À Agen, Jean-François Gardeil imagine une suite à La Flûte Enchantée
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Agen. Théâtre Ducourneau. 27-IV-2018. Sarastropark ou la Flûte Enchantée, saisons II et III, parodie lyrique imaginée et mise en scène par Jean-François Gardeil. Costumes : Madeleine Nicollas. Compagnie des Chants de Garonne avec Camille Souquère, Marine Boustie, Magot Fillol, Margaux Prigent-Jaubert, Katharina Semmelbeeck, sopranos ; Eugénie Berrocq, Élise Navarro, Faustine de Tarnac, mezzo-soprano ; Paul Cremazy, ténor ; Martin Queval, Florian Marignol, Timothée Bougon, Jean-François Gardeil, barytons. Fabien Prou, piano
Après avoir porté plusieurs fois à la scène La Flûte Enchantée de Mozart, Jean-François Gardeil s'est amusé à en imaginer une suite assez décoiffante à la façon de saisons II et III des séries télévisées actuelles.
Il ne pouvait trouver meilleur outil pour cela que sa compagnie des Chants de Garonne, créée en 1991, qui s'attache à offrir à de jeunes chanteurs la possibilité de se produire en public dans des ouvrages de répertoire ou des créations lyriques, quand les salles conventionnées ne les accueillent pas forcément. Le titre énigmatique Sarastropark n'a pas attiré le public agenais en nombre à la création, lequel s'est privé d'un spectacle d'un ravissement d'inventivité, de drôlerie, de mise en perspective et de beau chant avec de jeunes artistes de grand talent à découvrir d'urgence, tant pour leurs qualités de chant, d'acteur que chorégraphiques. Dans ce louable objectif d'insertion professionnelle, ce spectacle était à l'origine une commande du Conservatoire à rayonnement régional de Toulouse que la verve imaginative de Jean-François Gardeil a développé en une joyeuse et irrésistible parodie lyrique autour de La Flûte Enchantée.
La première partie où l'on résume l'action et les principaux airs du chef-d'œuvre mozartien est d'une fine pédagogie pour découvrir l'ouvrage, tandis que la suite se présente sous la forme de saisons II et III de séries télévisées de façon nécessairement loufoque et déjantée. Car le facétieux metteur en scène projette l'action dans le futur avec les lointains descendants des protagonistes de La Flûte Enchantée. C'est ainsi que son esprit tente de survivre à un parc d'attraction thématique avec toutes les horreurs du marketing et du merchandising contemporains jusqu'à un krach boursier, alors que ses propriétaires s'apprêtaient à racheter le Puy du Fou…
La musique de Mozart supporte fort bien un nouveau texte en français, selon un réjouissant travail de prosodie parodiant des airs de La Flûte Enchantée, des Noces de Figaro et de Cosi fan Tutte. D'une belle théâtralité, d'une fine efficacité scénique, la scène du krach est désopilante, sur le génial final du deuxième acte des Noces de Figaro. Du trio au septet, deux clans s'affrontent au sujet des juteux bénéfices de parc d'attraction et une vente frauduleuse aux Chinois sur fonds de dégringolade boursière causée par un krach financier dévastateur. La saison III présente un épilogue très actuel où les descendants des précédents se retrouvent SDF, clochards, voire migrants. Mais la Flûte est toujours présente et son esprit génère perpétuellement espérance et générosité.
Il vaut mieux connaître un peu son Wolfgang pour s'y retrouver dans les saisons II et III, mais cela fonctionne parfaitement. Le rire et l'émotion sont au rendez-vous de cette fantaisie lyrique servant la musique de Mozart de façon originale.
Mozart, qui avait conçu La Flûte Enchantée pour un théâtre populaire des faubourgs de Vienne, n'aurait sans doute pas renié cette adaptation moderne pleine de verve, de fantaisie et de beau chant. Il est à espérer que ce spectacle puisse être repris en tournée.
Crédits photographiques : © Alain Huc de Vaubert
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Agen. Théâtre Ducourneau. 27-IV-2018. Sarastropark ou la Flûte Enchantée, saisons II et III, parodie lyrique imaginée et mise en scène par Jean-François Gardeil. Costumes : Madeleine Nicollas. Compagnie des Chants de Garonne avec Camille Souquère, Marine Boustie, Magot Fillol, Margaux Prigent-Jaubert, Katharina Semmelbeeck, sopranos ; Eugénie Berrocq, Élise Navarro, Faustine de Tarnac, mezzo-soprano ; Paul Cremazy, ténor ; Martin Queval, Florian Marignol, Timothée Bougon, Jean-François Gardeil, barytons. Fabien Prou, piano