Plus de détails
Lyon. Chapelle de la Trinité. 5-IV-2018 : Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Dixit Dominus HWV 232. Antonio Vivaldi (1678-1741) : Gloria. Cor de Cambra del Palau de la Música Catalana, Ensemble Matheus, direction : Jean-Christophe Spinosi
Quand Haendel compose en Italie, Jean-Christophe Spinosi est inspiré par… la Catalogne, pour ce concert à la Chapelle de la Trinité de Lyon.
Georg Friedrich Haendel fit ses premières armes professionnelles à Hambourg. En 1703, il occupait un poste de violon à l'opéra, mais sa soif d'apprendre et sa curiosité musicale le conduisirent à faire plusieurs voyages en Italie. C'est à Rome, en 1707 (il avait alors 22 ans), qu'il composa son Dixit Dominus. Pas d'instruments à vent, pas de timbales : la magnificence est confiée au chœur. Jean-Christophe Spinosi s'est associé à une formation que l'on n'entend pas souvent en concert en France : le Cor de Cambra del Palau de la Música Catalana. Et son choix s'est révélé judicieux. Puissance, précision, musicalité, tout ce qu'il fallait pour illuminer deux œuvres phares du répertoire baroque : le Dixit Dominus de Haendel et le Gloria de Vivaldi.
L'orchestre attaque en douceur cette œuvre de jeunesse haendélienne et, déjà, l'équilibre des pupitres du chœur est notable, malgré un effectif important. Émilie Rose Bry est très à l'aise dans le Tecum principium. Une belle présence vocale avec des aigus maîtrisés. Le Juravit Dominus met en valeur le chœur : puissance, articulation et proximité du texte auxquelles s'ajoutent les nuances proposées par Jean-Christophe Spinosi. Dans le Dominus a dextris tuis, la disposition des solistes, en retrait derrière les instrumentistes, n'est pas favorable à une bonne écoute de leurs parties. Dommage. Arrive le plus beau moment de cette première partie du concert : le De torrente. Le dialogue entre les deux sopranos, Émilie Rose Bry et Zoe Nicolaidou, est tout de douceur, bien accompagné par les violons avec une délicatesse remarquable. Le voile tissé par les hommes du chœur est magnifique. Le Gloria Patri et Filio final est mené sans autoritarisme, avec ce chœur dont le public lyonnais découvre la qualité musicale.
Voici ensuite l'œuvre que chaque spectateur connaît et aime entendre : le Gloria de Vivaldi. Qui plus est, le compositeur vénitien est « le » préféré de l'Ensemble Matheus et de son chef. Celui-ci, après avoir présenté sa vision de cette œuvre, conclut même le concert avec une interprétation surprenante qu'il donne en bis.
Le début est normal, mais nuancé. Et in terra pax est chanté avec tristesse. La Paix dans le monde d'aujourd'hui, c'est loin… Dans le Laudamus te, on retrouve le duo de soprani aux timbres voisins, toujours aussi séduisant. Le chœur sait trouver des nuances dans le Gratias agimus. Le son du hautbois de Daniel Bates se fait remarquer dans le Propter magnam gloriam en compagnie du violoncelle et d'Émilie Rose Bry. David DQ Lee est une déception : manque de puissance, ornements mal maîtrisés… Fatigue passagère ? Le chœur final est emmené au galop par Jean-Christophe Spinosi, jusqu'au bis, une version « gospel » de l'œuvre, pour laquelle le public est invité à taper dans ses mains. Une bonne partie de l'assistance suit l'invitation du chef, entraînée par les choristes catalans. Une façon de faire participer les spectateurs à ce concert au programme très apprécié, et très demandé, donc trop vite complet.
Crédit photographique : Jean-Christophe Spinosi © Edouard Brane
Plus de détails
Lyon. Chapelle de la Trinité. 5-IV-2018 : Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Dixit Dominus HWV 232. Antonio Vivaldi (1678-1741) : Gloria. Cor de Cambra del Palau de la Música Catalana, Ensemble Matheus, direction : Jean-Christophe Spinosi