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Une ouverture de saison en miroir pour Court-Circuit

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Paris. Salle Cortot. 17-IX-2018. Ion Marmarinos (né en 1975) : Rencontres pour saxophone, percussion et contrebasse (création mondiale) ; Farnaz Modarresifar (née en 1985) : Three of pentacles pour saxophone, percussion et contrebasse (création mondiale) ; Martin Matalon (né en 1958) : Prélude and blue pour saxophone, percussion et contrebasse ; Trace pour violon et électronique ; Trace pour piano et électronique ; Igor Stravinsky (1882-1971) : Trois pièces pour clarinette ; L’Histoire du soldat, Suite pour piano, violon et clarinette. Clarinette, Pierre Dutrieu ; saxophone, Vincent David ; percussion, Ève Payeur ; piano, Jean-Marie Cottet ; violon, Alexandra Greffin-Klein ; Contrebasse, Didier Meu ; électronique et informatique musicale musicale, Motus

martin011Pour son premier concert de la saison, l'  propose son cycle « En miroir », mettant en perspective la musique d' et de . La Compagnie Motus a installé son acousmonium dans la Salle Cortot pour les deux pièces électroniques du compositeur argentin.

En préambule, et sans autre explication (quelques mots du directeur auraient été bienvenus), deux pièces d'étudiants en composition à l'École Normale de Musique de Paris précèdent Prélude and blue de Matalon écrit pour la même formation, à savoir saxophone, contrebasse et percussion. En création mondiale, Rencontres, du Grec , instaure une dimension théâtrale au sein du trio où le saxophone soprano – lumineux – fait figure de personnage principal. La compositrice iranienne (et virtuose du santour) recherche au contraire la fusion des timbres et la richesse du spectre dans Three of pentacles, élaborant ses textures dans la finesse microtonale. Prélude and blue de Matalon est un diptyque aux contrastes accusés. Pulsation et synergie du jazz s'exercent dans Prélude mettant en vedette le vibraphone (Ève Payeur à quatre baguettes) et la contrebasse de Didier Meu. Blue invite à une autre écoute, dans un temps suspendu où les slaps du saxophone alto rehaussent les sonorités d'une percussion très colorée.

On entre dans le vif du sujet (la confrontation Matalon/Stravinski) avec Trace VIII pour violon et électronique (2012) invitant sur scène . Débuté en 2004 (Trace I pour violoncelle), le cycle des Traces de Matalon se poursuit aujourd'hui, l'idée étant d'éprouver les capacités de chaque instrument en lien avec l'outil électronique et à travers une recherche formelle et timbrale qui varie au gré du matériau choisi. Trace VIII est une manière de « Toccatina » où les sonorités très percussives du violon, sollicitant autant de modes de jeu spécifiques (staccato, con legno battuto, etc.), sont filtrées par différentes sourdines et laissent leur « trace » dans un espace librement dessiné via l'électronique et les logiciels de transformation. Avec une concentration exemplaire, l'interprète en détaille toutes les subtilités. Les Trois pièces pour clarinette de Stravinsky qu'enchaîne ensuite sont aussi courtes que redoutables, par leur complexité rythmique et le jeu des registres qu'elles explorent. Après la ligne tendue et virevoltante du deuxième numéro, c'est une performance acrobatique qu'exige Stravinsky sur la clarinette en si bémol, dans un dernier volet irradiant qui ne déstabilise aucunement notre interprète. Spectaculaire également est la Trace XIII pour piano et électronique (2017), convoquant la virtuosité du geste et les réponses souvent inattendues de l'électronique. , dont on salue la performance, joue avec un « clic » dans l'oreille pour la synchronisation avec la partie électronique, « faux temps réel » (les sons ont été fixés sur support) comme le revendique le compositeur qui opte aujourd'hui pour cette solution de confort. La Salle Cortot est l'écrin idéal pour la projection spatiale assurée par les deux réalisateurs en informatique musicale Motus, et .

Le concert s'achève par la suite en trio (violon, clarinette et piano) de L'Histoire du soldat que Stravinsky réalisa en 1919. Elle réunit cinq numéros de ce chef d'œuvre absolu que l'exécution superlative de nos trois interprètes (, et ) ne saurait démentir : grain et raucité des cordes, sans sécheresse pour autant, couleur fauve et énergie du son de la clarinette, synergie enfin des trois partenaires qui ponctuent la soirée par une « Danse du diable » revitalisante.

Crédit photographique : Martin Matalon © DR – http://martinmatalon.com

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