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Stuttgart. Opernhaus. 6-VII-2018. Toshio Hosokawa (né en 1955) : Erdbeben. Träume (Séisme. Rêves), opéra sur un livret de Marcel Beyer d’après Kleist. Mise en scène : Jossi Wieler, Sergio Morabito. Décor et costumes : Anna Viebrock. Avec : Esther Dierkes, Josephe Asteron ; Dominic Große, Jeronimo ; Sophie Marilley, Elvire ; André Morsch, Fernando Ormez ; Josefin Feiler, Constanze ; Torsten Hofmann, Pedrillo ; Sachiko Hara, Philipp. Chœur de l’Opéra de Stuttgart. Orchestre national de Stuttgart, direction : Sylvain Cambreling
Une musique délicate, mais une dramaturgie peu convaincante pour Erdbeben. Träume de Toshio Hosokawa est présenté à Stuttgart.
Le tremblement de terre au Chili de Kleist, écrit en 1806, est un classique de la littérature allemande. Pour son nouvel opéra, Toshio Hosokawa présente donc au public de Stuttgart une histoire qui lui est familière, mais son regard se porte moins sur les complexes intrications politiques de Kleist que sur la catastrophe elle-même et sa mémoire chez les survivants. La continuité avec son opéra précédent, Stilles Meer, est patente : la couleur locale chilienne n'était pas la préoccupation de Kleist, et on ne peut pas ne pas penser ici à Fukushima, d'autant qu'à son habitude, Hosokawa intègre des couleurs inspirées de la musique japonaise. L'histoire est racontée par les survivants, Elvire et Fernando, à leur fils adoptif, né des amours illicites de deux victimes des furies expiatoires de la foule après la catastrophe – comme dans le nō, les spectres reviennent pour raconter leur histoire.
Avec une durée d'environ 100 minutes, Erdbeben. Träume pâtit d'un curieux mélange entre une narration surchargée et un livret qui tend trop souvent à l'abstraction et à l'allusion poétique. Le public, sans doute, connaît déjà l'histoire, mais il aurait sans doute aimé des personnages plus forts, plus incarnés, qui justifient le recours à la fiction comme vecteur d'idées philosophiques. La musique de Hosokawa garde toutes ses qualités de transparence, d'émotion discrète, mais cette émotion est gênée par l'agitation qu'impose le livret – l'articulation entre l'intime et la destinée collective qui est un des axes essentiels de l'histoire peine à se laisser apercevoir. La mise en scène de Jossi Wieler et Sergio Morabito, même aidée par le talent considérable d'Anna Viebrock pour donner vie aux foules par ses costumes toujours brillamment inventifs, ne parvient pas vraiment à démêler l'écheveau : il aurait sans doute fallu une perspective plus austère pour répondre à l'enjeu.
Anciens et actuels membres de la troupe de l'Opéra de Stuttgart forment l'essentiel de la distribution. L'écriture pour les voix féminines, qualité constante chez Hosokawa, trouve à s'incarner avec la voix mûre de Sophie Marilley, face à la chaleureuse expressivité d'Esther Dierkes, et l'engagement collectif de la troupe fait plaisir à voir. Même si cette ultime première de Jossi Wieler comme directeur de l'Opéra de Stuttgart passe à côté de son sujet, elle témoigne bien de ces qualités centrales des maisons de répertoire allemandes que sont la curiosité en termes de répertoire et le sens du travail en équipe.
Crédits photographiques : © A. T. Schaefer
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Stuttgart. Opernhaus. 6-VII-2018. Toshio Hosokawa (né en 1955) : Erdbeben. Träume (Séisme. Rêves), opéra sur un livret de Marcel Beyer d’après Kleist. Mise en scène : Jossi Wieler, Sergio Morabito. Décor et costumes : Anna Viebrock. Avec : Esther Dierkes, Josephe Asteron ; Dominic Große, Jeronimo ; Sophie Marilley, Elvire ; André Morsch, Fernando Ormez ; Josefin Feiler, Constanze ; Torsten Hofmann, Pedrillo ; Sachiko Hara, Philipp. Chœur de l’Opéra de Stuttgart. Orchestre national de Stuttgart, direction : Sylvain Cambreling
Et l’on n’évoque même pas la direction musicale de l’excellent Sylvain Cambreling, qui traduit à merveille la force dramatique et poétique de la partition de Hosokawa, toute en suggestion, grâce à la précision du geste et un sens raffiné de la nuance…
En effet, vous avez raison, mais j’ai centré ma critique sur l’œuvre qui m’a fort peu convaincu, comme vous l’avez compris ; dans ces conditions, l’interprétation passe naturellement au second plan (j’ai déjà amplement eu l’occasion de défendre ici le travail de S. Cambreling!).