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Clermont-Ferrand. Opéra-Théâtre. 20-XII-2018. Gioachino Rossini (1792-1868) : La Promessa (Les soirées musicales) ; La regata veneziana. Vincenzo Bellini (1801-1835) : Vanne, o rosa fortunata. Gaetano Donizetti (1797-1848) : L’amor funesto ; Me voglio fa’na casa. Claude Debussy (1862-1918) : Beau soir ; Fleur des blés ; Clair de lune ; Mandoline ; Apparition. Franz Liszt (1811-1886) : Tre sonetti di Petrarca ; Pace non trovo ; Benedetto sia’l giorno ; I vidi in terra angelici costumi. Michele d’Elia, piano. Pretty Yende, soprano
Seul récital programmé dans la saison 2018-2019 du Centre Lyrique Clermont-Auvergne, la promesse musicale de Pretty Yende ne pouvait qu'attirer un public nombreux. Accompagnée par le pianiste Michele d'Elia, il faut véritablement attendre les trois bis pour que la chanteuse lyrique enflamme la salle.
Le « conte de fée moderne » marketé presque à outrance autour de Pretty Yende, n'entache pas l'aura de la voix veloutée et moelleuse de cette jeune trentenaire qui aujourd'hui est en haut de l'affiche des plus grandes productions lyriques de par le monde. L'artiste a surpris il y a quelques jours au Théâtre des Champs-Élysées avec un récital résolument tourné vers la musique baroque. Moins d'étonnement à Clermont-Ferrand où l'on retrouve la jeune femme dans son répertoire de prédilection grâce au trio gagnant belcantiste, et quelques incursions vers Claude Debussy et Franz Liszt.
Le début du concert est donc en italien, programmation que l'artiste fait tourner depuis 2014 : La promessa de Rossini, Vanne, o rosa fortunata de Bellini et Donizetti avec L'amor funesto et Me voglio fa'na cas. Alors, pourquoi se cacher derrière un pupitre qui l'enferme plus qu'il ne l'honore ? Les aigus lumineux et les graves charnus transparaissent toutefois, grâce notamment à une technique rigoureuse d'un grand naturel, une longueur de souffle et une ligne de chant élégante. Les couleurs chatoyantes de son timbre riche siéent à merveille à cette musique. Force est de constater que la fraîcheur de sa jeunesse est un atout pour susciter immédiatement de la sympathie, mais elle paraît une faiblesse tant la nécessité d'une plus grande expérience est inéluctable afin de faire siennes les émotions de ces différentes héroïnes romantiques. Artiste pleine de promesse, son interprétation déploie ce soir un chant assez uniforme qui manque d'incarnation.
Et alors que l'italien paraît être une évidence pour la chanteuse (Pretty Yende fait d'ailleurs le choix de s'adresser au public dans cette langue en fin de soirée), on ne peut pas dire de même de notre langue natale, les cinq mélodies de Debussy (Beau soir, Fleur des blés, Clair de lune, Mandoline et Apparition) ne bénéficiant ni d'un français suffisamment compréhensible, ni d'un timbre pour porter au mieux leur transparence mélancolique.
C'est donc en dernière partie de soirée que le chant de Pretty Yende se révèle avec les lieder de Liszt sur des sonnets de Pétrarque. Ces chants d'amour aux sublimes modulations, avec une richesse de couleurs exaltantes, étendent avec bonheur ce timbre chaleureux qui véhicule une grande plénitude dans les graves. Moelleuse à souhait dans les forte, en osmose parfaite avec le pianiste dans les piano et pianissimo comme lors des dernières notes de Benedetto sia'l giorno (équilibre parfait entre l'instrument et la voix), sans vibrato excessif ni maniérisme avéré, Pretty Yende et Michele d'Elia proposent une interprétation véritablement sensible.
Libérée de son pupitre au moment des bis, Pretty Yende démontre enfin toutes ses qualités théâtrales et vocales grâce à un air qui l'accompagne partout à travers le monde : Una voce poco fa (Il barbiere di Siviglia, Rossini). Agrémenté d'aigus rayonnants et d'une virtuosité étonnante, trois bis après, c'est un chant plus vivant, plus personnel et surtout d'un relief manifeste auquel accède l'artiste et son sourire ravageur, soutenue par une complicité évidente avec son accompagnateur. « I want to be a Prima Donna ! » (The Enchanteress, Victor Herbert), ce sera son dernier mot !
Crédits photographiques : © Yann Cabello
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Clermont-Ferrand. Opéra-Théâtre. 20-XII-2018. Gioachino Rossini (1792-1868) : La Promessa (Les soirées musicales) ; La regata veneziana. Vincenzo Bellini (1801-1835) : Vanne, o rosa fortunata. Gaetano Donizetti (1797-1848) : L’amor funesto ; Me voglio fa’na casa. Claude Debussy (1862-1918) : Beau soir ; Fleur des blés ; Clair de lune ; Mandoline ; Apparition. Franz Liszt (1811-1886) : Tre sonetti di Petrarca ; Pace non trovo ; Benedetto sia’l giorno ; I vidi in terra angelici costumi. Michele d’Elia, piano. Pretty Yende, soprano