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Agen. Théâtre Ducourneau. 2-XII-2018. Louis Varney (1844-1908) : Les Mousquetaires au couvent, opérette sur un livret de Paul Ferrier et Jules Prével, d’après L’Habit ne fait pas le moine d’Amable de Saint-Hilaire et Duport, adapté par Emmanuel et Jean-François Gardeil. Mise en scène : Emmanuel Gardeil. Costumes : Madeleine Nicollas. Décors : Jean Ghilardini. Lumières : Marion Jouhanneau. Avec : Maxime Cohen, Narcisse de Brissac ; Aurélie Fargues, Marie de Pontcourlay ; Olivier Montmory, Gontran de Solanges ; Jean-François Gardeil, l’abbé Bridaine ; Marine Boustie, Simone ; Margot Fillol, Louise de Pontcourlay ; Corinne Fructus, la mère supérieure ; Angélina Warnier, Sœur Opportune ; Emmanuel Gardeil, le gouverneur. Émilie Véronèse, piano
Avec sa troupe des Chants de Garonne rompue à ce genre d'ouvrage, le metteur en scène Emmanuel Gardeil monte de pétulants et cocasses Mousquetaires au couvent avec de savoureux dialogues en alexandrins.
Au XIXe siècle, à la suite du Comte Ory de Rossini, les genres dramatiques se sont volontiers invités dans les couvents, autant pour mettre à l'épreuve que tourner en dérision les vertus de leurs pensionnaires. Les compositeurs de théâtre ont pour leur part trouvé dans les genres sacrés autant de prétextes au raffinement musical qu'à la parodie débridée. Alors que l'opérette parisienne triomphait en Europe, Louis Varney s'imposa comme le successeur d'Offenbach avec cette intrigue historique où politique, armée et religion s'entremêlent. Dans sa province de Touraine, que peut la volonté du Cardinal de Richelieu lorsqu'un abbé rabelaisien vole au secours de fringants mousquetaires et de tendres novices ?
En plein conflit entre la jeune république et les congrégations, la Belle Époque fit un triomphe à ces Mousquetaires de belle facture. L'ouvrage populaire fut repris tout au long du XXe siècle et il rencontre encore le succès, notamment dans une mémorable reprise par Jérôme Deschamps et Laurent Campellone à l'Opéra Comique en 2015. Et c'est le cas de cette savoureuse production agenaise des Chants de Garonne.
L'argument, des plus légers, s'inscrit pleinement dans le style musical de l'époque et l'air du temps où certains compositeurs français entendaient lutter contre le wagnérisme ambiant par des airs brefs aux mélodies marquées et par la vivacité orchestrale. Surfant sur l'image populaire des mousquetaires, Emmanuel et Jean-François Gardeil se sont amusés à réécrire les dialogues en alexandrins, en clin d'œil au Cyrano d'Edmond Rostand et à la saga d'Alexandre Dumas, avec un côté bon vivant qui ne manque pas de rappeler le sulfureux Comte Ory de Rossini. Dynamique, joyeuse et enlevée, avec d'astucieuses allusions contemporaines dans les dialogues, la mise en scène convient parfaitement à cette pochade et l'on s'amuse autant sur scène que dans la salle.
Musicalement, soutenu par le piano d'Émilie Véronèse, qui sonne comme un orchestre, le chant comme le jeu d'acteurs sont à la fête. On apprécie vivement la truculence de Jean-François Gardeil en abbé Bridaine, ainsi que le côté bravache de Maxime Cohen en Brissac et la passion retenue d'Olivier Montmory en Gontran. Du côté féminin, la Simone de Marine Boustie brûle les planches, tandis que la Louise de Margot Fillol nous réjouit par sa délicieuse irrévérence et que la Marie d'Aurélie Fargue est des plus touchantes avec sa belle complainte en forme de confession. Dans des rôles non chantés, mais fort bien joués, la Sœur Opportune d'Angélina Warnier et la mère supérieure de Corinne Fructus ajoutent au côté dérisoire, tandis que le gouverneur d'Emmanuel Gardeil assume une certaine préciosité ridicule.
Sans grande surprise, mais parfaitement écrite, la musique de Louis Varney montre une belle efficacité théâtrale avec des airs enlevés et de savoureux ensembles. Et l'on goûte avec gourmandise le clin d'œil à La Périchole d'Offenbach dans l'air de la griserie de Brissac.
Crédits photographiques : © Paul Fave
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Agen. Théâtre Ducourneau. 2-XII-2018. Louis Varney (1844-1908) : Les Mousquetaires au couvent, opérette sur un livret de Paul Ferrier et Jules Prével, d’après L’Habit ne fait pas le moine d’Amable de Saint-Hilaire et Duport, adapté par Emmanuel et Jean-François Gardeil. Mise en scène : Emmanuel Gardeil. Costumes : Madeleine Nicollas. Décors : Jean Ghilardini. Lumières : Marion Jouhanneau. Avec : Maxime Cohen, Narcisse de Brissac ; Aurélie Fargues, Marie de Pontcourlay ; Olivier Montmory, Gontran de Solanges ; Jean-François Gardeil, l’abbé Bridaine ; Marine Boustie, Simone ; Margot Fillol, Louise de Pontcourlay ; Corinne Fructus, la mère supérieure ; Angélina Warnier, Sœur Opportune ; Emmanuel Gardeil, le gouverneur. Émilie Véronèse, piano