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Airs amoureux et danses endiablées avec les Musiciens de Saint-Julien

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Paris. Musée de Cluny. 28-II-2018. Chansons et pièces instrumentales d’anonymes, Baude Cordier (actif vers 1400), Solage (actif 1370-1390), Johannes Ciconia (ca. 1335-1412), Matheus de Perusio (actif 1400-1416, mort en 1418 ?), Adam de La Halle (vers 1240 ?- vers 1288 ?). Les Musiciens de Saint-Julien : Marie Bournisien, harpe ; Simone Sorini, ténor, guitare ; Enea Sorini, baryton, tympanon, percussions ; Marc Busnel, basse ; Nicolas Sansarlat, vièle à archet, rebec, bombarde à clef, chalemie ; François Lazarevitch, direction, flûtes et cornemuses.

musiciens de saint julienChercheurs et découvreurs infatigables de répertoires méconnus des temps anciens, Les donnent un concert au Musée de Cluny à Paris, intitulé « Je voy le bon tens venir », rassemblant des polyphonies et des danses autour de 1400.

L'histoire de Robin et Marion, connue grâce à l'œuvre d', n'est pas l'apanage de ce compositeur mais un thème général dans lequel un choc culturel entre différentes catégories sociales est traité de façon comique. Il s'agit d'un cadre de base, dont la création est attribuée au poète gascon Marcabru, l'un des premiers troubadours influents et actif entre 1130 et 1150. Avec un ensemble de personnages appelé « pastorela » ou « pastourelle » (petite bergère), ce cadre, « rare exutoire non courtois pour les poètes profanes », offrait des occasions aux troubadours, puis aux trouvères et aux compositeurs de l'Ars antiqua, de libérer « les élans poétiques comiques, grivois et même, par moments, obscènes ». Le Jeu d', écrit avant 1285, se situait à l'apogée de cette tradition avec de la musique qui « aimait les allusions et les ambiguïtés », et qui, au cours des XIVe et XVe siècles, s'associa à d'autres thèmes littéraires et « se fondirent sous le titre Contes de Robin des bois ». Le fait est qu'aucun des livres d'histoire de la musique, malgré la citation systématique du titre de ce « jeu », n'apprend tout cela au lecteur et il faut un concert comme l'offrent Les pour sentir et saisir plus ou moins concrètement ce que cela représente !

Les pièces jouées dans ce concert vont jusqu'aux premières décennies du XVe siècle — motets, danses, virelais, ballades, rondeaux, canons… appartenant à des manuscrits originaires du Nord de l'Italie, de Berne, de Prague et de Cambrai et se tournant vers des sujets saisonniers comme le Nouvel An ou le Premier-Mai. Les six musiciens polyvalents, souvent à la fois chanteurs et joueurs de plusieurs instruments (exceptée la harpiste), font revivre l'atmosphère souvent joyeuse et festive, parfois recueillie. Les dialogues entre différents « personnages » dans le motet Je commence / Et je feray / Soules viex, ou plusieurs textes chantés à la fois comme dans Donne moy de pain / Alons commenchier / j'oÿ les cles et Tres douche / Reconforte toy donnent un petit aperçu de l'extraordinaire richesse et du dynamisme créatif de leurs auteurs. Dans ces textes, certaines parties ont été reconstituées par Yvon Guilcher, dont nous saluons avec admiration les laborieux travaux. La passion que témoigne depuis des décennies pour ce répertoire traverse la musique qu'il crée, avec ses cornemuses et flûtes, en dirigeant son ensemble tonique et enjoué. Cette passion se transmet à ceux qui l'écoutent, en faisant revivre la vigueur et la force des gens qui ont vécu en ces temps anciens, et permet de changer nos a priori sur le Moyen Âge qui était en réalité une période extrêmement dynamique.

* Toutes les citations sont issues de la note de programme rédigée par Uri Smilansky.

Crédit photographique : Musiciens De Saint Julien © Jean Baptiste Millot

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Paris. Musée de Cluny. 28-II-2018. Chansons et pièces instrumentales d’anonymes, Baude Cordier (actif vers 1400), Solage (actif 1370-1390), Johannes Ciconia (ca. 1335-1412), Matheus de Perusio (actif 1400-1416, mort en 1418 ?), Adam de La Halle (vers 1240 ?- vers 1288 ?). Les Musiciens de Saint-Julien : Marie Bournisien, harpe ; Simone Sorini, ténor, guitare ; Enea Sorini, baryton, tympanon, percussions ; Marc Busnel, basse ; Nicolas Sansarlat, vièle à archet, rebec, bombarde à clef, chalemie ; François Lazarevitch, direction, flûtes et cornemuses.

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