À Düsseldorf, une affiche de jeunes chanteurs pour un gala d’opéra

Depuis dix ans, chaque année, l'Opéra de Düsseldorf organise un gala d'opéra au profit de la Fondation allemande contre le sida. Pour cette édition anniversaire, la liste des chanteurs invités est particulièrement alléchante. 

Six chanteuses et cinq chanteurs ont été réunis à Düsseldorf pour l'occasion – pas de vedettes, mais de jeunes musiciens au talent déjà bien affirmé. Le programme, essentiellement composé de grands classiques, ne réserve certes pas de surprises. Mais le public, visiblement peu habitué à l'art lyrique, n'est certainement pas avide de raretés.

Tout commence donc par l'ouverture des Noces de Figaro, interprétée avec panache par l'Orchestre symphonique de Düsseldorf sous la baguette experte et versatile de Paolo Arrivabeni. S'ensuit un trio extrait de Così fan tutte avant que ne débute un grand défilé d'airs. Tara Erraught fait scintiller les vocalises de Cenerentola, Levy Segkapane enfile de brillants contre-ut dans l'air de Rodrigo extrait de l'Otello rossinien. Aurelia Florian, voix imposante, est très applaudie pour « Pace, pace », même si son interprétation manque de raffinement. Rien à redire, en revanche, quant à Ruzan Mantashyan, rayonnante Marguerite de Gounod. Bogdan Baciu révèle un superbe baryton verdien dans l'air de Renato « Alzati… Eri tu » avant qu'Angela Brower, mezzo chaude et lumineuse, ne nous enchante par le grand air de Niklausse extrait des Contes d'Hoffmann. Retour chez Mozart avec le fameux catalogue de Leporello, interprété avec verve par Bogdan Taloş, puis avec l'air d'Elettra (Idomeneo) : vocalement sans faille, Federica Lombardi manque pourtant un peu de fureur. Puccini clôt la première partie : Yosep Kang, prudent, apparemment en méforme, ose « E lucevan le stelle », puis Rosa Feola nous touche droit au cœur avec sa Mimì plein de poésie.

La deuxième partie commence un peu en demi-teinte. Aurelia Florian, toujours peu raffinée, revient avec Adriana Lecouvreur. Yosep Kang, encore plus fragile qu'avant, se fourvoie dans l'air de Riccardo extrait du Bal Masqué. Jorge Espino, tout jeune baryton membre de l'Opéra-studio de Düsseldorf, affronte le monologue de Ford : voix corsée, diction exemplaire, il ne lui manque qu'un brin de facilité dans l'aigu. Excellente, en revanche, Rosa Feola qui présente cette fois le brillant air d'Adina de l'Elexir d'amour, tout comme Ruzan Mantashyan, émouvante Lauretta dans « O mio babbino caro ».

Et nous voilà dans le règne de l'opérette. Aurelia Florian et Bogdan Baciu se font les yeux doux en Hannah et Danilo, Tara Erraught exhibe son aigu facile dans « Du sollst der Kaiser meiner Seele sein » de Robert Stolz. Federica Lombardi triomphe avec un air de zarzuela (Las Hijas de Zebedeo) avant que Levy Segkapane ne marche sur les traces d'Alfredo Kraus avec « No puede ser ». Pour finir, Angela Brower nous enlève dans le monde de la comédie musicale avec un touchant « You'll never walk alone ». Sous les ovations du public, la soirée se termine par « Somewhere » de Leonard Bernstein.

Crédits photographiques : © Susanne Diesner