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Mort à Paris il y a 290 ans, le 15 août 1728, Marin Marais aura marqué son temps principalement grâce à ses réflexions d'instrumentiste autour de la viole de gambe et comme compositeur dont le catalogue se tourne principalement vers cet instrument. Ce grand défenseur du style français, face à son rival Forqueray adepte du style italien, saura aussi se faire remarquer dans le monde de l'opéra sous le regard approbateur de son maître, Jean-Baptiste Lully.
César du meilleur film (Tous les matins du monde réalisé par Alain Corneau), César de la meilleure actrice dans un second rôle (Anne Brochet), César du meilleur réalisateur (Alain Corneau), César de la meilleure musique (Jordi Savall), César de la meilleure photographie (Yves Angelo), César des meilleurs costumes (Corinne Jorry) et César du meilleur son (Gérard Lamps, Pierre Gamet et Anne Le Campion) : Marin Marais a explosé le box-office du cinéma français en 1992, propageant de cette manière un regain d'intérêt populaire pour l'une des figures musicales françaises les plus importantes de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. La musique sensible de Marin Marin a toujours aujourd'hui le vent en poupe en étant régulièrement défendue par des musiciens de talent, à l'image du dernier enregistrement de l'ensemble La Rêveuse autour de ces deux derniers livres de violes (Clef ResMusica), répertoire aussi porté par L'Achéron autant en concert qu'en disque, alors que les opéras Alcyone à l'Opéra Comique et Sémélé par Les Ombres font les beaux jours des amoureux du chant lyrique. En avril dernier, c'est un précieux manuscrit annoté par le maître de 1720 d'un recueil de Pièces de viole empruntées aux cinq livres qui faisait parler, la Société française de Viole ayant réussi à le maintenir au sein du patrimoine français pour la somme de 18 000 € après un combat acharné lors de la vente aux enchères organisée à Drouot : « Tous les téléphones étaient occupés ainsi que l'Internet. Par rapport au manuscrit de Debussy ou bien de Stravinsky, il était le plus demandé ! », rapporte Jonathan Dunford chargé de son acquisition.
Parisien tout au long de sa vie, dont la plus grande partie de celle-ci au service du roi Louis XIV, c'est avec la viole de gambe que ce fils de cordonnier né le 31 mars 1656, se construit une réputation prestigieuse et légitime, puisque le musicien porta son instrument à son plus haut degré de perfection. Enfant de chœur à Saint-Germain-l'Auxerrois au même moment que Michel-Richard de Lalande, c'est à l'âge de seize ans que le jeune Marin Marais devient l'élève du célèbre violiste français Augustin Dautrecourt, dit Monsieur de Sainte-Colombe, après avoir suivi l'enseignement de Hottemann. Évrard Titon du Tillet rapporte ainsi en 1732 les propos de l'enseignant sur son brillant élève : « interrogé par des personnes de distinction sur ce qu'il pensoit de sa manière de jouer, il leur répondit qu'il avoit des élèves qui pouvoient surpasser leur maître, mais que le jeune Marais n'en trouveroit jamais qui le surpassât ». À vingt-quatre ans, ce ne sera pas moins que Jean-Baptiste Lully qui deviendra son professeur de composition.
Un violiste estimé tout au long de sa carrière par le roi Louis XIV
L'année de son mariage avec Catherine d'Amicourt en 1676, à peine âgé de vingt ans, Marin Marais intègre l'Orchestre royal avec sa basse de viole pour évoluer trois ans plus tard en tant qu'« ordinaire de la Chambre du Roy pour la viole », et cela jusqu'en 1725. Durant plus de quarante ans, le violiste écrira plus de six-cent cinquante pièces dédiées à son instrument, et publiées sous la forme de cinq livres de Pièces à une et deux violes entre 1685 et 1725 (1686, 1701, 1711, 1717 et 1725), deux livres de Pièces en trio pour les flûtes, violons et dessus de viole (1692) et La Gamme et autres morceaux de symphonie pour le violon, la viole et le clavecin (1723). C'est un langage harmonique original doté d'un chromatisme expressif, de fréquentes modulations et de l'alternance de pièces descriptives et de danses qui fait la richesse de ces compositions dont l'écriture rigoureuse se rapproche pourtant de l'improvisation : « son grand savoir paroît dans beaucoup de ses ouvrages […] une pièce de son quatrième Livre, intitulée Le Labyrinthe, où après avoir passé par divers tons, touché diverses dissonances, et avoir marqué par des tons graves, et ensuite par des tons vifs et animés l'incertitude d'une homme embarrassé dans un labyrinthe, il en sort enfin heureusement, et finit par une Chaconne d'un ton gracieux et naturel. Mais il a surpris encore davantage les connaisseurs de musique par sa pièce appelée, La Gamme, qui est une pièce de symphonie qui monte insensiblement par tous les tons de l'octave, et qu'on descend ensuite en parcourant ainsi par des chants harmonieux et mélodieux tous les tons différents de la musique. » (Évrard Titon du Tillet, 1732)
Instrumentiste virtuose, Marin Marais crée une méthode de doigtés dont l'influence se révèle décisive pour la technique de jeu des gambistes. Sur la viole, le musicien innova en rajoutant une septième corde. Il fut également le premier violiste qui fit filer en fil de laiton les trois grosses cordes de l'instrument afin de leur donner plus de tension et donc plus de sonorité sans en augmenter la grosseur, et sans leur donner trop d'élévation au-dessus de la touche.
