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Henri Dutilleux (1916-2013) : Symphonie n°1 ; Métaboles ; Les Citations. Cyril Ciabaud hautbois, Mathieu Petit contrebasse, Romain Robine percussion, Kasia Tomczak-Feltrin clavecin. Orchestre national de Lille, direction : Jean-Claude Casadesus. 1 CD Naxos. Enregistré en juillet 2016 à Lille, dans l’auditorium du Nouveau Siècle. Livret anglais-français de Paul Conway. Durée: 61:27
Naxos
Cet enregistrement permet d'entendre des Français amoureux de leur répertoire – l'ONL et Casadesus ont déjà gravé des ouvrages de Dutilleux – restituer avec toute la vitalité et la clarté voulues une écriture des timbres si délicate.
Telle une fusée lancée en orbite, rien ne semble pouvoir arrêter la Symphonie n° 1 (1951), opus porté de la première à la dernière mesure par un irrésistible élan qui n'est pas sans rappeler Prokofiev, ce que ne contredit pas sa forme en arche, avec naissance, amplification et disparition progressive du son. Et il y a quelque chose de très réjouissant dans cette confiance en la musique, laquelle commence piano avec un ostinato de contrebasses vite secondées par les vents plantant leurs clous et les autres cordes s'étendant, elles, en longues nappes. Dès cette Passacaille, s'entendent les qualités de l'Orchestre national de Lille, très équilibré, ménageant tour à tour les différentes couches de timbres tout en restituant une couleur d'ensemble et respectant l'économie du matériau. On perçoit des réminiscences de Paul Dukas dans ce premier mouvement, qui par sa variété est comme une œuvre en soi. Pas de repos non plus dans le Scherzo entraînant gentiment mais fermement l'auditeur dans une sorte de spirale d'énergie. Atterrissage en douceur sur un Intermezzo instaurant un climat de mystère, et qui avance au gré d'une lente et constante variation de son unique thème. Le Finale, à la déclaration introductive fracassante, est lui aussi comme une œuvre dans l'œuvre, reprenant des éléments aux trois premiers mouvements et citant le thème initial dans un lento qui va morendo, le son retournant au silence d'où l'avait tiré les contrebasses du départ.
Plus intenses, plus resserrées et plus urgentes, telles apparaissent d'emblée les Métaboles de 1964, inaugurées il est vrai par l'Incantatoire, qui, comme son nom l'indique, est un appel. Dans cette musique abstraite, loin de toute figuration, seul compte le matériau, dont on suit les métamorphoses, le motif du premier mouvement étant restitué dans la coda du dernier, Flamboyant. Les percussions ne sont pas en reste dans cette partition ardente, mais ce sont les vents qui, dans ce véritable concerto pour orchestre, sont mis en avant : morceau de bravoure pour les instrumentistes.
Après la pyrotechnie des Métaboles, on apprécie le long récitatif du hautbois des Citations (1985–1990). Cyril Ciabaud s'y découvre le maître absolu d'un instrument réputé capricieux. Dans ce diptyque « littéraire » (les citations en questions renvoient à Peter Pears, Janequin et Jehan Alain), le soliste principal est épaulé par le clavecin (Kasia Tomczak-Feltrin), la contrebasse (Mathieu Petit) et les percussions de Romain Robine (marimba, timbales, caisse claire, cymbale). Dutilleux a un grand sens de l'épure et sa musique semble à la fois nécessaire et s'écouler naturellement.
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Henri Dutilleux (1916-2013) : Symphonie n°1 ; Métaboles ; Les Citations. Cyril Ciabaud hautbois, Mathieu Petit contrebasse, Romain Robine percussion, Kasia Tomczak-Feltrin clavecin. Orchestre national de Lille, direction : Jean-Claude Casadesus. 1 CD Naxos. Enregistré en juillet 2016 à Lille, dans l’auditorium du Nouveau Siècle. Livret anglais-français de Paul Conway. Durée: 61:27
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