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Paris. Opéra Garnier. 8-III-2019. Rosas / Anne Teresa De Keersmaeker : Les six concertos brandebourgeois. Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker. Musique : Johann Sebastian Bach, Concertos brandebourgeois BMW 1046-1051. Scénographie et lumières : Jan Versweyveld. Costumes : An D’Huys. Dramaturgie : Jan Vandenhouwe. Danseurs : Rosas. BoŠtjan Antončič, Carlos Garbin, Franck Gizycki, Marie Goudot, Robin Haghi, Cynthia Loemij, Mark Lorimer, Michaël Pomero, Jason Respilieux, Igor Shyshko, Luka Švajda, Jakub Truszkowski, Thomas Vantuycom, Samantha van Wissen, Sandy Williams, Sue Yeon Youn. B’Rock Orchestra, direction musicale : Amandine Beyer
Vingt-cinq ans après sa première tournée à Garnier, la compagnie Rosas d'Anne Teresa De Keersmaeker revient à l'Opéra de Paris avec une brillante création sur les six Concertos brandebourgeois de Bach, joués sur instruments d'époque par le B'Rock Orchestra d'Amandine Beyer.
Après la Partita n° 2 avec Boris Charmatz et les Suites pour violoncelle seul, la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker reprend avec jubilation son travail d'écriture et de composition sur l'œuvre de Johann Sebastian Bach.
En prenant, dès le Concerto n° 1 en fa majeur BWV 1046, la marche comme ligne directrice de la chorégraphie, Anne Teresa De Keersmaeker s'inscrit pleinement dans un héritage de la danse baroque à laquelle elle multiplie les références. L'alternance des mouvements de ce premier concerto permet en effet de démultiplier les mouvements de danse, comme le menuet et la polonaise… Anne Teresa De Keersmaeker en profite pour explorer avec malice l'imaginaire de la musique baroque, en faisant, par exemple, entrer un chien belliqueux sur un duo de cors de chasse.
Pour Six concertos brandebourgeois, sa dernière pièce créée le 12 septembre à la Volksbühne de Berlin, c'est à une troupe intergénérationnelle qu'Anne Teresa De Keersmaeker fait appel avec ces danseurs et danseuses d'âges et d'histoires variées, en top de voile noir, pantalons et vestes stricts, bermudas et robes pour les plus jeunes. Clin d'œil à certaines de ses pièces les plus anciennes comme Quatuor n° 4, mais aussi à Pina Bausch, adepte elle-aussi de la marche en ligne, les talons hauts portés par les femmes dans le Concerto n° 1 sont remplacés par de plus commodes baskets au Concerto n° 2 en fa majeur BWV 1047. Dans celui-ci, qui s'achève par un Allegro assai enlevé , on remarque la très émouvante présence sur scène d'une danseuse presque quinquagénaire, lumineuse et souriante, un peu moins vive que les autres danseurs, mais encore plus engagée.
Après les instruments à vent du premier et du deuxième concerto, le Concerto n° 3 en sol majeur BWV 1048 est réservé aux cordes, divisées en trois sections, auxquels font écho trois groupes de danseurs masculins, vingtenaires, trentenaires et quadra s'élançant ensemble dès les premières mesures. Sur les traces en ligne droite dessinées par les marches du Concerto n° 1, ils progressent à pas chassés, sautillant avec régularité.
Avec le retour des flûtes à bec, la ligne mélodique du Concerto n° 4 en sol majeur BMW 1049 est délibérément assurée par un danseur plus massif, tandis que le contrepoint des flûtes à bec est celui de deux filles légères. Une file de garçons forme la basse continue, progressant en diagonale de cour à jardin. Dans ce quatrième concerto, plus mélancolique dans son andante, Anne Teresa De Keersmaeker ose des portés.
Le clavecin domine la ligne mélodique du Concerto n° 5 en ré majeur BWV 1050, avec des notes plus délicates pour un quatuor de danseurs où l'on retrouve les formes vrillées affectionnées par la chorégraphe flamande, dans une longue et magnifique cadence. Très écrit, sophistiqué, ce quatuor pourrait avoir une existence autonome, en tant que petite forme. Technique, exigeant, c'est un morceau de bravoure intelligent.
Cordes et basse continue uniquement pour le début du Concerto n° 6 en si bémol majeur BWV 1051, dansé par des garçons et un petit contrepoint féminin. Les lignes directrices initiales de la marche ont cédé le pas à une construction plus circulaire. Avec la lassitude des danseurs après pas loin de deux heures de danse ininterrompue, le dispositif s'épuise un peu dans ce sixième et dernier concerto, jusqu'à l'arrivée de toute la compagnie, pour un final furtif et disruptif qui se remet dans les pas des premiers moments du spectacle. Il conclut brillamment un impressionnant travail de dentelle et de complicité musicale et chorégraphique, entre danseurs et musiciens d'une part, directrice musicale et chorégraphe d'autre part, qui a toute sa place sur la scène et dans la fosse de l'Opéra Garnier.
Crédits photographiques : © Anne Van Aerschot
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