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L’émotion Jiří Kylián et la performance Andonis Foniadakis

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Genève. Grand Théâtre. 27-III-2019. Jiří Kylián : « Bella Figura » sur des musiques de Lukas Foss, Giovanni Battista Pergolesi, Alessandra Marcello, Antonio Vivaldi et Giuseppe Torelli. Costumes : Joke Visser. Lumières : Tom Beevort (reprise par Kees Tjebbes). « Petite Mort » sur des musiques de Wolfgang Amadeus Mozart. Costumes : Joke Visser. Lumières : Joop Caboort. Andonis Foniadakis : « Glory » sur des musiques de Georg Friedrich Haendel. Costumes : Tassos Sofroniou. Lumières : Mikki Kunttu. Ballet du Grand Théâtre de Genève (direction Philippe Cohen) avec Yumi Aizawa, Céline Allain, Ornella Capece, Angèle Cartier, Léa Mercurol, Diana Duarte, Tiffany Pacheco, Mohana Rapin, Sara Shigenari, Lysandra Van Heesewijk, Madeline Wong (Danseuses) ; Valentino Bertolini, Adelson Carlos, Zachary Clark, Andrei Cozlac, Xavier Juyon, Juan Perez Cardona, Simone Repele, Sasha Riva, Geoffrey Van Dyck, Nahuel Vega (Danseurs)

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De retour sur la scène du Grand Théâtre de Genève ré-ouvert après plus de deux ans de travaux de rénovation, le ballet maison offre un spectacle d'une rare beauté et d'un accomplissement technique exceptionnel.

Bella-figura.01Pour un spectateur lambda du ballet attiré par la beauté des spectacles de danse sans en connaître toutes les finesses, toutes les subtilités, tous les secrets, tous les aspects techniques, cette soirée met en lumière l'évolution profonde qui s'est emparée du . Ses précédents spectacles, hors ceux où la mise en valeur d'un soliste était requise, laissaient toujours émerger quelques danseurs qui, par leur grâce, leur élan, leur présence, leur charisme se distinguaient du groupe. Or aujourd'hui, et ce spectacle l'a heureusement laissé voir, le ballet s'est mué en une véritable troupe. D'un niveau absolument formidable, technique comme artistique.

Certes, les trois ballets au programme ne sont pas centrés sur un soliste. À commencer par Bella figura, un ballet que avait créé en 1995 à Amsterdam et qui a été moult fois repris avec le même succès. Nos lignes ont déjà relaté les émotions que les spectateurs du Théâtre des Champs-Élysées, du Palais Garnier, de l'Opéra de Zurich ont pu ressentir à la vue de cette chorégraphie. À Genève, on ne peut que confirmer les mêmes impressions : l'émerveillement des corps glissant les uns sur les autres, les lents et magnifiques entrelacements, les tableaux humains surgissant soudain d'un noir fond de scène. On se souviendra de ce jeu de rideau réduisant l'espace scénique pour focaliser le regard du spectateur sur deux danseuses ceintes d'une jupe rouge-vif, le buste nu, s'engageant avec une grâce épurée dans un corps à corps au ralenti. Avec quel art le chorégraphe tchèque peint le mouvement, cultive le beau, respecte le corps et le sublime. sait aussi s'accompagner de la musique, et l'inspiration de ses chorégraphies n'est pas étrangère aux magnifiques pages qu'il choisit. Ainsi, lorsque la divine musique du Stabat Mater de Pergolesi s'élève, habitée par l'étrange voix du contre-ténor James Bowman et le génie vocal de la soprano Emma Kirby, le danseur, l'artiste ne peut être que profondément inspiré et transporté dans l'expression sublimée de la danse.

Cette prévalence de la musique, la porte au pinacle dans sa Petite mort, une chorégraphie créée en 1991 pour le deux-centième anniversaire de la mort de Mozart. Comment ne pas être porté à se dépasser quand résonnent les adagios des Concertos pour piano et orchestre n° 23 et 21 ? Chaque note est prétexte à un mouvement, à une arabesque, à une main qui monte et se déploie au bout d'un bras, à une tête qui lentement s'incline. Le chorégraphe donne à voir la musique de Mozart comme il porte la poésie de la musique dans celle des corps. Dans la Petite mort, périphrase de l'orgasme, Jiří Kylián décrit avec une élégance artistique pénétrante la séduction masculine, la force bestiale, jusqu'à l'accomplissement amoureux. Aujourd'hui, plus d'un quart de siècle après sa création, la banalisation de la parole efface quelque peu le propos du message que ce ballet est sensé montrer. Reste le culte de la beauté, de la distinction habitée du chorégraphe tchèque. Ce qu'en exprime le est remarquable de précision et d'enchantement. Six couples, six ensembles impeccables jouant tous la même partition.

Petite-mort.01

Autant Jiří Kylián utilise la musique au prétexte de la danse, autant accompagne sa danse de musique. La démarche du chorégraphe grec est en contraste avec celle de son collègue tchèque. Dans Glory, un ballet qu'il avait créé en février 2012 au Bâtiment des Forces Motrices à Genève, le chorégraphe grec fait appel à l'énergie de ses danseurs, les rythmes imposés étant (du moins dans ce ballet) constamment dans l'excitation gestuelle. Cependant, le s'avère ici beaucoup plus précis, plus investi que lors de sa prestation de 2012. Ce qui nous était apparu comme de l'agitation est ici beaucoup mieux structuré. On a particulièrement apprécié cette séquence où la troupe, scindée en deux, se fait face et danse en miroir. Un extraordinaire travail de mise en place.

Crédits photographiques : © Grand Théâtre de Genève/Gregory Batardon

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Genève. Grand Théâtre. 27-III-2019. Jiří Kylián : « Bella Figura » sur des musiques de Lukas Foss, Giovanni Battista Pergolesi, Alessandra Marcello, Antonio Vivaldi et Giuseppe Torelli. Costumes : Joke Visser. Lumières : Tom Beevort (reprise par Kees Tjebbes). « Petite Mort » sur des musiques de Wolfgang Amadeus Mozart. Costumes : Joke Visser. Lumières : Joop Caboort. Andonis Foniadakis : « Glory » sur des musiques de Georg Friedrich Haendel. Costumes : Tassos Sofroniou. Lumières : Mikki Kunttu. Ballet du Grand Théâtre de Genève (direction Philippe Cohen) avec Yumi Aizawa, Céline Allain, Ornella Capece, Angèle Cartier, Léa Mercurol, Diana Duarte, Tiffany Pacheco, Mohana Rapin, Sara Shigenari, Lysandra Van Heesewijk, Madeline Wong (Danseuses) ; Valentino Bertolini, Adelson Carlos, Zachary Clark, Andrei Cozlac, Xavier Juyon, Juan Perez Cardona, Simone Repele, Sasha Riva, Geoffrey Van Dyck, Nahuel Vega (Danseurs)

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