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Palladia Tolosa, splendeurs musicales de la Renaissance toulousaine

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Toulouse. Musée des Augustins. 10-IV-2018. Œuvres de Guillaume Boni (15?-15?), Antoine de Bertrand (1540-1581), Girolamo Cavazzoni (1525?-157?), Claudio Merulo (1533-1604). Les Sacqueboutiers, ensemble de cuivres anciens de Toulouse. Classe de chant du CRR de Toulouse. Chœur de l’université Jean Jaurès. Direction : Claire Suhubiette

sacqueboutiers de Toulouse, accompagnés par de jeunes musiciens et chanteurs issus du Conservatoire et de l'Université, font résonner sous les voûtes gothiques de l'église-musée des Augustins les plus belles musiques écrites par des compositeurs qui ont fait les riches heures de la Ville Rose au XVIe siècle.

La nef des Augustins accueille jusqu'en septembre 2018 une remarquable exposition sur la Renaissance à Toulouse. Au cours du XVIe siècle, la ville a connu un essor économique sans précédent grâce au commerce du pastel. Cette période faste a suscité un élan artistique particulièrement fécond et fait de Toulouse un foyer de l'Humanisme, placé sous les auspices de la déesse Pallas, d'où le titre de Palladia Tolosa. La musique tenait une place de choix dans cette effervescence des arts. Le répertoire choisi pour illustrer ce souvenir fait référence à la richesse de la vie musicale toulousaine à cette époque et met à l'honneur son plus brillant représentant : , qui fut maître des enfants à la cathédrale Saint-Étienne. Ses motets à 6 témoignent de sa parfaite connaissance du contrepoint. Les pièces vocales, alternativement chantées en grand effectif par le chœur ou par un petit chœur de solistes, sont ponctuées par des interventions du grand orgue qui donnent à entendre des pièces de Cavazzoni et Merulo, dont on sait que l'organiste du couvent des Augustins à l'époque possédait les partitions.

En début de programme, l'entrée des musiciens en procession scandant l'acclamation liturgique Carolus regnat, précédée d'une batterie de tambour, crée un effet saisissant qui ne se démentira pas tout au long de cet extraordinaire concert, durant lequel ces musiques somptueuses et trop méconnues s'enchaînent parfaitement. Sous la direction précise de , les jeunes chanteurs du chœur de l'Université Jean Jaurès font preuve d'une admirable maîtrise vocale. Cornets, sacqueboutes, chalemie et doulciane, joués colla parte, viennent colorer le texte chanté et nous transporter au cœur de la Renaissance. Quant aux six solistes vocaux, issus des classes de chant du Conservatoire et renforcés par le soutien de l'excellent contre-ténor , ils témoignent d'une belle maturité artistique. La déclamation est particulièrement soignée dans les quatrains spirituels de Guy de Pibrac, mis en musique par sous forme de madrigaux. L'hymne Ave maris stella d' permet d'entendre l'alternance avec les versets de Cavazzoni joués au grand orgue. Cette musique à l'écriture ciselée est servie par la belle éloquence de , habituelle continuiste des Sacqueboutiers, que l'on aimerait entendre plus souvent seule à l'orgue. Autre moment fort de cet admirable programme : l'hymne à saint Augustin, tiré d'un manuscrit anonyme copié au XVIe siècle par un moine du couvent toulousain, qui résonne ainsi en grand effectif dans les lieux mêmes où il a été entendu cinq siècles plus tôt.

, réunissant pour l'occasion professeurs et élèves du Pôle des Arts Baroques, font également entendre, avec leur verve coutumière, deux pièces instrumentales : une danse anonyme intitulée la Gasquona et une Pavane du Manuscrit Philidor qui fut jouée pour l'entrée de Charles IX et Catherine de Medicis à Toulouse en 1565. Enfin, pour clôturer le concert, l'extraordinaire motet Quaesumus omnipotens Deus à 12 de termine ce programme en apothéose. L'effet de spatialisation entre le petit chœur et les instruments en tribune d'une part, et le grand chœur dans la nef d'autre part, n'est pas sans rappeler un récent enregistrement des Sacqueboutiers consacré aux canzones de Gabrieli et intitulé Venise sur Garonne. Ce soir-là, aux Augustins de Toulouse, on peut parler de  « Splendeurs sur Garonne ».

Crédit photographique : © Cécile Glaenzer

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Toulouse. Musée des Augustins. 10-IV-2018. Œuvres de Guillaume Boni (15?-15?), Antoine de Bertrand (1540-1581), Girolamo Cavazzoni (1525?-157?), Claudio Merulo (1533-1604). Les Sacqueboutiers, ensemble de cuivres anciens de Toulouse. Classe de chant du CRR de Toulouse. Chœur de l’université Jean Jaurès. Direction : Claire Suhubiette

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