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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 10-XII-2018. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Rodelinda, dramma per musica en trois actes sur un livret de Nicola Francesco Haym. Avec : Jeanine De Bique, Rodelinda ; Tim Mead, Bertarido; Benjamin Hulett, Grimoaldo; Romina Basso, Eduige; Andrea Mastroni, Garibaldo ; Paul-Antoine Bénos-Djian, Unulfo. Le Concert d’Astrée, direction : Emmanuelle Haïm
Après un passage par Lille et Caen, cette Rodelinda unanimement acclamée fait escale au Théâtre des Champs-Élysées, malheureusement en version de concert.
Jeanine De Bique avait à l'époque fait sensation, et il est vrai que cette soprano sensible et racée tient du miracle. La voix, sombre, est capiteuse, souple en même temps, tout à fait à même de rendre justice aux nombreux traits d'agilité qui émaillent son rôle, et ses trilles sont battues à la perfection. L'interprète, belle à regarder, déploie avec une expressivité déconcertante chacun des affects imaginés par Haendel, passant en quelques minutes de la douleur à la colère, de l'abattement à la joie.
Il faut un charisme d'enfer pour donner la réplique à une telle personnalité sans se laisser effacer, mais ses partenaires s'en acquittent avec grande classe. En Bertarido, son époux, le contre-ténor Tim Mead fait montre d'un timbre riche et d'un chant tout en finesse, avec toutefois une tendance un peu trop marquée aux larmoiements. L'unique duo de l'œuvre, « O t'abbraccio », avec un couple si impliqué, constitue le sommet vertigineux de cette soirée.
Benjamin Hulett est un Grimoaldo précis, à la technique irréprochable, sachant varier couleurs et styles. Le véritable méchant de l'œuvre, Garibaldo, est tenu par l'énergique et sonore (parfois trop) Andrea Mastroni.
Dans le personnage très ambigu d'Eduige, Romina Basso fait merveille, avec un timbre chaud et profond, tandis que le très jeune Paul-Antoine Bénos-Djian, deuxième contre-ténor, ne restera pas longtemps second rôle, tant sa prestation est de qualité.
On retiendra de tous les chanteurs une propension aux ornementations faites avec beaucoup de goût et de discrétion.
À la tête de son Concert d'Astrée, Emmanuelle Haïm, qui tient également le continuo au clavecin, quitte entre deux transitions à ne s'asseoir qu'à moitié sur son tabouret, assure une direction fluide, vivante, et totalement en situation. Le violoncelle, particulièrement, est d'une expressivité à faire fondre le cœur.
Crédits photographiques : © Marco Boggreve
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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 10-XII-2018. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Rodelinda, dramma per musica en trois actes sur un livret de Nicola Francesco Haym. Avec : Jeanine De Bique, Rodelinda ; Tim Mead, Bertarido; Benjamin Hulett, Grimoaldo; Romina Basso, Eduige; Andrea Mastroni, Garibaldo ; Paul-Antoine Bénos-Djian, Unulfo. Le Concert d’Astrée, direction : Emmanuelle Haïm