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L’Opéra de Rouen révèle Perrine Madoeuf dans le Comte Ory

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Rouen. Opéra de Rouen Normandie. Théâtre des Arts. 20-I-2019. Gioacchino Rossini (1792-1868) : Le Comte Ory, Opéra-comique en deux actes sur un livret d’Eugène Scribe et Charles-Gaspard Delestre-Poirson d’après une légende picarde compilée au XVIIIe siècle par Pierre-Antoine de La Place. Mise en scène, décors et costumes : Pierre-Emmanuel Rousseau. Avec : Perrine Madoeuf (La Comtesse Adèle) ; Mathias Vidal (Le Comte Ory) ; Philippe Estèphe (Raimbaud) ; Anna Steiger (Dame Ragonde) ; Rachel Kelly (Isolier) ; Jean-Vincent Blot (Le Gouverneur) ; Héloïse Guinard (Alice). Chœur accentus et Orchestre de Rouen Normandie, direction : Luciano Acocella

Bel canto oblige, cette nouvelle production du Comte Ory, par ailleurs peu convaincante, fournit à la jeune soprano l'occasion d'une brillante interprétation.

©JeanPougetDans la droite ligne du Voyage à Reims composé trois ans auparavant, Le Comte Ory de Rossini (1828) tient à la fois de l'opéra comique français et de l'opéra buffa italien. En s'appuyant sur une ancienne légende picarde, son livret, nous narre les assauts du libertin Comte Ory auprès des femmes du château de Formoutiers laissées seules par leurs époux partis en croisade…Une intrigue simple où se mêlent désir, humour, travestissements et jeu de dupes. , pour son retour à l'Opéra de Rouen comme metteur en scène en titre, choisit de transposer l'action dans les années 50 dans le cadre de la guerre d'Algérie, une transposition dont l'intérêt ne parait pas absolument évident dans le contexte de la farce, et ce d'autant qu'aucune allusion n'y fait référence durant tout l'opéra…. Si la circulation des acteurs est assez judicieuse par l'utilisation des choristes comme acteurs à part entière, il faut bien reconnaître que l'humour potache, un peu forcé, aux allures de salle de garde, frôle souvent le mauvais goût par sa lourdeur et ne déclenche que rarement le rire. La fosse, hélas, participe de la même veine par son manque d'allant, et la direction poussive et sans éclat de peine souvent à maintenir l'équilibre avec les chanteurs.

OryRouen9©JeanPouget

La distribution vocale, à l‘exception de , vaut plus par son engagement scénique que par la qualité du chant. Dans le rôle titre fait preuve d'un bel entrain, tout particulièrement dans le duo avec la Comtesse : « Ah ! quel respect » ou le trio faisant également intervenir Isolier : « A la faveur de cette nuit ». Ses mimiques et son jeu évoquent par instants Louis de Funès (!), mais sa voix reste limitée au registre médium avec des aigus forcés. (Raimbaud) libère toute sa verve joyeuse dans sa chanson à boire : « Dans ce lieu solitaire …Buvons, buvons ». (Dame Ragonde) joue sur le décalage de son personnage, mais sa projection reste défaillante et son vibrato gênant. En revanche, Rachel Kelly donne au personnage travesti d'Isolier tout son charme naïf par son allure juvénile et ses aigus vaillants, malgré un timbre un peu acide. (Le Gouverneur) déçoit par son manque de souplesse, de souffle, et de graves. Seule (La Comtesse Adèle) se montre, dans cette distribution, une bel cantiste avérée, par sa puissance, son agilité vocale, par sa diction bien posée, par la clarté de ses roulades et de ses vocalises. Une interprétation vocale irréprochable magnifiée encore par un jeu scénique où la chanteuse sait user de toute sa féminité séductrice et de la délicieuse ambiguïté de son personnage. Une chanteuse à suivre…

Crédit photographique : © Jean Pouget

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Rouen. Opéra de Rouen Normandie. Théâtre des Arts. 20-I-2019. Gioacchino Rossini (1792-1868) : Le Comte Ory, Opéra-comique en deux actes sur un livret d’Eugène Scribe et Charles-Gaspard Delestre-Poirson d’après une légende picarde compilée au XVIIIe siècle par Pierre-Antoine de La Place. Mise en scène, décors et costumes : Pierre-Emmanuel Rousseau. Avec : Perrine Madoeuf (La Comtesse Adèle) ; Mathias Vidal (Le Comte Ory) ; Philippe Estèphe (Raimbaud) ; Anna Steiger (Dame Ragonde) ; Rachel Kelly (Isolier) ; Jean-Vincent Blot (Le Gouverneur) ; Héloïse Guinard (Alice). Chœur accentus et Orchestre de Rouen Normandie, direction : Luciano Acocella

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