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Stuttgart. Opernhaus. 4-XI-2018. Requiem pour L. Mise en scène et scénographie : Alain Platel ; musique : Fabrizio Cassol d’après le Requiem de Mozart ; costumes : Dorine Demuynck. Avec Rodriguez Vangama, Boule Mpanya, Fredy Massamba, Russell Tshiebua, Nobulumko Mngxekeza, Owen Metsileng, Stephen Diaz/Rodrigo Ferreira, Joao Barradas, Kojack Kossakamvwe, Niels Van Heertum, Bouton Kalanda, Erick Ngoya, Silva Makengo, Michel Seba
Réduit à un accompagnement musical sans saveur et à un travail scénique minimal, Requiem pour L. ne va nulle part, mais la démarche est encore plus problématique que cela.
Dans les arts du spectacle, la simplicité est souvent une vertu. Face au Requiem de Mozart, Alain Platel choisit un dispositif simple : en fond de scène, une vidéo montre la mort d'une femme, en plan presque fixe – c'est cette L. qui est citée dans le titre, sans qu'on sache quoi que ce soit d'autre sur elle. Sur la scène, des parallélépipèdes noirs de hauteur diverses, qui font penser à des tombes ou au monument berlinois aux victimes de la Shoah. Debout, assis, couchés sur ces tombes, une quinzaine de musiciens, chanteurs classiques ou non, instrumentistes, pour la plupart africains, qui interprètent une partition qui intègre les grands moments du Requiem de Mozart et des influences africaines. Le tout pendant une heure et quarante-cinq minutes.
On pourra discuter de l'éventuel voyeurisme du dispositif, tout comme de ce présupposé esthétique curieux qui veut que l'art ne peut que s'effacer devant la reproduction mécanique de la réalité. On pourra aussi trouver pour le moins problématique que les musiciens africains présents sur scène aient eu besoin de la médiation de Fabrizio Cassol pour avoir droit de cité sur nos scènes. Ce phénomène par lequel on consent à présenter les productions artistiques et intellectuelles de citoyens du vaste monde à condition de les passer au filtre d'une médiation porte un nom : l'appropriation culturelle. Ce que fait Cassol est une forme de world music, autrement dit non pas une ouverture au monde, mais une manière de digérer ce qui nous est étranger pour en neutraliser toutes les aspérités. Musicalement, c'est sans saveur et sans force, tant c'est aseptisé ; scéniquement, il n'y a rien à voir à part quelques stéréotypes de danse en rythme sur la musique ; émotionnellement, on peut se laisser prendre par la mort en direct (ou presque), ou n'y voir qu'un processus qui affirme sa vérité pour se dispenser de toute réflexion.
Crédit photographique : © Chris van der Burght
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Stuttgart. Opernhaus. 4-XI-2018. Requiem pour L. Mise en scène et scénographie : Alain Platel ; musique : Fabrizio Cassol d’après le Requiem de Mozart ; costumes : Dorine Demuynck. Avec Rodriguez Vangama, Boule Mpanya, Fredy Massamba, Russell Tshiebua, Nobulumko Mngxekeza, Owen Metsileng, Stephen Diaz/Rodrigo Ferreira, Joao Barradas, Kojack Kossakamvwe, Niels Van Heertum, Bouton Kalanda, Erick Ngoya, Silva Makengo, Michel Seba
Un requiem évoque la mort. J’ai assisté à ce spectacle et ai été subjugué mais dérangé par l’image de la mort projetée qui ne m’ a pas permis pas d’entendre la musique. J’écoute la musique seule et elle me plait mais la musique seule n’est pas le spectacle qui m’ a marqué. Excellente prestation artistique mais très dure émotionnellement.
La « reproduction mécanique de la réalité » n’est que dans votre tête … la mort est-elle une réalité pour quiconque ? (la sienne pas celle des autres)
Un présupposé esthétique d’un éventuel voyeurisme qui est une manière de digérer en neutralisant toutes les aspérités : votre logiciel d’ IA n’est pas encore très évolué. Jolis mots sans sens !