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Prades aux Champs-Élysées : un petit Dvořák et un grand Beethoven

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 26-IV-2019. Antonín Dvořák (1841-1904) : Pièces romantiques pour violon et piano op. 75 ; Quatuor avec piano en mi bémol majeur op. 87 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Septuor pour cordes et vents en mi bémol majeur op. 20. Itamar Golan, piano ; Julian Rachlin, violon ; Sarah McElravy, alto ; Arto Noras, violoncelle ; Laurène Helstroffer, contrebasse ; André Cazalet, cor ; Carlo Colombo, basson ; Michel Lethiec, clarinette

Julian_Rachlin_1336_c_julia_weselyLes concerts que le Festival Pablo Casals de Prades donne régulièrement au Théâtre des Champs-Élysées permettent au public parisien de goûter à de la musique de chambre servie par des interprètes plutôt inhabituels.

Au-delà de l'unité factice du programme intitulé Vienne-Prague, cette soirée est surtout l'occasion de savourer la divine musique de chambre de Dvořák et une pièce de Beethoven très populaire en son temps mais trop peu donnée aujourd'hui.

Le concert s'ouvre sur les quatre Pièces romantiques du compositeur tchèque. au violon et au piano tournent le dos à la simplicité originelle de l'œuvre, enrichissement d'un trio pour deux violons et alto écrit par pour son locataire qui était violoniste amateur. Beaucoup de recherche dans les nuances au violon, des tempi élastiques, un piano qui cherche à bien faire sonner sa main droite : tout cela fait de l'effet, mais c'est relativement laborieux (surtout la première pièce Allegro moderato) et sans fil directeur. La douce mélancolie du Larghetto final disparaît un peu derrière les afféteries et la soudaineté des élans, mais il faut reconnaître que ces sept minutes très répétitives sont difficiles à rendre intéressantes.

Le Quatuor avec piano opus 87 est d'une toute autre dimension. Que faut-il absolument pour le réussir ? Un piano très solide, des cordes très cohérentes, et, difficile à obtenir de manière satisfaisante sans les deux précédents, une bonne dose de verve et d'esprit, voire un soupçon de folie pour rendre à cette œuvre toute sa force rythmique et sa beauté mélodique. Ce soir, il est difficile de se satisfaire d'une interprétation où aucun des trois points ne donne entière satisfaction. semble par moments découvrir la partition, tandis que les cordes manquent cruellement de complicité. Seule l'altiste tente de communiquer visuellement, mais abandonne ses efforts passé le premier mouvement. Résultat de ce que l'on espère n'être qu'un manque de préparation : après un premier mouvement souvent flottant, aux effets et aux nuances bien marqués mais sans naturel, le deuxième, Lento, n'est pas le moment de respiration attendu, avec un en dedans pour sa magnifique mélodie de violoncelle introductive, mais avec des intermèdes dansants toutefois réussis. Le troisième, pourtant marqué Allegro moderato, grazioso et le quatrième s'enfoncent dans une débauche d'énergie, une certaine raideur, par moments une brutalité même qui ont leurs attraits, mais font passer à côté de bien des beautés contenues dans cette partition.

Heureusement, après l'entre-acte, le Septuor de rachète cette première partie médiocre. Si les épanchements romantiques ne sont pas à rechercher dans cette œuvre d'un compositeur à peine trentenaire, la partition possède tout ce qu'il faut pour rendre ces trois quarts d'heure de musique vivants et captivants. Pour ce qui est des deux voix les plus mises en avant, la clarinette souple et chaleureuse de , le directeur artistique du festival de Prades, a tôt fait de ramener à la douceur et au dialogue le violon de , encore un peu raide au début de l'Adagio – Allegro con brio introductif. Tout est plaisant, cohérent et inventif dans les mouvements qui suivent, notamment l'Adagio cantabile très poétique, le Tempo di menuetto à la reprise da capo pleine de fantaisie, ou l'Andante con moto alla marcia – Presto qui clôt le concert avec beaucoup de verve. Le plaisir de jouer ensemble est manifeste de la part de ces musiciens aux styles pourtant différents, entre par exemple un aux accents concertants, un très chambriste, une aux allures de jazzwoman dans sa manière animée de faire sonner sa contrebasse, ou encore un au cor et un au basson, sobres et impeccables.

Crédits photographiques : Julian Rachlin © Julia Wesely

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 26-IV-2019. Antonín Dvořák (1841-1904) : Pièces romantiques pour violon et piano op. 75 ; Quatuor avec piano en mi bémol majeur op. 87 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Septuor pour cordes et vents en mi bémol majeur op. 20. Itamar Golan, piano ; Julian Rachlin, violon ; Sarah McElravy, alto ; Arto Noras, violoncelle ; Laurène Helstroffer, contrebasse ; André Cazalet, cor ; Carlo Colombo, basson ; Michel Lethiec, clarinette

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