Le monde de l'orgue est en deuil, nous apprenons la disparition de Jean Guillou, figure incontestée de l'instrument. Né à Angers en 1930, il fut l'élève de Marcel Dupré, Maurice Duruflé et Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris et organiste titulaire des Grandes-Orgues de Saint-Eustache à partir de 1963 où il succéda à André Marchal.
Le 22 septembre 2014, Jean Guillou avait été nommé par la Paroisse « Organiste Titulaire Émérite », Saint-Eustache ayant lancé un concours de recrutement pour prendre sa succession. Depuis le 24 mars 2015, deux jeunes organistes français se partagent dorénavant le poste, Baptiste-Florian Marle-Ouvrard (1982) et Thomas Ospital (1990).
Jean Guillou était également un improvisateur hors-pair, transcripteur, compositeur, facteur d'orgue, pédagogue, un esprit libre qui n'avait pas hésité à refuser la Légion d'honneur en 2010 «à l'heure où la musique dite savante ou classique voit sa place diminuée par toutes les instances officielles».
Auteur de nombreux écrits, le plus célèbre L'orgue, souvenir et avenir réédité à plusieurs reprises depuis 1978, il laisse une discographie importante, chez Philips et Dorian avant tout, mais aussi plus récemment sous son propre label Augure. Jean Guillou était surtout spécialiste de la musique des XIXe et XXe siècles, même s'il enregistra également beaucoup de répertoire antérieur (Johann Sebastian Bach par exemple).
Ayant longtemps enseigné (à Zurich notamment) et s'étant produit aux quatre coins du monde, dans des églises et des salles de concert, Jean Guillou était très célèbre à l'étranger, notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Japon et en Corée du Sud, plus même qu'en France. (JBdLT)