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Paris. Auditorium de la Maison de la Radio. 6-IX-2018. Nicolaï Medtner (1880-1951) : Sonate pour piano n° 10 en la mineur op. 38 n° 1 « Réminiscence ». Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Trio élégiaque n° 2. Evgeny Svetlanov (1928-2002) : Poème pour violon et orchestre. Vadim Repin, violon. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Roméo et Juliette, ouverture fantaisie. Boris Berezovsky, Andreï Korobeinikov, piano ; Dmitri Makhtin, violon ; Alexander Kniazev, violoncelle. Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Andris Poga
Dans le cadre du Concours International de Chefs d'Orchestre Evgeny Svetlanov à la Maison de la Radio, un hommage est rendu au chef russe avec au programme deux œuvres chambristes portées par les pianistes Boris Berezovsky et Andreï Korobeïnikov, puis une pièce symphonique de Svetlanov lui-même développée par Vadim Repin et l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction d'Andris Poga.
Marina Bower n'était pas seulement l'agente d'Evgeny Svetlanov, elle était aussi une intime collaboratrice qui aujourd'hui encore assure la mémoire de l'œuvre et l'héritage musical de l'un des musiciens les plus importants du XXe siècle. En plus du Concours de chef d'orchestre au nom de l'artiste, dont c'est la quatrième édition cette année, Mme Bower apporte sur la scène de l'Auditorium de Radio France, pour une soirée hommage, une magnifique sélection de grands solistes russes actuels.
Boris Berezovsky entre en scène pour se mettre seul au piano et interpréter une œuvre enregistrée par Svetlanov lui-même, la sublime Sonate « Réminiscence » de Nikolaï Medtner. Le jeu est agile et permet des ruptures et des accélérations de tempi que n'avait osé celui à qui l'on rend hommage ce soir. L'art de Berezovsky se montre parfaitement contrôlé, non seulement dans le toucher, mais aussi dans la gestion fine de la pédale, presque toujours utilisée discrètement au début de chaque mesure.
Il s'échappe après dix minutes seulement de jeu et laisse sa place à un autre passionnant pianiste russe actuel, Andreï Korobeïnikov, accompagné au violoncelle par Alexander Kniazev et au violon par Dmitri Makhtin. Le compositeur interprété était l'un des favoris de Svetlanov, qui choisit sa cantate Les Cloches pour ce qu'il savait être son ultime concert. Il a également enregistré de Rachmaninov le Trio élégiaque joué à présent, en 1975 avec Leonid Kogan et Fedor Luzanov. Le jeu de Korobeïnikov se démarque très largement de celui de Berezovsky dans Medtner, sans non plus faire oublier la nationalité et l'école dont il vient dès qu'il touche le clavier. Le violon de Makhtin ne correspond pas tout à fait à la sonorité plus intimiste du violoncelle de Kniazev, mais les trois artistes s'accordent grâce à leur qualité individuelle et livre un superbe tempo rubato ainsi qu'une intense marche funèbre.
Après l'entracte, l'Orchestre Philharmonique de Radio France, énormément sollicité lors de cette semaine de concours où il a participé à toutes les épreuves pendant de longues heures, entre en scène accompagné par le violoniste Vadim Repin et le chef Andris Poga. Le soliste semblait depuis plusieurs années avoir perdu une partie de sa maestria, dans l'agilité comme dans la puissance du doigté. Il apparaît aujourd'hui rajeuni et amaigri, en parfaite santé, impression confirmée par la puissance du discours dès la première phrase du Poème composé par Svetlanov lui-même en hommage à David Oïstrakh, enregistré par le chef à l'époque avec le fils de David, Igor Oïstrakh. L'ouvrage n'est pas le plus important du XXe siècle, mais, un peu à la manière du premier mouvement du Concerto pour violon de Korngold, il trouve un thème superbe qu'il traite entre violon solo et orchestre pendant une quinzaine de minutes, avec une tendresse qui ne peut que rappeler la géniale nature humaine de Svetlanov, ce soir magnifiée par l'archet d'une rare sensibilité de Repin, et par l'accompagnement d'une grande délicatesse d'Andris Poga.
L'orchestre revient une dernière fois, cette fois-ci avec le chef seulement, pour s'atteler au compositeur favori de Svetlanov, Piotr Ilitch Tchaïkovski. L'ouverture fantaisie Roméo et Juliette pourra surprendre par tant de douceur et de bonhomie de la part d'un jeune chef qui est en train de confirmer toutes ses promesses. Sa délicatesse pourra troubler dans le trop gentil combat des Capulets et Montaigu, mais c'est dans les thèmes d'amour que se démarque la finesse du geste et la passion, tout particulièrement dans l'entrelacement des thèmes de Roméo et Juliette, pour une vision douce et relativement peu narrative de l'œuvre écrite d'après Shakespeare.
Crédit photographique : Andris Poga © Janis Porietis
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ET tous les artistes viennent de l’agence Sarfati, il suffit d’aller sur leur site….ça ne semble pas vous étonner ?
Magnifique soirée, avec des solistes remarquables.