8e de Bruckner par Hartmut Haenchen et l’Orchestre royal du Danemark
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Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°8 en ut mineur (version 1890). The Royal Danish Orchestra, direction : Hartmut Haenchen. 1CD GENUIN classics. Notice en anglais et allemand. Enregistré en mai 2017 au Royal Danish Opera, Copenhague, Danemark. Durée : 69:20
GenuinÀ soixante-quatorze ans, Hartmut Haenchen enregistre avec l'Orchestre royal du Danemark la Symphonie n°8 d'Anton Bruckner dans une conception rapide, non exempte de finesse et de sensibilité.
Spécialiste du répertoire germanique et connu pour son approche intellectuelle des œuvres, Hartmut Haenchen se plonge dans la plus longue des symphonies de Bruckner, jouée ici dans un tempo rapide de 69 minutes, quand la plupart des chefs, sans aller jusqu'aux 100 minutes de Celibidache, dépassent souvent 75 minutes. Le gain de temps par rapport à l'une des références, la version live de la Tonhalle de Zurich sous Karl Böhm en 1978 (72 minutes), se fait surtout dans un Adagio d'à peine plus de vingt minutes, alors que les deux chefs choisissent ici la version 1890, dans laquelle ce mouvement comporte moins de mesures que dans la mouture de 1887. Le chef explique son choix dans un texte largement détaillé dans le livret, en anglais et allemand, disponible avec encore plus de détails sur le site du label, exclusivement en allemand.
Évidemment, les cordes de l'Orchestre royal du Danemark ne possèdent ni la matière de celles des Wiener de Giulini, Karajan, Böhm ou Boulez, ni l'onctuosité des Berliner de Furtwängler, Jochum ou Wand, mais elles développent un soyeux subtil. Cette sonorité s'adapte parfaitement au mouvement lent, porté d'un geste leste par Haenchen, qui ne s'attarde jamais sur les silences. Le Scherzo se démarque plus par sa dynamique que par la franchise des attaques, toujours justes mais trop peu nettes pour accrocher comme chez d'autres. La qualité des cuivres, notamment les cors, est à louer tout au long de l'enregistrement, jusque dans le choral d'ouverture du Finale.
La dynamique et le legato de la direction présentent la pâte sonore d'un Hartmut Heanchen plus sensible aujourd'hui qu'il y a quelques décennies. Une finesse qui s'accorde parfaitement à l'ensemble danois, capable de donner de la voix lorsque le timbalier est mis à contribution, notamment au dernier mouvement. La qualité de l'enregistrement, réalisé dans l'acoustique boisée du l'Opéra royal du Danemark construit par Jean Nouvel, présente un bon équilibre et une réverbération intègre, sans exalter non plus certaines fins de phrases, mieux portées par certaines salles à la sonorité plus cotonneuse. Cette proposition intéresse globalement et reste à découvrir après les références précitées et les live de Dresde de Haitink et Thielemann.
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Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°8 en ut mineur (version 1890). The Royal Danish Orchestra, direction : Hartmut Haenchen. 1CD GENUIN classics. Notice en anglais et allemand. Enregistré en mai 2017 au Royal Danish Opera, Copenhague, Danemark. Durée : 69:20
Genuin
69 minutes !!! Comment est-ce possible avec un mouvement initial « Allegro moderato … un Trio du Scherzo dans un tempo « Langsam » (lent) … un Adagio définit comme « Feierlich Langsam doch nicht schleppend » (lent mais pas trop) … soit l’exemple-typique de l’ambiguïté de la « lenteur » chez Bruckner c’est-à-dire, de toutes manières, PLUS LENT que les autres compositeurs … un Finale spécifiant « Feierlich nicht schnell » (Solennel – pas rapide) … ? Hartmut Haenschen a-t-il adopté la version « 1890 » de Léopold Nowak … c’est-à-dire celle qui admet les coupures dans l’Adagio et – SURTOUT ! – dans le Finale (notamment les mesures 345-386 et 583-646), DESASTREUSES, résultant des pressions outrecuidantes des frères Schalk sur un Bruckner dépressif après le rejet de la première version (de 1887) par Hermann Levi et rendant sa forme hagarde … ?
La plupart de chefs admettent la version dite « mixte », éditée par Robert Haas en 139 et mêlant le meilleur de la version 1887 avec la refonte de 1890 … Car il apparaît que maints de ces passages de la version 1887 ont été simplement rayés dans celle de 1890, Bruckner ayant dans une lettre adressée à Felix Weingartner, qu’il espérait que ces passages apparaîtraient « valides pour la postérité » !!! Et ce n’est pas parce que Robert Haas s’est compromis avec le nazisme que l’on doive rejeter cette version « réparatrice » de la lamentable « version Schalk » de 1892 dont on peut être certain qu’elle ne correspondait pas avec la pensée de Bruckner !!!
Personnellement, je considère « hérésiarque » cette interprétation « express » de Haenschen !!!