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Régis Campo Musique de l’émerveillement. Livre d’entretiens avec Thierry Vagne. Editions Aedam Musicae. 261 p. Octobre 2018. 25 €
De la vie et de la fraicheur : c'est ce que veut insuffler Régis Campo dans sa composition, fort des trois cents opus que compte aujourd'hui son catalogue.
Le livre foisonnant où il répond aux questions de Thierry Vagne nous dévoile un pan de sa personnalité, riche autant que facétieuse… à l'image de la trajectoire un rien sinueuse qu'ont imaginée nos deux interlocuteurs, où les inserts, apartés, vignettes et autres hommages fragmentent le propos et en chahutent la logique.
« J'adore les personnalités hors cadre […] » nous dit ce marseillais de souche, et parisien d'adoption, qui a gardé des liens très forts avec sa ville natale et ses premiers professeurs, George Boeuf notamment auquel il a succédé au poste de professeur de composition en 2003. Écrire de la musique semble une chose naturelle et aisée pour ce trublion de la contemporaine, qui veut communiquer à ses élèves sa joie de composer. Ni sériel (même si Boulez est une référence pour lui), ni spectral (il aime trop la mélodie), Régis Campo se dit alter-moderniste : « radicant » lance-t-il « comme du lierre qui fait pousser ses racines à côté d'une racine principale ».
Ses deux pièces emblématiques, Pop-art (2002) et Street art (2017) pour ensemble, sur lesquelles il revient, revendiquent ses attaches à une certaine musique populaire et une proximité avouée avec les musiques répétitives : « j'ai développé un mauvais genre » déclare-t-il de manière un rien provocatrice, s'agissant d'une musique qui ne renie pas le rythme viscéral et le kitsch… lorsqu'il sauve de l'ennui. Adoubé par les plus grands dont on lit les témoignages (Henri Dutilleux, Kent Nagano, Dame Félicity Lott, Ennio Morricone…), Régis Campo avoue ses passions pour la musique de film, la voix, la scène et le genre de l'opéra : « J'ai toujours joué mentalement une pièce imaginaire avec des personnages » confirme ce dramaturge-né, que ses deux ouvrages scéniques ne sauraient démentir. On peut lire à ce sujet l'analyse de Quai Ouest, son second opéra, faite par Lionel Pons en annexe.
Avec des extraits de partitions et un feuillet iconographique très attachant, cette publication touffue nous rappelle également que Régis Campo est entré à l'Académie des Beaux-Arts en 2017 après le palmarès étonnant de ses prix reçus dans cette institution. Si la lettre pleine d'humour que Campo écrit à son double Erik Satie, en annexe toujours, est une autre façon de parler de soi, l'hommage très émouvant que ce musicien de cœur rend à l'ami Frédérick Martin, décédé en 2016, nous touche profondément.
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Régis Campo Musique de l’émerveillement. Livre d’entretiens avec Thierry Vagne. Editions Aedam Musicae. 261 p. Octobre 2018. 25 €
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