Berlin reçoit cette saison une invitée de marque avec la luxueuse Sonya Yoncheva.
L'histoire de l'interprétation est souvent marquée d'annulations, et l'on attend encore de savoir si Sonya Yoncheva chantera Tosca à Paris prochainement, juste après son passage à la Philharmonie pour le Stabat Mater de Rossini, accompagnée par le chef de cette représentation berlinoise, Domingo Hindoyan. Mais pour cette fois, nous avons eu la chance que n'ont pas eue les spectateurs du 9 mai, pour lesquels la Tosca en pleine grossesse a dû déclarer forfait à la fin de l'acte I.
Ce soir, la voix large dès l'apparition de l'artiste en scène développe une superbe puissance assortie à un timbre splendide, pour une ligne de chant toujours parfaitement maîtrisée. Le premier duo expose la supériorité de Yoncheva par rapport au reste de la distribution, tant par le style que par le charisme scéniques et vocaux. Son premier air garde malgré tout une vraie intériorité, quand le Vissi d'Arte porte une flamme rarement développée avec tant d'ardeur par les Tosca du monde entier. Les cris déchirants du finale glacent d'effroi comme rarement, avant de longs applaudissements pour cette jeune Tosca, qui a pris le rôle la saison passée seulement au Met de New-York et la présente pour la première fois en Europe.
Face à elle, Teodor Ilincăi campe un Cavaradossi au timbre solaire, jamais trop lourd ni trop léger, sauf au grand air, E lucevan le stelle achevé tellement simplement que personne ne pense à applaudir, et que déjà réapparait sa Tosca. Andrzej Dobber use lui aussi d'un chant naturel pour Scarpia. Mais si l'absence de noirceur du timbre peut intéresser en éloignant ce personnage de la caricature, le manque de stature du baryton ne donne pas assez d'ampleur au personnage, bien loin des grands tenant du rôle depuis des décennies, dont Thomas Hampson encore à Vienne en février dernier. Pour le reste se remarquent surtout le Sacristain bien timbré de Jan Martiník et le jeune pâtre de Jakob Ruess, avant le Spoletta sombre de Florian Hoffmann.
La mise en scène d'Alvis Hermanis n'avait pas fait beaucoup de bruit à sa création, et confirme que la fausse modernité recherchée dans la Damnation de Faust à Paris n'était qu'une exception parmi une règle de spectacles toujours extrêmement académiques, à l'instar, de sa Madama Butterfly pour La Scala en 2017. L'église de Sant'Andrea della Valle ne voit qu'un pan de mur reproduit en scène, pour soutenir un grand espace sur lequel des vidéos sont exposées toute la soirée. L'histoire de Tosca est donc racontée en double sur la scène et en images, avec quelques photos et peintures – majoritairement des peintures à l'huile dessinées pour l'occasion. Cette proposition plus que limitée fait se poser la question de l'intérêt d'une nouvelle mise en scène, déjà plus vieille par les idées que la précédente dans cette salle, et beaucoup moins agréable à l'œil que celles d'autres grandes salles du monde.
Heureusement que le chœur et le chœur d'enfant offrent plus par leur dynamique, là où très peu de figurants sont nécessaires (même l'exécution ne se fait pas par des soldats, mais par une simple balle de revolver tirée à bout portant). Domingo Hindoyan reprend Tosca dans cette salle depuis 2015, à la suite de Daniel Barenboim présent seulement pour les représentations de la création. Son style fluide et son attention tant aux pupitres de l'orchestre qu'au plateau ne mettent personne en difficulté. Le drame s'actionne donc sans problème et la Staatskapelle Berlin ne présente jamais trop de lourdeur, sauf à l'occasion chez quelques bois. Pour autant, l'on a vécu auparavant ce drame avec bien plus d'impact en fosse et certaines atmosphères nettement plus caractérisées. Reste à savoir maintenant si Sonya Yoncheva portera le rôle avec la même puissance très prochainement à l'Opéra de Paris !
Crédits photographiques : © Ann Ray/Metropolitan Opera (Sonya Yoncheva) & Hermann und Clärchen Baus (Prod Staatsoper Berlin)
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Berlin. Staatsoper. 12-V-2019. Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca, opéra en trois actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d’après la pièce de Victorien Sardou. Mise en scène : Alvis Hermanis. Assistant mise en scène : Gudrun Hartmann. Décors & Costumes : Kristine Jurjane. Lumières : Gleb Filshtinsky. Avec : Sonya Yoncheva, Floria Tosca ; Teodor Ilincăi, Mario Cavaradossi ; Andrzej Dobber, Baron Scarpia ; Arttu Kataja, Cesare Angelotti ; Jan Martiník, Mesner ; Florian Hoffmann, Spoletta ; Adam Kutny, Sciarrone ; Erik Rosenius, Geôlier ; Jakob Ruess, Pâtre. Staatsopernchor (chef de chœur : Anna Milukova). Orchester der Staatskapelle Berlin, direction : Domingo Hindoyan