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Liège. Opéra Royal de Wallonie. 10-V-2018. Gioachino Rossini (1792-1868) : La Donna del Lago, opera seria en deux actes sur un livret d’Andrea Leone Tottola d’après le poème de Walter Scott The Lady of the Lake. Mise en scène : Damiano Michieletto. Décors : Paolo Fantin. Costumes : Klaus Bruns. Lumières : Alessandro Carletti. Avec : Salome Jicia, Elena ; Marianna Pizzolato, Malcolm ; Maxim Mironov, Giacomo V ; Sergey Romanovsky, Rodrigo ; Simón Orfila, Douglas ; Stefan Cifolelli, Serano & Bertram ; Julie Bailly, Albina ; Giusi Merli, Elena âgée ; Alessandro Baldinotti, Malcolm âgé. Chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège (Chef des Chœurs : Pierre Iodice). Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, direction musicale : Michele Mariotti
Sixième des huit opéras de sa période napolitaine, La Donna Del Lago de Rossini réapparaît à nouveau sur les scènes du monde à la faveur du renouveau dont bénéficie son auteur depuis quelques décennies. L'Opéra de Liège rapporte en Wallonie la production de Damiano Michieletto et la direction exemplaire de Michele Mariotti, en plus de programmer une distribution de qualité portée par le Malcolm de Marianna Pizzolato.
Après avoir disparu pendant plus d'un siècle, les opéras dit sérieux de Rossini retrouvent aux yeux des artistes et du public un regain d'intérêt, et si certaines salles italiennes attendent encore une production récente de La Donna Del Lago, l'Opéra Royal de Wallonie se permet déjà sa deuxième mise en scène du début de millénaire, la dernière en date créée en 2003.
Cette saison, la salle liégeoise coproductrice avec le célèbre Festival de Pesaro reprend la mise en scène de Damiano Michieletto, dont l'efficacité réside plus dans la beauté des images du magnifique décor de Paolo Fantin et les lumières de brume d'Alessandro Carletti que dans la pertinence d'un propos déjà vu auparavant dans d'autres opéras et pièces de théâtre. Plutôt que de chercher l'irréel de la Dame du Lac de Walter Scott et sans vouloir non plus trop facilement tomber dans un récit littéral, Michieletto utilise deux vieillards dans leur chambre pendant la courte Sinfonia d'introduction, et les rend omniprésents pendant toute l'œuvre.
Il y aura donc bien joyeux final entre Elena et son amant Malcolm, après que le roi Giacomo V aura décidé d'abandonner à son second rival (il vient de tuer l'autre, Rodrigo) sa bien-aimée. Mais ce final rappelle que les contes de fées lorsqu'ils sont racontés jusqu'au bout finissent dans un vieux salon, sur deux vieux fauteuils : l'image de l'amour lorsque l'on quitte le romantisme. On trouve de très beaux moments, justement celui où la vieille Elena actrice tombe à l'eau et s'évanouit un instant dans les eaux du lac alors que le roi annonce que la jeune pourra vivre pleinement son amour avec Malcolm. Le somptueux décor sur scène reste cependant le meilleur élément pour porter le drame ; il représente un manoir quasi abandonné à la nature, où les roseaux du dehors prennent de plus en plus le pas sur la résidence.
À l'orchestre, on retrouve Michele Mariotti abandonné la semaine précédente au Teatro Regio de Turin pour de fantastiques I Lombardi de Verdi. En invitant ce chef, Liège ne propose rien moins que celui en fosse à Pesaro, également au Met avec Flórez, DiDonato et Barcellona. Évidemment, l'orchestre wallon n'offre pas les mêmes audaces que l'énorme machine new-yorkaise, quoique la harpe mérite vraiment d'être citée pour la clarté de ses interventions au second acte. Et, dynamisé par cette baguette en plus de se montrer véritablement souple et toujours juste, l'ensemble belge rend justice à la partition rossinienne, tout comme le chœur, particulièrement intéressant dans la ferveur des soldats des Highlands à la fin du premier acte.
Dans la distribution réapparaît une partie de l'équipe qui a enregistré l'ouvrage pour Naxos avec le regretté Alberto Zedda, à commencer par l'excellent Malcolm de Marianna Pizzolato, à laquelle il ne manquerait à la précision et à la tenue de la ligne de chant dès la cabalette introductive qu'un peu plus de ferveur pour décupler son rôle. Également présent dans l'enregistrement précité, Maxim Mironov tient la partie de Giacomo V (Uberto). Son chant ne montre pas plus d'excès de bravoure ce soir, mais il est juste et très bien projeté dans le médium, seul l'aigu trouvant parfois quelques limites, même s'il reste plus précis que celui du Rodrigo de Sergey Romanovsky. Le chef des Highlanders possède plus de coffre et lance plus loin en même temps qu'il utilise mieux le bas-médium, on regrette alors seulement que sa cavatine de la Scène III souffre à deux instants dans les plus hautes parties du spectre.
Pour ses quelques apparitions, Stefan Cifolelli présente le même timbre plein pour Serano que pour Beltram, quand Julie Bailly offre un jolie brin de voix à Albina pour répondre à un Malcolm inquiet à la Scène II de l'acte II. Simón Orfila offre de beaux graves à Douglas, le père d'Elena, ce soir tenue par Salome Jicia. Habituée du Festival de Pesaro et déjà dans la production en 2016, celle qui chantera bientôt Fiordiligi sur la scène de Covent Garden, tient le rôle principal sans excès de flamboyance, mais avec une belle ardeur dès son apparition jusqu'à sa dernière scène, en plus de ressortir par ses aigus brillants lors du dernier ensemble.
Crédits photographiques : © Opéra Royal de Wallonie-Liège
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Liège. Opéra Royal de Wallonie. 10-V-2018. Gioachino Rossini (1792-1868) : La Donna del Lago, opera seria en deux actes sur un livret d’Andrea Leone Tottola d’après le poème de Walter Scott The Lady of the Lake. Mise en scène : Damiano Michieletto. Décors : Paolo Fantin. Costumes : Klaus Bruns. Lumières : Alessandro Carletti. Avec : Salome Jicia, Elena ; Marianna Pizzolato, Malcolm ; Maxim Mironov, Giacomo V ; Sergey Romanovsky, Rodrigo ; Simón Orfila, Douglas ; Stefan Cifolelli, Serano & Bertram ; Julie Bailly, Albina ; Giusi Merli, Elena âgée ; Alessandro Baldinotti, Malcolm âgé. Chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège (Chef des Chœurs : Pierre Iodice). Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, direction musicale : Michele Mariotti