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Paris. Opéra-comique. 30-III-2019. Adolphe Adam (1803-1856) : Le Postillon de Lonjumeau, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe de Leuven et Léon-Lévy Brunswick. Mise en scène : Michel Fau. Décors : Emmanuel Charles. Costumes : Christian Lacroix. Lumières : Joël Fabing. Avec : Michael Spyres, Chapelou / Saint-Phar ; Florie Valiquette, Madeleine / Madame de Latour ; Franck Leguérinel, le marquis de Corcy ; Laurent Kubla, Biju / Alcindor ; Michel Fau, Rose ; Yannis Ezziadi, Louis XV ; Julien Clément, Bourdon. Chœur Accentus (chef de chœur : Christophe Grapperon). Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, direction : Sébastien Rouland
Créé en 1836 à l'Opéra-Comique, Le Postillon de Lonjumeau, qui revient aujourd'hui à Paris, fut un triomphe mondial jusqu'à la fin du XIXe siècle, puis tomba complètement dans l'oubli.
Il fallut, pour pouvoir entendre l'œuvre d'Adolphe Adam tout au long des cent années suivantes, rester à l'affût et voyager beaucoup, ne serait-ce que dans la bonne ville de Longjumeau, qui le mit à l'honneur au début des années 2000. Conformément à son (excellente) habitude, la Salle Favart pioche dans le répertoire qui a bâti son histoire, pour notre plus grand plaisir.
La mise en scène est confiée à Michel Fau, dont on connaît l'immense culture, le sens de la démesure et le goût du travesti (lire notre entretien). Cette fois encore, il ne nous déçoit pas. Tout dans sa conception évoque une certaine idée que nous nous faisons de l'opéra de la fin du XVIIIe siècle, période à laquelle régnait sur scène Pierre Jélyotte, créateur entre autres de Platée, qui servit de modèle au personnage de Chapelou, héros de l'histoire, qui, abandonnant son épouse le soir de ses noces, s'envole vers la célébrité sur les planches de l'Académie Royale de Musique.
Les décors, très colorés, à base de toiles peintes, sont d'un kitch et d'un mauvais goût crânement assumés ; les costumes, avec force rubans et plumes, renvoient aux gravures d'époque, il n'est jusqu'au maquillage, avec ces pommettes rouges, qui ne nous rappelle cette période. Michel Fau, en robe à panier et frou-frou, s'arroge le rôle parlé de Rose, bien secondaire mais ô combien important lors des scènes de changement d'identité. Il nous gratifie en outre d'un ballet, avec lui-même en première ballerine, parfaitement hilarant.
La musique d'Adolphe Adam est à la fois agréable, facile à écouter, avec un joli sens de la mélodie, et bien plus savante qu'il n'y parait. On connaît les affinités de Michael Spyres avec ce répertoire. Il est un Chapelou étourdissant, visiblement ravi d'être là, plein de vitalité, contres-ré en poupe, et même si d'autres contres-notes encore plus hautes, émises en voix de tête, font frémir nos oreilles modernes, on imagine que c'était ainsi qu'elles devaient être négociées à l'époque (voir les réactions de Rossini à l'écoute du contre-ut de poitrine de Gilbert Duprez !). En outre, sa diction parlée est quasi-vernaculaire, avec le tic amusant de rouler les R comme dans le français chanté.
On se souvient d'une autre résurrection dans ces mêmes lieux, celui de La Dame Blanche de Boieldieu pour laquelle Gregory Kunde, tout aussi miraculeux vocalement, avait dû se faire doubler par un serviteur pour s'exprimer en langage parlé. Ici, tout y est, parfaitement. Florie Valiquette est une adorable Madeleine / Madame de Latour, avec un timbre sonore, une technique ferme, et une vocalisation nette et franche. Un véritable plaisir. Franck Leguérinel, bien qu'ayant peu à chanter, puise dans ses immenses ressources comiques, et compose l'inénarrable marquis de Corcy. Laurent Kubla est un solide Biju / Alcindor.
Sous la direction de Sébastien Rouland, l'Orchestre de l'Opéra de Rouen Normandie sonne tout a fait à propos. Ah, qu'il est beau, le postillon de Lonjumeau !
Crédit photographique : © Stefan Brion
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La suivante interprétée par Michel Fau s’appelle Rose et non Madeleine (simple lapsus, je sais bien).
Merci, nous corrigeons
C’est aux « règnes » des Adam, Halévy, Auber, leur musique « facile » et la « surdité » musicale des Français que Berlioz dû d’être à ce point méconnu en France … lors qu’il triomphait à l’étranger !!! D’une part, des « petits maîtres » … de l’autre, le SEUL GENIE musical français de la première moitié du XIXème siècle !!!
Le « Postillon de Lonjumeau » ou le « machin » du « contre Ré » qui fit s’ébaubir le Paris louis-philippard puis louis-napoléonien … Reconnaissons à Adam sa marche funèbre pour le retour des cendres de Napoléon (15 décembre 1840) où … il s’est inspiré (très habilement) de la Symphonie funèbre et triomphale de Berlioz (28 juillet 1840) … Quant à son « Minuit chrétien » (pas si facile que cela … et qui mérite mieux que ce qu’on en fait ordinairement – là aussi, un « grand machin » -), il met inévitablement en valeur tout qui le chante à Noël (concert ou messe) … J’en sais quelque chose …