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Toulouse. Théâtre du Capitole. 22-VI-2018. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : La Clemenza di Tito, opera seria en deux actes sur un livret de Caterino Mazzolà d’après Metastase. Mise en scène et scénographie : David McVicar. Costumes : Jenny Tiramani. Lumières : Jennifer Tipton. Avec : Jeremy Ovenden, Tito ; Inga Kalna, Vitellia ; Rachel Frenkel, Sesto ; Sabina Puértolas, Servilia ; Julie Boulianne, Annio ; Aimery Lefèvre, Publio. Chœur du Capitole (chef de chœur : Alfonso Caiani). Orchestre national du Capitole de Toulouse, direction : Attilio Cremonesi
Agréable par son aspect visuel et musical « classique », cette reprise de La Clémence de Titus qui clôture la saison lyrique toulousaine, ne suscite ni transcendance, ni incandescence, même si la prestation des uns et des autres reste honorable.
Éloge du dépassement des passions par la grâce d'une musique d'une absolue concision, La Clemenza di Tito est principalement dominée par la détermination de Vitellia et la clémence constante de Titus, quelles que soient les provocations. Dans le contexte révolutionnaire qui secoue l'Europe au moment de la création de cet opéra (en 1791), on peut aisément comprendre le succès mitigé puis grandissant de cet ouvrage. La partition fut intégralement composée en dix-huit jours, malgré le voyage de Mozart entre Vienne et Prague et son épuisement face à la maladie (les recitativo secco furent tout de même composés par son élève Süssmayr). Mais la « patte » de Mozart est bien là, même si peu d'impulsions dramatiques composent cet ouvrage, et que les arias reposent sur des situations assez faibles. La séduction mozartienne se révèle en effet particulièrement dans les duos (Sextus/Annio, Servilia/Annio), dans le trio au second acte entre Vitellia, Publius et Sextus, et bien sûr lors du final du premier acte, après que Sextus a mis le feu au Capitole, même si la grandeur du géant compositeur ne se retrouve pas toujours dans cet opera seria.
La façade de l'Archevêché où fut créée cette production est évidemment en carton-pâte à Toulouse, mais l'on retrouve le grand escalier, signe du pouvoir de Titus, ainsi que l'arche de pierre et le buste d'empereur, signes de l'Antiquité, bien caractéristiques de l'approche simple et pleinement respectueuse de David McVicar. Celui-ci ne propose ici aucune relecture alambiquée ni regard particulièrement « moderne » (tout comme les draperies féminines et les redingotes de Jenny Tiramani), et cela au bénéfice d'importantes possibilités qu'offre cette scénographie en termes d'entrées et de sorties, de perspectives, d'effets de lumières, et dans la composition de nombreux plans selon la disposition des différents éléments qui la constituent.
Dans cette configuration, chaque protagoniste y gagne, pour révéler au mieux la consistance de chaque rôle et les liens qui les unissent dans un livret certes un peu inepte. Même s'il est difficile de s'approprier l'intrigue, celle-ci étant ici rehaussée par les chorégraphies viriles de bravoure d'un spécialiste en arts martiaux, David Greeves. La blancheur du costume de Jeremy Ovenden fait écho à la pureté de l'âme de Titus, le ténor déployant une virtuose musicalité sans défaut même si son personnage paraît manquer de caractère, lui qui pardonne tout sans véritable hésitation. Sans fioritures et sans prise de risque, sans démonstration de force, mais sans originalité non plus, l'artiste traduit sans conteste la noblesse de son rang impérial dans un vaillant « Se all'impero ».
Sonore, Inga Kalna conquiert les graves de sa partie sans peine et affirme des aigus tranchants, alors que Vitellia se consume au fur et à mesure en raison de sa jalousie et de sa soif de vengeance. Même si la prestation est honorable, rien non plus de transcendant dans l'incarnation de ce personnage de premier plan.
À ses côtés, Rachel Frenkel s'affirme comme un Sesto de premier choix que les Toulousains sauront amplement congratuler au moment des saluts. Homogène sur toute la tessiture, déliant sans la moindre hésitation toutes les difficultés et les subtilités de sa partition, c'est un jeune homme enflammé par l'amour, puis rongé par le remords que la mezzo incarne.
Soutenus par la direction allante d'Attilio Cremonesi qui convainc par sa constance et un ton vigoureux évident, la netteté d'articulation et la vivacité des couleurs faisant foi, ainsi que par la poésie des solistes de l'Orchestre national du Capitole, le timbre étincelant de Julie Boulianne (Annio) que ResMusica avait rencontrée à ses débuts en 2010, l'agréable tenue de la ligne vocale de Sabina Puértolas sous les traits de Servilia, et le chant bien conduit de la basse ronde et chaude d'Aimery Lefèvre (Publio), complètent une distribution de haute tenue pour une soirée mozartienne satisfaisante, sans plus.
Crédits photographiques : © Patrice Nin
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Toulouse. Théâtre du Capitole. 22-VI-2018. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : La Clemenza di Tito, opera seria en deux actes sur un livret de Caterino Mazzolà d’après Metastase. Mise en scène et scénographie : David McVicar. Costumes : Jenny Tiramani. Lumières : Jennifer Tipton. Avec : Jeremy Ovenden, Tito ; Inga Kalna, Vitellia ; Rachel Frenkel, Sesto ; Sabina Puértolas, Servilia ; Julie Boulianne, Annio ; Aimery Lefèvre, Publio. Chœur du Capitole (chef de chœur : Alfonso Caiani). Orchestre national du Capitole de Toulouse, direction : Attilio Cremonesi