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Paris. Gaîté lyrique. 1-XII-2018. « Complet Marathon! ». Œuvres de Terry Riley, Philip Glass, John Adams, Steve Reich. Avec : Nicholas Horvath ; Ensemble Links ; DJ Renart ; Molécule ; Deux boules vanille
L'idée est de faire se rencontrer la musique écrite et le live électronique, le piano et les synthétiseurs, les instruments de percussions et l'outil numérique. La cinquième édition de Marathon (Complet Marathon!) à La Gaîté lyrique s'y emploie avec bonheur, emmenée par son directeur tout terrain Laurent Jacquier.
De 18h30 à pas d'heure, c'est un continuum sonore à hauts décibels que propose la soirée Complet Marathon!, que l'on peut apprécier un verre à la main mais où il est interdit de s'asseoir, s'agissant de la grande salle notamment. La manifestation affiche complet et la moyenne d'âge ne dépasse pas trente ans.
Le piano de Nicolas Horvath trône dans le très chic foyer historique de La Gaîté lyrique. Le pianiste est connu pour son endurance hors du commun : sa version non-stop des 35 h des Vexations de Satie au Palais de Tokyo ou son intégrale de l'œuvre pour piano de Philip Glass durant la Nuit blanche à la Philharmonie de Paris en 2017 en témoignent aisément. Si les minimalistes américains sont à l'affiche – Philip Glass mais aussi Terry Riley et John Adams – l'interprète aux doigts d'acier se limite ce soir à deux brefs modules de quarante-cinq minutes, défendant avec une belle énergie ce flux répétitif aux effets hypnotiques.
S'enchaîne sans transition la prestation du DJ Renart dans la grande salle, là où le public doit rester debout et peut éventuellement s'exprimer en dansant. Virtuose et inventif sur ses machines, l'artiste sonore évolue dans un espace lumineux qui participe du spectacle total. Tout aussi fougueux et réactif, le performer Molécule (avec son album « -22,7°C ») génère tout à la fois le son et l'image, de magnifiques paysages du grand Nord défilant sous nos yeux sous un volume sonore sempre crescendo et une puissance des basses rythmiques qui s'écoutent avec le corps. De l'excès également et une violence quasi tribale de la part du duo Deux boules vanille, deux batteurs sans concession déclenchant en direct des synthétiseurs pour jouer sur la distorsion et les effets bruiteux dans la mouvance de la noise music.
À 22h45 précises, l'Ensemble Links (Remi et Laurent Durupt & co) est sur le plateau de la grande salle pour donner Music for 18 musicians de Steve Reich, l'une des œuvres majeures et la plus accomplie du compositeur new-yorkais couronnant sa première période dite répétitive. La pièce convoque quatre pianos, cinq marimbas, quatre chanteuses, un quatuor instrumental (deux clarinettes, un violon et un violoncelle), deux maracas et un vibraphone (Remi Durupt) qui fait office de signalisation et de coordination sonore. Comme il aime le faire, Reich double le jeu instrumental par les voix de femmes qui en hybrident les timbres. Il s'agit pour les dix-huit musiciens de rester concentrés une heure durant, portés par la pulsation immuable du marimba sur lequel agissent les patterns mélodico-rythmiques qui s'y agrègent. Malgré l'espace un brin compressé du plateau où le son peine à se déployer, la pièce rencontre un franc succès, défendue vaillamment par l'Ensemble Links en parfaite synergie.
Marathon est une aventure à vivre, un témoignage in situ de transversalité artistique menée avec conviction par Laurent Jacquier, militant pour le mélange des genres et des pratiques, la confrontation des musiques et des publics, en proposant une affiche sélective et de très haute tenue.
Crédit photographique : Nicolas Horvath © Marathon
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