Plus de détails
Olivier Messiaen (1908-1992) : Quatuor pour la fin du Temps. Mark van de Wiel, clarinette. Zsolt-Tihamér Visontay, violon. Min-Jung Kym, piano. Mats Lidström, violoncelle. 1 CD Psalmus. Enregistré à Paris en juin 2016 dans la chapelle Notre-Dame de Bon Secours. Notice bilingue (français et anglais). Durée totale : 45:05
PsalmusLes mélomanes incroyants pourront toujours remercier le dieu de la Bible d'avoir engendré tant de chefs-d'œuvre. Le Quatuor pour la fin du Temps compte parmi ceux-là.
« Du Temps », avec une majuscule, et non « des temps », même si Olivier Messiaen et ses trois codétenus musiciens du stalag VIII-A, à Görlitz, en Silésie, ont dû espérer des temps meilleurs, quand, le 15 janvier 1941, ils y créèrent la pièce. Non, dans le Quatuor, il n'est pas question de calendrier humain, mais du temps prophétique de l'Apocalypse. On parle même de musique spirituelle – à commencer par Messiaen – pour qualifier un opus qui, par ailleurs, influencera ensuite les compositeurs plaçant le processus avant la structure.
C'est toujours une gageure d'enregistrer un classique : comme une terre labourée, la mémoire auditive est déjà préparée par des versions antérieures. Celle-ci ne convainc pas. Il faut dire aussi que l'acoustique de la chapelle Notre-Dame de Bon Secours à Paris enveloppe les sons d'un halo des plus désagréables, surtout quand les instruments jouent ensemble et se trouvent noyés dans un flou criard. Une salle plus sèche convient mieux à cette musique de chambre.
Et l'interprétation en elle-même ? Décevante. Ces musiciens en font trop et manquent d'une direction commune. La partition demande à être intériorisée et ne supporte pas la recherche d'effets. En ce sens, tout est écrit, et même s'il y a plusieurs passages solos, ce sont bien les procédés compositionnels – récurrence des thèmes, chants d'oiseaux stylisés, combinaison des timbres, isorythmie, emploi de la monodie… – qui sont censés manifester ce qui est ici au cœur : l'universalisme de la foi catholique. Une certaine objectivité dans l'exécution et une vraie homogénéité d'ensemble sont donc requises.
Le Quatuor commence avec une Liturgie de cristal décousue, où chacun semble jouer pour soi. Quand elle n'est pas timide, la clarinette occupe le devant de la scène ; le piano est raide, et le violon multiplie les portamenti de mauvais goût. Rude est la comparaison avec au moins deux autres moutures, bien plus fines, de cette même œuvre : celle des membres de l'Intercontemporain en 1986, et, en 2007, celle du trio Wanderer avec Pascal Moraguès.
Quelques morceaux de bravoure attendent les instrumentistes. Il faut reconnaître que Mark van de Wiel joue honorablement le long Abîme des oiseaux écrit pour la clarinette seule ; mais quand on a entendu Alain Damiens (Intercontemporain) et Pascal Moraguès – le premier, magnifique oiseleur d'un son rond et timbré, et le second, extrêmement nuancé et dynamique – on ne peut adhérer à ce discours, qui paraît plat en comparaison. Dans le très lent cinquième mouvement, Louange à l'Éternité de Jésus, pour violoncelle et piano, Mats Lidström multiplie les accidents – brusques inflexions, glissandi, forte subits – qui nuisent à la lecture d'ensemble. À ses côtés, Min-Jung Kym est inexistante. On préférera, ici encore, l'intelligence musicale des couples Pierre Strauch-Maryvonne Le Dizès (Intercontemporain) et Raphaël Pidoux-Vincent Coq (Wanderer), qui font de cette fin du Temps une page authentiquement musicale.
Plus de détails
Olivier Messiaen (1908-1992) : Quatuor pour la fin du Temps. Mark van de Wiel, clarinette. Zsolt-Tihamér Visontay, violon. Min-Jung Kym, piano. Mats Lidström, violoncelle. 1 CD Psalmus. Enregistré à Paris en juin 2016 dans la chapelle Notre-Dame de Bon Secours. Notice bilingue (français et anglais). Durée totale : 45:05
Psalmus