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Jean-Marc Luisada, merveilleux Eusebius à la salle Gaveau

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Paris. Salle Gaveau. 6-X-2018. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : sonate n° 2 en la majeur « Alla turca ». Robert Schumann (1810-1856) : Davidsbündlertänze op. 6. Franz Schubert (1797-1828) : sonate n° 21 en si bémol majeur D. 960

Luisada

se produit peu mais ne laisse jamais indifférent. Un public enthousiaste et nombreux l'accueillait salle Gaveau, pour entendre sa version de concert des Davidsbündlertänze récemment sortie au disque, en diptyque avec la Sonate n°21 de Schubert.

En prélude à ces deux monuments du piano romantique vient la Sonate « Alla turca », tube mozartien et passage obligé de générations d'apprentis pianistes. Justement, il n'est pas exagéré d'y voir un modèle d'interprétation, dans lequel perce peut-être le pédagogue qu'est Luisada. L'équilibre entre les voix, le jeu détaché et enrobé de pédale, la beauté de la ligne de chant, le choix des tempi, parfaitement andante dans l'exposition du thème et point trop rapide dans le mouvement « alla turca » : toute une technique mise au service d'une interprétation claire, mais chaleureuse, dans laquelle il instille des fantaisies (ralentis, accentuations, articulation) dont profitent les reprises.

Comme souvent lorsqu'un concert suit la sortie d'un enregistrement, ces Davidsbündlertänze semblent plus spontanés et humains, mais portent aussi les marques de fatigue du pianiste. L'auditeur aura donc tout intérêt à écouter le disque, d'où seront absents les petits dérapages (deuxième Lebhaft), l'impression de pointillisme, de touches effleurées dans les passages vifs de la première partie (Mit Humor, Frisch…). C'est qu'outre les difficultés de la pièce, les choix d'interprétation de sont particulièrement exigeants : vivacité des tempi (dès le premier Lebhaft), motifs joués de manière serrée et légère, accentuations (marquées dans Mit gutem Humor), articulation des notes (soin des détachés et pizzicati)… Pourtant l'auditeur ne peut être indifférent à cette vision originale, tant par son espièglerie, sa vivacité que par son lyrisme. L'exposition du thème d'Eusebius (Innig) aurait suffi à combler l'auditeur, tant il porte d'émotion, tout comme la réconciliation finale des figures d'Eusebius et Florestan, du rêve et de la fougue (Wie aus der Ferne, Nicht Schnell).

Au retour d'entracte, la Sonate de Schubert se fait sereine et presque recueillie, sans transitions dramatiques dans le premier mouvement, mettant plutôt en avant le lyrisme, avec un équilibre entre les voix et une douceur du toucher qui rappellent presque le Mozart du début de concert. Ces qualités font merveille dans l'Andante sostenuto, ennuyeux chez d'autres par sa simplicité, où se déploie la grande courbe mélodique de Schubert sur un accompagnement au balancement captivant. En revanche l'Allegro final est malicieux et fantaisiste, non sans les coquetteries inattendues qu'affectionne , jusqu'au Presto qui conclut l'œuvre avec brio.

Quatre bis terminent ce concert, dont une belle Mazurka n° 4 op. 17 de Chopin (émoi dans la salle), sous les applaudissements chaleureux du public.

Crédits photographiques : Jean-Marc Luisada © Éric Manas

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Paris. Salle Gaveau. 6-X-2018. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : sonate n° 2 en la majeur « Alla turca ». Robert Schumann (1810-1856) : Davidsbündlertänze op. 6. Franz Schubert (1797-1828) : sonate n° 21 en si bémol majeur D. 960

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