À Vicence, la soprano Sylvia Schwartz invite Mozart
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Vicence. Teatro Olimpico. 13-X-2018. Gioachino Rossini (1792-1868) : Ouverture de l’Italiana in Algeri, Ouverture de La Gazza Ladra. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Giunse alfin il momento…Deh vieni non tardar, La ci darem la mano. Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie n° 5 en si bémol majeur. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Una furtiva lagrima. Anton Dvorák (1841-1904) : Légende n° 10 en si bémol mineur op. 59, « Odzemek », extrait des Dances slaves op. 72/1. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Mercè, dilette amiche. Zoltán Kodály (1882-1967) : Danses de Galánta. Sylvia Schwartz, soprano. Tassis Christoyannis, baryton. Xabier Anduaga, ténor. Eva mei, soprano. Budapest Festival Orchestra. Direction musicale : Iván Fischer
Après l'excellent Falstaff en ouverture du tout nouveau Vicenza Opera Festival, Iván Fischer convie son public à un concert lyrico-symphonique du Budapest Festival Orchestra où les quelque quatre cents places du mythique Teatro Olimpico, ultime chef d'œuvre architectural d'Andrea Palladio (1508-1580) sont toutes occupées.
L'orchestre au grand complet est cette fois disposé sur toute la largeur de la scène. On pourra ainsi apprécier plus amplement la qualité de cet ensemble qui, à cause de la disposition quelque peu inhabituelle qu'il avait lors du Falstaff de la soirée précédente pouvait difficilement favoriser la cohésion des pupitres.
Dès les premiers accents de l'ouverture de l'Italiana in Algeri de Rossini, on note la qualité évidente de cet orchestre. Les attaques sont franches, précises, même dans les pianissimi. À grands gestes, Iván Fischer tient son ensemble dans une interprétation bien ciselée et dynamique. Toutefois, est-ce l'effet de l'acoustique excessivement réverbérante du théâtre ? Reste que dans les tutti forte typiques de la musique rossinienne, la netteté des ensembles qui, jusque là était irréprochable, tend à tomber dans la confusion sonore. Un travers qu'on retrouvera dans l'autre œuvre de Rossini au programme, l'ouverture de La gazza ladra.
Avec Mozart, le Budapest Festival Orchestra retrouve un idiome musical plus intimement lié à ses racines. L'introduction au récitatif puis à l'air de Susanna « Giunse alfin il momento… Deh vieni non tardar » tiré des Noces de Figaro offre un tapis parfait pour la soprano Sylvia Schwartz. À peine a-t-on entendu ses premières notes qu'on est transporté par ce qui s'avèrera l'un des les plus émouvants moments de la soirée. Prenant un tempo favorisant l'expression mélodique, la soprano espagnole module sa voix avec un phrasé d'une beauté languissante. Elle dessine sa complainte amoureuse avec une rare intelligence interprétative, sans effets de démonstration. Avec une voix ronde, flexible et chaleureuse, dans l'esprit des grandes mozartiennes du passé, Sylvia Schwartz semble avoir trouvé là l'expression parfaite de son chant. Le public ne s'y est pas trompé en lui réservant un triomphe qu'il confirmera lorsque, avec la complicité du baryton Tassis Christoyannis, elle charmera l'audience avec un magnifique « La ci darem la mano » tiré de Don Giovanni.
L'esprit de la musique du XVIIIe siècle perdure dans la Symphonie n° 8 de Franz Schubert avec un Iván Fischer aérien signant les contrastes sonores avec une belle musicalité. On apprécie particulièrement sa manière d'aborder le long Andante con moto en le colorant d'interventions subtiles des bois, par ailleurs excellents.
Retour à l'opéra avec le ténor espagnol Xabier Anduaga. En choisissant le fameux air « Una furtiva lagrima » de L'Elisir d'Amore de Gaetano Donizetti, on mesure alors la véritable impression que le chanteur espagnol avait laissé lors de sa prestation de Fenton, le jour précédent. Pas de miracle, le jeune ténor (23 ans !) rejoint rapidement les limites d'une voix encore trop verte. Quoique doté d'un bon matériel vocal, il doit encore améliorer sensiblement l'homogénéité de son émission vocale et comme d'ouvrir sa voix avec plus de décontraction. Un artiste prometteur cependant.
Après deux belles pages d'Antonín Dvořák où le Budapest Festival Orchestra retrouve pleinement ses marques, la soprano Eva Mei offre un « Mercè, dilette amiche » tiré de I Vespris Siciliani de Giuseppe Verdi malheureusement au-dessus de ses moyens vocaux actuels.
Le Budapest Festival Orchestra sous la baguette énergique de son chef Iván Fischer clôt sa prestation avec les Danses de Galánta de Zoltán Kodály. Cette musique parle à chaque musicien de l'ensemble (quelle superbe clarinette solo !) et chacun s'emploie joyeusement à la transmettre à l'auditoire. L'allegro final est irrésistible. Ses dernières mesures envoyées, le public s'est levé d'un bond pour ovationner chaleureusement cette prestation idoine.
Crédit photographique : © Iván Fischer © NicolasBrodard, BFO © Francesco Dalla Pozza
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Vicence. Teatro Olimpico. 13-X-2018. Gioachino Rossini (1792-1868) : Ouverture de l’Italiana in Algeri, Ouverture de La Gazza Ladra. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Giunse alfin il momento…Deh vieni non tardar, La ci darem la mano. Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie n° 5 en si bémol majeur. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Una furtiva lagrima. Anton Dvorák (1841-1904) : Légende n° 10 en si bémol mineur op. 59, « Odzemek », extrait des Dances slaves op. 72/1. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Mercè, dilette amiche. Zoltán Kodály (1882-1967) : Danses de Galánta. Sylvia Schwartz, soprano. Tassis Christoyannis, baryton. Xabier Anduaga, ténor. Eva mei, soprano. Budapest Festival Orchestra. Direction musicale : Iván Fischer