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Paris. Archives nationales, Hôtel de Soubise. 8-VII-2018. Œuvres de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Georg Philipp Telemann (1681-1767), Reinhard Keiser (1674-1739), Dietrich Buxtehude (1637-1707), Arcangelo Corelli (1653-1713), Giovanni Carlo Maria Clari (1677-1754), Francesco Gasparini (1661-1727), Domenico Scarlatti (1685-1757), Antonio Vivaldi (1678-1741), Henry Purcell (1659-1695), John Eccles (1668-1735) et Giovanni Bononcini (1670-1747). Dania El Zein, soprano ; Renaud Bres, baryton-basse. Ensemble Le Palais des Songes, Nicolas Rosenfeld : flûte à bec, basson et direction
Le Festival « Jeunes talents » dans la cour des Archives nationales à Paris permet d'entendre un nouveau programme du prometteur ensemble Le Palais des Songes, consacré au parcours de Georg Friedrich Haendel.
Tout comme le programme sur la querelle entre goût italien et goût français, entendu au même endroit mais en intérieur, celui-ci mêle astucieusement musique et textes, en l'occurrence des extraits de mémoires, de correspondances et de pamphlet autour de Haendel et des compositeurs qu'il a côtoyés. Mais par rapport au précédent concert, l'effectif a été complètement chamboulé, si bien que ne restent que les deux piliers de l'ensemble, la gambiste Julie Petit et le flûtiste et bassoniste Nicolas Rosenfeld.
Le parcours de Haendel est présenté de manière quelque peu simplifiée : Hambourg, puis Rome, Venise, Londres, et Dublin en bis. Les rapprochements d'œuvres ne font pas toujours sens d'un point de vue chronologique, mais les comparaisons stylistiques restent fécondes. Par exemple, la Brockes-Passion est certes composée à Hambourg, mais par un Haendel qui revient d'Italie. Les rapprochements avec les Brockes-Passion elles aussi hanséatiques de Georg Philipp Telemann et de Reinhard Keiser sont éclairants : Haendel reste imprégné de la sensibilité d'Allemagne du Nord, mais Telemann est lui aussi influencé par l'Italie sans s'y être rendu. Les extraits des trois passions permettent de découvrir la soprano Dania El Zein ; d'abord un peu empruntée chez Telemann, elle fait admirer chez Keiser (air Heil der Welt, dein schmerzlich Leiden) une ligne claire, des aigus sereins et une expressivité exemplaire. De son côté, le baryton-basse Renaud Bres montre une belle présence chez Keiser également (air Mein Vater, schau wie ich mich quäle), mais c'est dans un extrait d'une cantate italienne de Haendel (Cuopre tal volta il cielo) qu'on perçoit ensuite mieux l'étendue de ses qualités : agilité, sens de la nuance, et fort beau timbre notamment dans le grave.
L'Italie est abordée sous l'angle de la confrontation avec Corelli (combien le contrepoint de celui-ci semble limité en comparaison de la manière savoureuse dont le Saxon fait dialoguer les instruments dans la sonate en trio HWV 386b !) et avec Domenico Scarlatti (la fameuse joute chez le cardinal Ottoboni est illustrée par une sonate du Napolitain : toutes les notes ne sortent pas sous les doigts de Pablo de Vega, mais la musicalité et la clarté du discours sont là). À Venise, on rencontre Vivaldi dont la musique conjugue efficacité et séduction. Haendel n'est pas en reste avec le duo vocal Giu nei Tartarei regni ; Renaud Bres y partage visiblement plus que sa partenaire le souci d'être entendu des spectateurs les plus éloignés. Mais l'équilibre est meilleur dans les duos qui illustrent la période anglaise : une courte cantate de Giovanni Bononcini (Se bella son io son tutta per te) et un extrait de l'oratorio Theodora de Haendel. On y admire la sublime retenue et l'intensité dont font preuve les deux chanteurs, les superbes violons de Rozarta Luka et Myriam Bulloz, impeccables tout au long de la soirée, et la grande maîtrise, comme à son accoutumée, de Nicolas Rosenfeld.
Crédits photographiques : Dania El Zein © Jean-Jacques Chabert
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Paris. Archives nationales, Hôtel de Soubise. 8-VII-2018. Œuvres de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Georg Philipp Telemann (1681-1767), Reinhard Keiser (1674-1739), Dietrich Buxtehude (1637-1707), Arcangelo Corelli (1653-1713), Giovanni Carlo Maria Clari (1677-1754), Francesco Gasparini (1661-1727), Domenico Scarlatti (1685-1757), Antonio Vivaldi (1678-1741), Henry Purcell (1659-1695), John Eccles (1668-1735) et Giovanni Bononcini (1670-1747). Dania El Zein, soprano ; Renaud Bres, baryton-basse. Ensemble Le Palais des Songes, Nicolas Rosenfeld : flûte à bec, basson et direction