Marin Marais à l'opéra, où la défense du style français
De 1695 à 1710, Marin Marais est violiste dans l'Orchestre de l'Opéra de Paris, phalange menée par son maître Jean-Baptiste Lully qui lui confiait parfois la battue de la mesure. Après la disparition du surintendant, Marin Marais écrit quatre ouvrages lyriques : Alcide en collaboration avec Louis Lully, le fils (1693), Ariane et Bacchus en 1696, Sémélé en 1709, et Alcyone en 1706, œuvre la plus célèbre en raison du fameux passage orchestral descriptif plus communément appelé la Tempête : Marais imagina de faire exécuter la basse de sa Tempête, non seulement sur les bassons et les basses de violon à l'ordinaire, mais encore sur des tambours peu tendus qui roulant continuellement, forment un bruit sourd et lugubre lequel joint à des tons aigus et perçants pris sur le haut de la chanterelle des violons et sur les hautbois, font sentir ensemble toute la fureur et toute l'horreur d'une mer agitée et d'un vent furieux qui gronde et qui siffle, enfin d'une tempête réelle et effective. Avec cette œuvre, le compositeur innove encore en intégrant pour la première fois la contrebasse dans les effectifs de l'Orchestre de l'Opéra de Paris.
L'influence de Lully se retrouve dans les compositions lyriques de Marin Marais qui s'inscrivent dans la pure tradition française de la fin du XVIIe siècle. Les récitatifs suivent ainsi le schéma métrique des vers et l'inflexion de la rime, les intervalles portent une signification expressive, alors que les airs se dévoilent plus libres et plus ornés que ceux de son maître.
Après la mort du musicien lors de sa soixante-treizième année, la lignée des musiciens Marais continue puisqu'un bon nombre de ses dix-neuf enfants suivront cette voie : Vincent Marais lui succéda à la Cour à la Chambre avec sa basse de viole, Roland-Pierre publiera deux pièces de violes en 1735 et 1738 et sera l'auteur d'une Nouvelle méthode de musique, Jean-Louis sera le chantre ordinaire de la Chambre alors que sa fille aînée épousera le compositeur Nicolas Bernier, maître de musique de la Chapelle du roi, et qu'une autre de ses filles deviendra également violiste.
Par ailleurs si vous voulez LE PREMIER enregistrement des « Best of Marais » tiré de ce manuscrit vous pouvez commander en pre-vente en m’écrivant à jonathandunford(at)gmail.com (remplacer « at » par @).
Par ailleurs Augustin Dautrecourt (erreur de journal Le Monde en 1992) doit lire Dandricourt. Petit maître de chant à Lyon aucunement le maître parisien de Marais. Par ailleurs ma découverte « Jean de Sainte-Colombe » erroné aussi. On a trouvé une acte de mariage que le nomme comme décédé en 1685 tandis que Jean Rousseau en parle de Sainte-Colombe comme vivant en 1688 et le célèbre Tombeau de Sainte-Colombe est imprimé dans le IIème livre de Pièces de Viole de Marais en 1701. Donc je recommande l’usage juste comme à l’époque de « M. de Sainte-Colombe » jusqu’au moment (peut-être jamais) qu’on trouve son identité. http://www.classicalacarte.net/Textes/Divers/dunford_sainte_colombe_fr.htm
Pour participer à l’enregistrement du manuscrit décrit – informations ici : https://mailchi.mp/e3bde71ef558/best-of-marais-de-nouveau-manuscrit-c-1720?e=afd502d493