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Nelson Freire ou l’évidence pianistique à la Philharmonie de Paris

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Paris. Philharmonie, Grande Sslle Pierre Boulez. 26-X-2018. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n° 14 en ut dièse mineur op. 27 n° 2 dite « Clair de lune » ; Sonate n° 31 en la bémol majeur op. 110. Claude Debussy (1862-1918) : Reflets dans l’eau, extrait d’Images, livre I ; Poisson d’or, extrait d’Images, livre II. Ignacy Jan Paderewski (1860-1941) : Nocturne en si bémol majeur op. 16. Frédéric Chopin (1810-1849) : Impromptu n° 2 en fa dièse majeur op. 36 ; Mazurka en la mineur op. 17 n° 4 ; Mazurka en si mineur op. 33 n° 4 ; Ballade n° 3 en la bémol majeur op. 47. Nelson Freire, piano

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Invité régulier de la Philharmonie de Paris, séduit le public parisien dans Beethoven, Debussy et Chopin, par son interprétation envoûtante qui sonne comme une évidence.

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Après plus de soixante ans d'une carrière internationale hors du commun, le pianiste continue, au fil des récitals, de nous étonner par la pertinence de ses interprétations et le naturel de son jeu. « Je dois être amoureux d'un répertoire pour le jouer ou l'enregistrer » ne cesse-t-il de répéter, dévoilant ainsi le secret de ses lectures envoûtantes de Chopin, Schumann, Brahms, Debussy, Beethoven, Bach pour lesquelles il reçut nombre de récompenses internationales.

Héritier de la grande tradition pianistique, alliant le naturel de Rubinstein et l'imagination d'Horowitz, nous livre, ce soir, un programme regroupant ses compositeurs fétiches, où il peut faire valoir toutes les différentes facettes d'un art où l'exigence le dispute au quintessencié.

Dans la première partie de concert consacrée à Beethoven, s'adresse à nous sur le ton de la confidence. La Sonate « au clair de lune » est intense d'émotion et de poésie. L'Adagio initial émeut par sa douceur, son legato, son tempo juste et sa noble mélancolie, exempte de tout pathos. L'Allegretto d'un lyrisme tempéré se déploie comme « une fleur entre deux abîmes » avant que le Presto final ne laisse la virtuosité reprendre ses droits dans une cavalcade effrénée, où la main gauche fait des prouesses. Dans la Sonate n° 31, composée vingt ans plus tard, avant-dernière sonate du corpus, Beethoven, sourd, quitte le monde des apparences pour se replier dans son monde intérieur. Le Moderato fait preuve d'une fluidité inquiète, sorte d'errance sans but à laquelle la variété du jeu de Nelson Freire confère toute sa puissance d'évocation. Le court Allegro, plus typé, laisse rapidement place à un Adagio douloureux qui sait habiter les silences, avant que la Fugue finale envoûtante, grave, orchestrale et rayonnante ne signe définitivement la renaissance de l'espérance.

C'est ensuite à que le pianiste rend hommage, avec deux pièces extraites des Images I et II, Reflets dans l'eau et Poissons d'or, où le jeu fluide et le piano plus orchestral de Nelson Freire rendent justement compte de l'imaginaire debussyste peuplé de brouillard, d'éléments aquatiques (La Mer est contemporaine du Livre II), de silences et de mystère, mais où manquent, toutefois, un peu de poésie et d'émotion pour convaincre totalement.

On oubliera rapidement le Nocturne de Paderewski, joué ensuite, qui constitue certainement le maillon faible de cet exigeant programme, avec une partition bien pâlotte qui manque de caractère, se complaisant dans un romantisme suranné.

Heureusement, c'est avec que Nelson Freire termine ce récital. Si l'Impromptu n° 2 paraît joué avec un détachement excessif, les deux Mazurkas (op. 17 n° 4 et op. 33 n° 4) remportent tous les suffrages par la profondeur d'interprétation de la première, où transparaît toute la douleur de l'exil, et par l'engagement de la seconde où se conjuguent chant et danse. La Ballade n° 3 op. 47 conclusive porte l'enchantement à son comble par la beauté et la rondeur de la sonorité, par la pertinence et la souplesse du phrasé et par son dynamisme irrésistible.

En bis, La Mort d'Orphée de Gluck arrangée par Sgambati témoigne encore de l'exceptionnel toucher du pianiste brésilien, tandis que la Noce à Troldhaugen de Grieg conclut la soirée par une démonstration de virtuosité non ostentatoire.

Crédit photographique : Nelson Freire © Benjamin Ealovega

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Paris. Philharmonie, Grande Sslle Pierre Boulez. 26-X-2018. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n° 14 en ut dièse mineur op. 27 n° 2 dite « Clair de lune » ; Sonate n° 31 en la bémol majeur op. 110. Claude Debussy (1862-1918) : Reflets dans l’eau, extrait d’Images, livre I ; Poisson d’or, extrait d’Images, livre II. Ignacy Jan Paderewski (1860-1941) : Nocturne en si bémol majeur op. 16. Frédéric Chopin (1810-1849) : Impromptu n° 2 en fa dièse majeur op. 36 ; Mazurka en la mineur op. 17 n° 4 ; Mazurka en si mineur op. 33 n° 4 ; Ballade n° 3 en la bémol majeur op. 47. Nelson Freire, piano

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