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Paris. Théâtre de Paris.18-VI-2018. Masterclass. Eleonora Abbagnato et Benjamin Pech. Avec les danseurs du Ballet de l’Opéra de Rome : Michele Satriano, Giorgia Calenda, Sara Loro et Claudio Cocino. Et au piano, Laurent Choukroun de l’Opéra de Paris.
Sous l'impulsion de Richard Caillat et de Stéphane Hillel, la danse fait son entrée au Théâtre de Paris. Pour cette première édition du Paris de la danse, Eleonora Abbagnato et Benjamin Pech donnent une masterclass avec quatre danseurs du Ballet de l'Opéra de Rome. Les deux étoiles détaillent pour nous deux sublimes pas de deux du répertoire amoureux, extraits de Carmen de Roland Petit et du Parc d'Angelin Preljocaj.
Ces deux-là se connaissent mieux que personne. Danser les plus grands rôles du répertoire sur la scène de l'Opéra de Paris tisse des liens uniques. Ce n'est pas un hasard si Benjamin Pech a fait ses adieux à la scène de l'Opéra de Paris en 2016 avec la belle Eleonora dans le Parc justement. Ni s'il a rejoint Eleonora Abbagnato à Rome en tant que maitre de ballet associé.
Les deux complices ont choisi de présenter deux variations sur le thème de l'amour, qui leur tiennent particulièrement à cœur : le pas de deux de la chambre, extrait de Carmen de Roland Petit, « père spirituel » d'Eleonora, comme elle se plaît à le rappeler, et le pas de deux de l'abandon, extrait du Parc d'Angelin Preljocaj.
Deux couples de solistes du Ballet de l'Opéra de Rome – Michele Satriano et Sara Loro, Claudio Cocino et Giorgia Calenda – ont été choisis pour la répétition sur scène.
Le piano égrène les notes de Bizet et Sara Loro et Michele Satriano se métamorphosent en Carmen et Don José. Le danseur connaît bien le rôle pour lequel il a été nominé aux Benois de la danse ; sa partenaire n'a encore jamais dansé Carmen. La sensualité est de rigueur et Eleonora pousse la jeune danseuse dans ses retranchements. Avec beaucoup d'humour, elle tente de faire tomber la barrière de la pudeur, rappelant que Roland Petit parle de sexe dans ses ballets. Le duo reste encore un peu timide. Eleonora Abbagnato voulait que tout ne soit pas parfait et c'est ça qui est intéressant : entendre les corrections et les conseils avisés de deux puristes, gardiens de l'école française, qui transmettent avec passion ce répertoire.
Le pas de deux de l'abandon, extrait de l'acte III du Parc est connu au-delà du cercle restreint des balletomanes. L'image d'un autre Benjamin, tournoyant avec sa partenaire, bras écartés comme pour s'envoler, lèvres collées dans un baiser langoureux, a été rendue célèbre par la publicité Air France.
Claudio Cocino et Giorgia Calenda, qui ont déjà dansé dans des ballets d'Angelin Preljocaj, notamment L'Annonciation, ne semblent pas encore très familiers avec ce duo. Le pas de deux reste encore scolaire et peu de sensualité s'en dégage. « Plus grand, plus précis les pieds », rappelle Eleonora Abbagnato. Au moment du fameux baiser, le public se laisse transporter et applaudit.
Eleonora et Benjamin nous réservent encore une surprise : le rideau se relève et les voilà, vêtus des costumes du ballet, en amants du Parc. Dès le premier geste, jambe pliée en avant, puis deux doigts plongés goulûment dans la bouche, Eleonora nous envoûte. Les corps des deux danseurs se connaissent si bien qu'ils nous racontent une histoire muette. Chaque geste est chargé de sens et d'intention : la tête de l'amante tombe sur le buste de son aimé dans un abandon total, la main cherche la main, les bras s'enroulent, le corps d'Eleonora s'élève dans les airs, porté à bout de bras.
La leçon de cette masterclass, c'est que la danse est une quête perpétuelle. Il y a une chose qui ne s'apprend pas : danser avec son cœur, son être, son vécu, dépasser la technique pour devenir un homme et une femme qui dansent.
Crédit photographique : © Isabelle Aubert – Opéra national de Paris
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Paris. Théâtre de Paris.18-VI-2018. Masterclass. Eleonora Abbagnato et Benjamin Pech. Avec les danseurs du Ballet de l’Opéra de Rome : Michele Satriano, Giorgia Calenda, Sara Loro et Claudio Cocino. Et au piano, Laurent Choukroun de l’Opéra de Paris.