Justin Taylor et Le Consort pour un très sage salon baroque
Plus de détails
Metz. Arsenal, salle de l’Esplanade. 24-IV-2019. Domenico Scarlatti (1685-1757) : Sonates K. 32, K. 18, K. 208 et K. 27 ; György Ligeti (1923-2006) : Continuum ; Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Gavotte et ses doubles ; Sonates en trio d’Arcangelo Corelli (1653-1713), Antonio Vivaldi (1678-1741) et Jean-François Dandrieu (1682-1738). Le Consort (Justin Taylor, clavecin ; Théotime Langlois de Swarte, Sophie de Bardonnèche, violon ; Louise Pierrard, viole de gambe)
Au clavecin solo, puis en musique de chambre, les quatre musiciens proposent un concert sans relief à l'Arsenal de Metz.
Le concert s'ouvre par quatre sonates de Scarlatti qui donnent le ton de la suite du concert : choisies parmi les plus connues, elles n'offrent naturellement aucune difficulté à Justin Taylor, dont la virtuosité n'est jamais prise en défaut, mais il ne donne aucune vie à ce qu'il joue. Peu importe le caractère de la sonate qu'il joue : les contrastes y sont gommés, les rythmes de danse sont privés d'énergie, et il ne reste qu'un riche tapis de notes anonymes, sans respiration. Dans des programmes consacrés largement ou entièrement à Scarlatti, Justin Taylor nous avait pourtant habitués à mieux. La Gavotte des Nouvelles Suites de Rameau devient dans ces conditions un sommet d'insignifiance – il est vrai que le clavecin qu'il joue manque aussi beaucoup de caractère. Le choix de jouer aussi Continuum de Ligeti est très bienvenu, et la pièce met à l'honneur la virtuosité de Taylor, mais elle aussi mériterait une gourmandise musicale un peu plus audacieuse pour faire vivre le contraste entre ampleur cosmique et distance ironique qui en fait la force.
La même qualité technique jointe à la même excessive réserve marque aussi la suite du concert où trois musiciens qui forment avec lui Le Consort le rejoignent pour une série de sonates en trio italiennes et françaises. Les musiciens présentent les œuvres de façon on ne peut plus sympathique, en reconnaissant que ce répertoire reste mal-aimé ; mais on aimerait mieux en voir les qualités, à travers une interprétation qui dépasserait les amabilités de salon. Si les différents compositeurs au programme ont écrit pour deux violons, c'est pour les faire dialoguer ; à force de rechercher une sonorité fusionnelle, les musiciens privent les œuvres de leur tension. Tous jouent très bien, avec délicatesse et réelle attention chambriste ; ici, cela ne suffit pas.
Crédit photographique © Jean-Baptiste Pellerin
Plus de détails
Metz. Arsenal, salle de l’Esplanade. 24-IV-2019. Domenico Scarlatti (1685-1757) : Sonates K. 32, K. 18, K. 208 et K. 27 ; György Ligeti (1923-2006) : Continuum ; Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Gavotte et ses doubles ; Sonates en trio d’Arcangelo Corelli (1653-1713), Antonio Vivaldi (1678-1741) et Jean-François Dandrieu (1682-1738). Le Consort (Justin Taylor, clavecin ; Théotime Langlois de Swarte, Sophie de Bardonnèche, violon ; Louise Pierrard, viole de gambe)