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Paris. Philharmonie. 8-IV-2019. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) Semele, oratorio en trois actes sur un livret de Newburgh Hamilton. Mise en espace : Thomas Guthrie. Avec : Louise Alder, Semele ; Hugo Hymas, Jupiter ; Lucile Richardo, Ino, Junon ; Carlo Vistoli, Athamas ; Gianluca Buratto, Cadmus, Somnus ; Emily Owen, Iris. Monteverdi Choir. English Baroque Soloists. Direction : John Eliot Gardiner
Depuis combien d'années déjà Sir John Eliot Gardiner nous enchante-t-il, à la fois défrichant le répertoire baroque et remettant sans cesse sur le métier des œuvres qu'il a contribué à populariser, telle cette Semele, en dénichant à chaque fois les nouvelles voix qui font mouche ?
Tout réside, semble-t-il, dans la modestie. Car non seulement ce concert à la Philharmonie de Paris, annoncé pourtant sans tambours ni trompettes, se poursuivra par une tournée prestigieuse au Palau de la Música à Barcelone, à l'Alexandra Palace Theatre à Londres, puis rien moins qu'à la Scala de Milan avant de se terminer à la salle Santa Cecilia de Rome, mais aussi il est indiqué comme version de concert, alors qu'il s'agit plutôt d'une fort sympathique mise en espace. C'est fou ce qu'on peut évoquer avec quelques tabourets, un canapé, des costumes simples mais adéquats et surtout une troupe motivée, alors qu'ailleurs, d'autres « vraies » mises en scène, très coûteuses, n'inspirent que l'ennui.
Le Monteverdi Choir, en effet, toujours aussi percutant musicalement, ne se ménage pas, agissant comme un personnage à part entière, pas plus que les English Baroque Soloists. On a particulièrement aimé l'idée des deux bassons s'agenouillant de chaque côté de Somnus avant qu'il ne se réveille, mais chaque instrumentiste, voire chaque choriste, serait à citer par son implication dramatique autant que musicale.
Les solistes chantent sans pupitre ni partition, et se déplacent tout naturellement d'un bout à l'autre de la scène. Dans le rôle-titre, Louise Alder fait grosse impression, par un naturel confondant, et une virtuosité insoucieuse qui rendent les airs de bravoure « Myself I shall adore » et « No, no, I'll take no less » d'un pétillant irrésistible.
Hugo Hymas est un Jupiter léger, charmant, plus amoureux transi que Dieu des dieux. Bien que très agréable à entendre, il lui manque encore un peu de stature, dont Lucile Richardot, elle, déborde. Sa Junon investit l'espace, son timbre sombre résonne dans toute la salle, ses consonnes claquent comme des fouets. Elle a même du mal à réprimer son fort tempérament comique, car elle fait crouler la salle de rire par sa gestuelle et ses mimiques, au risque que le public ne remarque pas ses intenses qualités vocales.
Gianluca Buratto impressionne en basse profonde, avec un très élégant air du sommeil, et Emily Owen dessine une Iris aussi convaincante qu'amusante. Carlo Vistoli est un Athamas qui ne marque guère, tandis que le célèbre air « Endless Pleasure » est réservé à la jeune et fraîche Alison Ponsford-Hill, issue des chœurs.
Crédits photographiques : Louise Alder © Gerard Collett
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Paris. Philharmonie. 8-IV-2019. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) Semele, oratorio en trois actes sur un livret de Newburgh Hamilton. Mise en espace : Thomas Guthrie. Avec : Louise Alder, Semele ; Hugo Hymas, Jupiter ; Lucile Richardo, Ino, Junon ; Carlo Vistoli, Athamas ; Gianluca Buratto, Cadmus, Somnus ; Emily Owen, Iris. Monteverdi Choir. English Baroque Soloists. Direction : John Eliot Gardiner