Renaud Machart et Vincent Warnier présentent les grands organistes du XXe siècle

Réunies en un seul livre, voici les courtes mais passionnantes biographies d'une quarantaine d'organistes qui ont marqué le XX^e siècle par leur charisme et par une trace auditive de leur art. Un CD riche de plusieurs heures d'écoute accompagne l'ouvrage.

Voilà une bonne idée éditoriale concrétisée par deux auteurs complémentaires (l'un musicologue, l'autre organiste) et consacrée à ce que fut le monde des organistes au XX^e siècle. Cet ouvrage se présente comme un dictionnaire chronologique depuis Charles-Marie Widor jusqu'à Thierry Escaich. Un portrait de chaque artiste est ainsi dressé en une dizaine de pages en moyenne, suffisantes pour bien appréhender le personnage. On découvre là non pas de simples biographies mais l'expression même d'une personnalité émaillée d'évènements ou d'anecdotes permettant de mieux cerner chaque organiste. On pourra déplorer l'absence de certains musiciens dans cette sélection, mais l'éventail propose l'évocation des plus illustres, non seulement issus de l'école française, mais plus largement d'Europe et des États-Unis. Une place est réservée aussi aux organistes de jazz, de cinéma et aux joueurs d'orgues de barbarie.

Au début de l'ouvrage le lecteur est mis en condition par un avant-propos qui lui permet de mieux suivre la démarche des auteurs pour le choix des musiciens et aussi de la place qu'ils ont occupé dans ce monde si particulier de l'instrument à tuyaux. Inséré dans le rabat de la couverture, un simple CD en format MP3 d'une durée de presque 5 heures 30 minutes offre pas moins de 46 plages. Les amateurs se délecteront d'une telle mine dans laquelle on pourra extraire à loisir des documents historiques, inédits, extraits des réserves de l'INA. On entend en particulier Marcel Dupré jouant Bach en 1943, Helmut Walcha à Saint-Séverin en 1964, Marie-Claire Alain à Saint-Ouen de Rouen en 1999, Lionel Rogg aux Blancs-Manteaux à Paris en 1976 et Daniel Roth interprétant César Franck à Notre-Dame en 1971. On remarquera au passage un chapitre consacré à l'orgue Hammond et aux organistes qui l'ont pratiqué et lui ont donné certaines lettres de noblesse. Rhoda Scott, la plus célèbre organiste jazz « aux pieds nus », fit quelques incursions dans la musique classique avec son fameux album « Come Bach to me » remontant au début des années 70. Cet article consacré à ces musiciens de jazz organistes complète ce tableau agréablement, aux côtés des orgues de barbarie et de cinéma.

Renaud Machart par sa formation de musicologue apporte de précieux éléments biographiques et Vincent Warnier, au cœur même de ce monde de l'orgue, parle de certains musiciens qu'il a côtoyés, jusqu'à nous faire partager quelques situations ou anecdotes personnelles qui nous aident à mieux connaitre les personnages. C'est un livre qui pourra facilement satisfaire le néophyte comme le spécialiste.