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Miroslav Srnka (1975) Move 03 pour orchestre (2016, 13’23 ») ; Francesco Filidei (1973) Sull’essere angeli pour flûte et orchestre (2016-2017, 27’08 ») ; Ramon Lazkano (1968) Hondar pour orchestre (2016, 20’47 »). Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Mario Caroli flûte, Pierre-André Valade direction. 1 CD Printemps des arts de Monte-Carlo PRI023. Livret français-anglais : présentation des œuvres, des compositeurs, du chef d’orchestre et de l’orchestre. Durée totale 61:20
Printemps des Arts de Monte-CarloDepuis sa création, en 1984, le festival Printemps des Arts de Monte-Carlo veut laisser une trace des concerts programmés, d'où cet enregistrement réalisé à l'été 2017, qui réunit trois piliers de la musique européenne actuelle : le Tchèque Miroslav Srnka, l'Italien Francesco Filidei et le Basque espagnol Ramon Lazkano.
Move 03 est une pièce abstraite et chatoyante. Attachante aussi, par son unité d'écriture – la célébration du mouvement. Elle est à la fois le laboratoire et l'expérience qui s'y joue, faisant entendre une macro et une micro-économie des sons, soit par strates – les cuivres et les cordes se superposant ou se répondant –, soit quand un instrument soliste occupe brièvement toute la place. L'orchestre est considéré comme foyer d'énergie et source infinie de possibles, ce qui est sensible notamment dans les variations sur les altérations de hauteurs.
Changement d'atmosphère complet avec Sull'essere angeli de Francesco Filidei, véritable cadeau, non pas tombé du ciel – ce que suggère le titre, « De la condition angélique » –, mais s'enracinant dans le travail et la personnalité de la photographe américaine Francesca Woodman (1958-1981). Cet ange foudroyé (l'artiste s'est suicidée très jeune) a laissé une œuvre marquante où elle met en scène son corps, souvent nu, dans des sites à l'abandon. Filidei aussi est un inspiré, dont la musique, plénière et lente, s'écoute avec une émotion sans cesse renouvelée. Que l'on songe à Salvatore Sciarrino, son maître, ou à Mauricio Kagel, pour se faire une idée de l'esthétique de cet opus centré sur un point de départ qu'il développe jusqu'à créer un univers sonore. Ici, le trouble bonheur d'être est au cœur d'un jeu entre son et silence, geste d'ensemble et morcellement, tension dramatique et transparence. Plus soufflante que chantante, chancelante mais obstinée dans ses suites de quarts de tons, la flûte est moins un instrument qu'une respiration ou un cri. Mario Caroli rend parfaitement cet équilibre instable entre force, grâce et doute. L'orchestre, loin d'être un simple accompagnement, est tour à tour diaphane et facétieux, empruntant au folklore italien ou citant Daphnis et Chloé de Ravel.
Nouveau virage avec Hondar de Ramon Lazkano, pièce pour orchestre qui est un travail sur le son. Hondar signifie « sable » ou « restes », et c'est bien une matière instable et donc transitoire que l'on entend s'écouler inexorablement. Raffinement des timbres, polyrythmies, échos… : le traitement de la palette orchestrale est une réussite. Cela dit, après quelques minutes d'écoute, on se dit qu'il y a quelque chose de glaçant dans cette objectivité d'un ensemble qui n'est plus que le reflet de lui-même, ne développant rien, mais s'étirant d'un phénomène acoustique au suivant, sans but avoué.
Il faut saluer l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo et son chef Pierre-André Valade, dont la qualité d'interprétation fait honneur à ces trois partitions virtuoses.
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Miroslav Srnka (1975) Move 03 pour orchestre (2016, 13’23 ») ; Francesco Filidei (1973) Sull’essere angeli pour flûte et orchestre (2016-2017, 27’08 ») ; Ramon Lazkano (1968) Hondar pour orchestre (2016, 20’47 »). Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Mario Caroli flûte, Pierre-André Valade direction. 1 CD Printemps des arts de Monte-Carlo PRI023. Livret français-anglais : présentation des œuvres, des compositeurs, du chef d’orchestre et de l’orchestre. Durée totale 61:20
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