Mahler, puis Bruckner, enfin Schubert. L'étrange voyage à rebours de Mariss Jansons dans l'histoire de la Symphonie autrichienne atteindrait-elle à son point de non retour ?
Le tempo tranquille de l'Andante, ses phrasés dosés, l'élan assez Mendelssohn de l'Allegro ma non troppo, tout cela augure assez mal d'une symphonie qu'on voudrait fidèle à son qualificatif : Grande, par l'ampleur, par la forme, par le ton.
Ici elle n'est pas même élancée, jouée dans un tempo médian, en dynamiques tranquilles et parfois avec un rebond incongru ; si l'Andante con moto est une marche, alors c'est celle d'une randonnée sans histoire. La banalité des phrasés laisse pantois, le manque d'imagination dans les épisodes confine à l'ennui. Le Scherzo passera tout aussi vide, métrique, sans accents, sans appui, joué parfaitement, vide parfaitement, prélude à un final sans soleil, avec de pâles clairons qui s'époumonent mais malgré toutes les reprises.
On est loin de l'ivresse de Josef Krips à Londres, loin d'Eugen Jochum (avec les mêmes Bavarois des décennies plus tôt pour Deutsche Grammophon), de Charles Munch ou du « live » de Fritz Reiner avec Chicago dévoilé tout récemment. À la coda s'impose la certitude d'un concert édité pour rien, sinon pour risquer de faire accuser Mariss Jansons d'académisme, ce qui serait un comble. Parfois il vaudrait mieux ne pas publier.