Le Ring pour les enfants à Bayreuth
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Bayreuth. Probebühne IV. 2-VIII-2018. Richard Wagner (1813-1883), Katharina Wagner et Markus Latsch (adaptation) : Der Ring für Kinder. Mise en scène : David Merz. Décors : Julius Theodor Semmelmann. Costumes : Ina Kromphart. Dramaturgie : Ruth Asralda. Lumières : Peter Younes. Avec : Jukka Rasilainen, Wotan/Der Wanderer ; Stefan Heibach, Loge ; Simone Schröder, Fricka/Flosshilde ; Armin Kolarczyk, Alberich ; Ji Yoon, Freia/Waldvogel ; Paul Kaufmann, Mime ; Sebastian Pilgrim, Fasolt/Hunding ; Timo Riihonen, Fafner/Hagen ; Christiane Kohl, Woglinde/Sieglinde ; Mareike Morr, Wellgunde ; Daniela Köhler, Brünnhilde ; Vincent Wolfsteiner, Siegmund/Siegfried. Brandenburgisches Staatsorchester Frankfurt (Oder), direction musicale : Azis Sadikovic
Chaque été, Bayreuth offre la possibilité aux enfants d'entrer dans le monde de Wagner grâce à une version réduite de l'un des opéras du maître. En 2018 revient le Ring für Kinder, résumé en moins de deux heures de la Tétralogie, porté par une magnifique distribution et un superbe orchestre.
Le début du Prélude de Rheingold résonne dans la quatrième salle de répétition attenante au Festspielhaus de Bayreuth, et déjà la marque d'un spectacle de grande qualité se ressent. La trentaine de musicien du Brandenburgisches Staatsorchester Frankfurt (Oder) expose ses plus belles sonorités, développées grâce à la direction d'Azis Sadikovic, des cordes graves jusqu'à un jeune mais déjà très bon cor solo. Le jeune chef autrichien tient ensemble pendant près de deux heures l'orchestre autant que le plateau, en plus de développer d'impressionnants moments dans la sélection de leitmotivs tirés de la longue partition du Ring intégrale, avec un climax dans le caractère impeccablement chambriste du Prélude de l'acte I de Die Walküre et dans la scène finale du Götterdämmerung.
La distribution bénéficie des chanteurs présents pour les productions des adultes à 16 heures. Elle ne propose donc rien moins que Jukka Rasilainen pour Wotan, ici particulièrement drôle lorsqu'il se fait gronder par sa femme, la Fricka de Simone Schröder, un brin jalouse face à l'insouciante Sieglinde de Christiane Kohl. En gros niais, le ténor Vincent Wolfsteiner, de l'ensemble de l'Oper Frankfurt, n'impressionne pas moins par les longs Wälse de Siegmund qu'ensuite en Siegfried. Daniela Köhler propose une Brünnhilde souriante et pleine de fraicheur, aussi pimpante mais plus en voix que la Freia de Ji Yoon, quand on se doit aussi de citer le Loge de feu de Stefan Heibach, le Mime peureux de Paul Kaufmann, l'Alberich malin d'Armin Kolarczyk et le duo de basses tenu par le Fasolt de Sebastian Pilgrim − le récent Charlemagne du Fierrabras de La Scala ! − et par le Fafner (puis Hagen) sombre de Timo Riihonen.
La mise en scène de David Merz s'adapte à un spectacle parlé-chanté très drôle même pour les parents, mais surtout particulièrement adapté aux enfants, parmi lesquels se dévoilent les dénonciateurs à chaque question posée par Wotan pour savoir où se trouve le personnage qu'il cherche. Une grosse boîte face à l'estrade permet d'y intégrer d'abord les filles du Rhin, qui demandent au premier rang du public d'attraper les longues traines bleues dans lesquelles elles sont empêtrées pour les faire bouger et imager l'eau du fleuve. L'histoire se développe ensuite relativement rapidement, sans que le travail de coupe de Katharina Wagner et Markus Latsch à partir de la partition initiale ne dénature jamais l'action, malgré la disparition de nombreux personnages.
La plus belle scène revient sans aucun doute à celle de Wotan et Brünnhilde sur le rocher, avec une barrière de feu très bien imagée, mais les nombreux tableaux parfaitement agencés offrent tous une entrée idéale dans le Ring. Si l'on éduquait tous les futurs amateurs de Wagner de la même manière, peut-être se rendrait-on rapidement compte, passé l'adolescence, du besoin de présenter des mises en scènes nettement plus dynamiques et intellectuelles, plutôt que de revenir encore de nos jours à l'interminable débat autour de l'intérêt de présenter aux adultes des mises en scène d'un autre âge, tout juste bonnes à agrémenter les musées par leurs maquettes.
Crédits photographiques : © Enrico Nawrath
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