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Une Scala di seta juvénile et craquante à Cortone

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Cortone. Teatro Signorelli. 10-VII-2018. Gioachino Rossini (1792-1868) : La scala di seta, farce comique en un acte, sur le livret italien de Giuseppe Foppa, basé sur le vaudeville de François-Antonine-Eugène de Planard, L’Échelle de soie. Mise en scène : Jeanne Pansard-Besson. Avec : Yara Zeitoun, Giulia ; Samuel Jenkins, Dorvil ; William Diggle, Germano ; Fiona Joice, Lucilla ; Colin Murray, Blansac ; Xavier Hetherington, Dormont. Orchestre de Raucous Rossini, direction : Max Fane

, la troupe internationale de jeunes artistes réunis par , termine sa tournée toscane par un feu d'artifice vocal.

Les lumières du Teatro Signorelli s'éteignent imperceptiblement. Silence dans la salle, chacun retient son souffle dans une attente heureuse. La célèbre ouverture commence, légère. Puis, dans le tournoiement des thèmes, au fil des crescendi et decrescendi, l'orchestre lance la mécanique rossinienne et les personnages surgissent dans des vignettes drolatiques qui évoquent leur rôle respectifs dans l'histoire.

Les musiciens chanteurs ont tous moins de vingt-cinq ans, presque le même âge que Rossini lorsqu'il composa cet opéra. Ils ont fait le pari, alors qu'ils étaient encore étudiants au Conservatoire royal d'Écosse, de créer la Compagnie et de monter successivement les cinq opéras en un acte, cinq farces composés par Gioacchino Rossini entre 18 et 21 ans. Ils tournent chaque année en Ombrie et en Écosse grâce aux soutiens locaux et à l'aide de passionnés. Ils ont donné La cambiale di matrimonio en 2014, L'inganno felice en 2015, Il Signor Bruschino en 2016, et L'occasione fa il ladro en août 2017. Chaque année, le nombre et la qualité des lieux augmentent, ainsi que celle des sponsors et des participants qui, au lieu d'en être de leur poche, sont maintenant payés.

Cette année, La Scala di Seta clôt la série. Chant acrobatique, mélodies réjouissantes et verve musicale des ensembles, cette farce légère du jeune Rossini est un petit bijou. La troupe en offre une relecture amusante, faite pour distraire, avec en plus l'élégance toute britannique de , leur jeune chef, qui anime avec fougue son orchestre, élastique à souhait.

Lorsque l'opéra commence, Giulia a déjà descendu l'échelle par la fenêtre de sa chambre pour faire monter Dorvil, celui qu'elle a épousé en secret, mais Germano, son serviteur lui aussi amoureux d'elle, s'attarde encore. À peine s'est-elle enfin débarrassée de lui, que sa cousine Lucilla entre. Quand Giulia est enfin en mesure d'avoir un mot avec son mari, il lui dit que son riche ami Blansac veut l'épouser, choisi pour elle par son tuteur.

Le Germano de est à la fois timide et naïf, avec un sens du gag parfait. Sa voix profonde et chaude souligne tout particulièrement la tendresse de son air « Amore dolcemente » qu'il chante les pieds sur la table et les yeux dans les étoiles. Son duo avec la Giulia de , parfaite dans les vocalises acrobatiques de la partition, fait des étincelles. La Lucilla de , vivante et pleine d'humour, séduit facilement un Blansac () aveuglé de vanité, comme le Dormont de , drapé dans un long manteau de mage. Malgré leur jeunesse, les chanteurs montrent une facilité vocale et un sens de la comédie qui font honneur à Rossini.

Sous la baguette de , la musique de Rossini sonne gaie et mutine. Entrepreneur, chef d'orchestre et chanteur, âme du groupe, Max Fane veut « créer et diriger des projets en Europe, pour explorer le potentiel de la musique à changer nos vies. » Une entreprise commencée avec , qui se poursuit fin août, le New Generation festival, un Glyndebourne florentin, qu'il a créé l'an dernier dans les splendides jardins de la Villa Corsini.

Crédits photographiques : © Elisabeth Schneiter

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Cortone. Teatro Signorelli. 10-VII-2018. Gioachino Rossini (1792-1868) : La scala di seta, farce comique en un acte, sur le livret italien de Giuseppe Foppa, basé sur le vaudeville de François-Antonine-Eugène de Planard, L’Échelle de soie. Mise en scène : Jeanne Pansard-Besson. Avec : Yara Zeitoun, Giulia ; Samuel Jenkins, Dorvil ; William Diggle, Germano ; Fiona Joice, Lucilla ; Colin Murray, Blansac ; Xavier Hetherington, Dormont. Orchestre de Raucous Rossini, direction : Max Fane

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