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Stuttgart. Opernhaus. 31-III-2018. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Don Pasquale, opéra en trois actes sur un livret de Giovanni Ruffini et Angelo Anelli. Mise en scène : Jossi Wieler et Sergio Morabito ; décor : Jens Kilian ; costumes : Teresa Vergho. Avec : Enzo Capuano, Don Pasquale ; André Morsch, Dottore Malatesta ; Ioan Hotea, Ernesto ; Ana Durlovski, Norina ; Marko Špehar, Carlotto. Orchestre national de Stuttgart ; direction : Giuliano Carella
La soirée est un peu longue, avec un chef trop timoré et une distribution un peu effacée – à une glorieuse exception près.
Il y a des répertoires qui suscitent moins que d'autres la créativité des metteurs en scène, et on peut comprendre que Don Pasquale, avec son action un peu lymphatique, ses personnages réduits à des types et ses situations triviales en fasse partie. À l'Opéra de Stuttgart, cependant, c'est le directeur lui-même qui s'en réserve la mise en scène, et cela ne peut que susciter la curiosité. Jossi Wieler et son acolyte Sergio Morabito entendent situer l'œuvre dans un cadre contemporain (un habile enchevêtrement de trois parois semi-circulaires concentriques) et ne pas réduire l'histoire à une comédie de boulevard : ils prennent au sérieux les tourments de Don Pasquale, dynamique vieillard qui comprend un peu tard que la vie lui est passée à côté. Au moment précis où la fausse Sofronia révèle sa nature diabolique, ils font entrer en scène la demi-douzaine d'enfants qu'il rêvait d'avoir ; et quand Ernesto et Norina s'ébattent au jardin, il contemple sous la forme d'un dessin animé cette vie d'amour qu'il a bien eu tort de ne pas vivre quand il en était encore temps. C'est très beau, très sensible, les metteurs en scène travaillent avec toute l'intelligence et toute la précision dont ils sont capables, mais cela ne suffit pas vraiment à remplir les deux heures de temps que Donizetti consacre à cette toute petite histoire.
Et ce d'autant que la réalisation musicale n'est pas au même niveau. C'est d'abord la faute de Giuliano Carella, qui prive la partition de sa vivacité et de son élégance mozartienne, en privilégiant une sorte de neutralité qui frise l'indifférence. Mais la distribution n'est elle-même pas exempte de reproche. Dans le rôle titre, Enzo Capuano a l'élégance froide du vieux monsieur sérieux que la mise en scène demande, mais il manque de présence vocale, de chaleur dans la voix, et à force d'éviter les effets comiques faciles on finit par regretter que le personnage en devienne presque transparent. C'est un peu le cas aussi du Dottore Malatesta d'André Morsch, élégamment chanté mais sans contours ; en Norina, Ana Durlovski résiste plus vaillamment à la morosité ambiante, sans beaucoup plus de sens du comique, mais avec une vraie personnalité – le timbre de sa voix, lui, est affaire de goût.
Dans cet opéra, cependant, comme dans tous ceux de ce répertoire, il faut aussi un ténor, et les chanteurs capables de briller dans ce répertoire sont la perle rare que même les plus grandes maisons ont souvent du mal à trouver. Ce soir, il s'appelle Ioan Hotea, qui nous est recommandé par sa victoire au concours Operalia en 2015. On peut toujours critiquer les concours internationaux : ce lauréat-là, avec sa voix solaire, solide et agile, capable d'alterner l'ombre et la lumière, éloquent et sensible, les justifie par l'exemple. Avec un aussi jeune chanteur, il faut naturellement espérer qu'il saura mener sa carrière avec toute l'intelligence nécessaire : il a en tout cas les moyens d'arriver aux plus hauts sommets.
Crédit photographique : © Martin Sigmund
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Stuttgart. Opernhaus. 31-III-2018. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Don Pasquale, opéra en trois actes sur un livret de Giovanni Ruffini et Angelo Anelli. Mise en scène : Jossi Wieler et Sergio Morabito ; décor : Jens Kilian ; costumes : Teresa Vergho. Avec : Enzo Capuano, Don Pasquale ; André Morsch, Dottore Malatesta ; Ioan Hotea, Ernesto ; Ana Durlovski, Norina ; Marko Špehar, Carlotto. Orchestre national de Stuttgart ; direction : Giuliano Carella