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À Verbier, Christoph Eschenbach visite Berg et Mahler

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Verbier. Salles des Combins. 23-VII-2018. Alban Berg (1885-1935) : Concerto pour violon et orchestre « à la mémoire d’un ange ». Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 4 en sol majeur. Leonidas Kavakos, ;iolon. Ying Fang, soprano ; Verbier Festival Orchestra, direction : Christoph Eschenbach

Eschenbach.01 ne se départ pas de l'incroyable force persuasive du Concerto pour violon et orchestre d' et plombe le lyrisme heureux de la Quatrième Symphonie de .

Dans le Concerto pour violon et orchestre d', œuvre tonale et atonale, le dodécaphonisme continue d'interroger. Qu'allaient donc chercher et ses amis pour inventer une musique aussi différente des critères jusqu'alors habituels ? L'oreille critique ne perçoit plus l'orchestre avec sa conception coutumière. Plus de cuivres claironnants, plus de cordes soyeuses. Plus d'adjectifs. La musique, cette musique, est expressionniste. Et, détaché des structures mentales traditionnelles, on plonge peu à peu dans l'esprit qui anime cette œuvre et plus encore de celui qui la dirige. Le chef allemand , grand spécialiste de cette période musicale, guide son auditoire dans la réflexion profonde du compositeur et tire d'un les climats que la genèse de l'œuvre impose. On sait qu'Alban Berg avait été profondément touché par la mort de la fille d'Alma Mahler et, alors qu'il était attablé à la composition de ce concerto, il décida de lui dédier ces pages. C'est l'ange dont il célèbre la mémoire. Dans son interprétation, nous fait partager la douleur du compositeur en créant des climats d'une grande tristesse. Lorsque, dans les ultimes mesures, la tonalité reprend forme sur l'atonalité, le dialogue des clarinettes avec le violon solo renforce en apothéose ces sentiments de deuil et d'absence. Artisan attentif de ce voyage dans la mort, se fond dans l'espace orchestral. Dans la domination sonore de son instrument enserrée dans le flot musical, grâce à son extrême sensibilité, il reste constamment en totale symbiose avec l'orchestre. Alors qu'il lui serait aisé de briller techniquement, il concentre son effort dans l'intériorité du propos avec une modestie qu'il faut souligner.

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Retour à l'harmonie avec la Symphonie n° 4 en sol majeur de . Une interprétation sans tambour ni trompettes pour cette unique œuvre malhérienne sans trombone ni tuba ! Peut-être qu'encore sous l'influence du Concerto pour violon d'Alban Berg, Christoph Eschenbach ne parvient pas à amener l'orchestre au-delà de la partition. Vers une restitution transcendée de l'œuvre. Ainsi, parfois un pathos exagéré préside au lyrisme apaisé de cette symphonie. Même si tout est propre et bien exécuté, sans tenter d'atteindre une implication artistique profonde, on peine à ressentir de l'émotion. On regarde, on écoute, on espère mais le déclic tarde.

Pourtant le est capable de toutes les prouesses. Par exemple, alors qu'on attaque les dernières mesures du sublime Adagio, venu de nulle part, surgit un moment de grâce. Tout à coup, le visage du chef allemand s'illumine et l'orchestre prend pied dans le merveilleux. Moments suspendus et attendus. Enfin ! Courts instants trop tôt retombés dans l'ultime mouvement quand, drapée dans une robe fourreau d'un vert malachite éclatant, la voix aérienne de la soprano chinoise chante le Das himmlische Leben retiré du cycle de Des Knaben Wunderhorn pour l'introduire dans cette quatrième symphonie. Malheureusement, la diction défaillante de la soprano ne laisse aucune chance à la compréhension du texte allemand. Un poème qui achève cette symphonie comme elle avait débuté : dans l'austérité artistique.

Le public rappelle cependant plusieurs fois le chef allemand et la soprano sur le devant de la scène. Toutefois, on regrettera qu'au moment des saluts, Christoph Eschenbach ne rende pas au hautboïste et au corniste la part de succès qu'il leur revenait.

Crédit photographique : © Aline Paley

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